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lieux communs (et autres fadaises)
21 avril 2015

ce qui restera de nous

UNE BELLE FIN
d'Uberto Pasolini

Un clin d'oeil, en titre, au court-métrage de Vincent Macaigne, qui m'avait plutôt exaspéré mais dont le titre convient parfaitement à ce film-ci, même s'il ne lui ressemble absolument pas. Autant le premier tonitruait, provoquait, à-bras-le-corpsait, épate-bourgeoiseait, autant celui-ci reste calme, mesuré, ouaté, so british. Serein en apparence mais bon... Presque trop, presque.
Porté par un acteur central, Eddie Marsan (que les critiques découvrent et sur lequel ils s'exxxxxxtasient), vu dans pas mal de films et séries, souvent au deuxième rang, au second plan, qui joue ici John May, un homme dont le métier consiste à retrouver les éventuelles relations (familiales, sociales, amoureuses, amicales) de gens qui sont morts seuls, et à l'enterrement desquels il assiste, seul lui aussi. Ces gens qui sont morts seuls, ont été enterrés seuls, sont veillés avec entêtement ("Je fais mon travail", dit-il) et affection par cet homme à l'existence réglée, millimétrée, et aux manies, millimétrées elles aussi, de "vieux garçon".
Eddie Marsan compose un personnage en retrait, presque en creux tellement il s'est effacé derrière ce "job" qui est devenu toute sa vie, qui lui sert de famille, de souvenirs, de substitut relationnel, d'existence par procuration. Bien morne(et pâlichonne) existence, d'ailleurs (il faudra attendre longtemps, dans le film, pour voir son visage s'éclairer d'un sourire...)
Il y a tous ces morts que tout le monde a oubliés, et qui attendent patiemment, chacun dans son urne, que Mr May puisse clore leur dossier, et accomplisse la dispersion de leurs cendres. Chacun d'eux a laissé au moins une trace, une photo que John May colle méticuleusement dans un énorme album-photo où chacun d'entre eux, au fil des ans, aura finalement trouvé sa place. et échappé un peu à l'oubli.
Un film très british et donc plutôt mélancolique (il y a pour moi une incontestable nuance de mélancolie dans la britannicité, qui n'apparaît pas toujours au premier coup d'oeil mais finit presque  toujours par affleurer, et je repense souvent à ce splendide Never let me go, de Mark Romanek, qui constitue sans doute pour moi le mètre-étalon de la britannique mélancolie), ce que souligne encore plus la jolie musique au piano qui l'accompagne (qui le nimbe).
J'avoue que je ne connaissais que le pitch du film, et que, d'après le qu'en-dira-t-on critical, je m'attendais plutôt à voir une comédie sociale et rigolarde à l'anglaise : fish and chips, cups of tea, beuveries au pub and so on. Eh bien pas vraiment (voire même pas du tout). Une grosse partie du film va concerner un cas précis (et un peu particulier) de "mort tout seul", et le travail méthodique de John May pour tenter de reconstituer son existence (et, du coup, les rencontres occasionnées par la recherche de "liens" vieux d'une vingtaine d'années, rencontres dont certaines d'ailleurs pourraient bien bousculer certaine(s) existence(s), de part et d'autre si le hasard...)  Comment la mort de quelqu'un peut "contaminer" l'existence de quelqu'un d'autre qui ne le connaissait même pas (ou presque). Eddie Marsan est de tous les plans ou presque, et c'est bien. Juste.
Le générique final m'a cueilli avec les larmes aux yeux (les scènes finales sont magnifiques...) Non, vraiment, tout ça n'est pas excessivement drôle. Et je n'ai pu m'empêcher de me poser la question : Et pour moi, comment ça sera ?

402409

Commentaires
H
Si on est encore là?!?§
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H
T'affoles pas mon grand! On sera là
Répondre
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