Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
lieux communs (et autres fadaises)
30 avril 2015

rohmervaudage

CAPRICE
d'Emmanuel Mouret

Dans le bôô cinéma, on a déjà programmé pratiquement tous ses films, sauf, bizarrement, l'avant-dernier* (avec JoeyStarr, où il avait pris un ton plus grave), mais, Mouret, c'est comme ça qu'on l'aime, en éternel grand benêt maladroit, aussi emprunté dans ses gestes qu'embrouillé dans ses sentiments. Et des jolies filles dans chacun de ses films.  Virginie Efira et Anaïs Demoustier dans celui-ci , mais, auparavant, Judith Godrèche, Virginie Ledoyen, Frédérique Bel, Déborah François, Julie Gayet ont eu avec lui des histoires d'amour. L'amour chez Mouret n'est pas très loin de celui de chez Perceval le Gallois, par exemple. Les mots "carte du tendre", "amour courtois", "horriblement compliqué" sont tout à fait de mise. On pourrait même rajouter au cocktail un zeste de Roro Barthes pour le faire un peu plus effervescer. Comment théoriser la pratique (et donc pratiquer la théorie). Non, rien n'est jamais simple dans les histoires d'amour d'Emmanuel M. Pourrait presque l'être, mais ce serait trop facile. Et ce qui pourrait être facile le dédevient, automatiquement. Parce qu'on "pense"...
Ce qu'on aime, en tant que spectateur, c'est guetter l'apparition du grain de sable qui va immanquablement venir enrayer la machine, et, surtout, de quelle façon il va le faire. Et quelquefois c'est encore un peu plus compliqué, il y a deux grains de sable, et on hésite, on tergiverse, on suppute, lequel serait donc le plus apte à bousiller le mieux  le processus, chacun de son côté, à moins que les deux... Comme il y a une mécanique du rire, une mécanique des femmes, il y a une mécanique des films de Mouret.
Une cérébralité certaine, qui s'appuie sur des dialogues très précisément écrits, presque précieux (de précis à précieux il n'y a qu'un eux d'écart). Il y a relation amoureuse, certes, mais il y a surtout un questionnement (mille questionnements) à propos du processus en question, qu'on se pose à soi-même, qu'on pose à l'autre, et aux autres aussi. Et chacun de mettre son grain de sel (ou de sable). Un comique de geste, aussi, un comique de maladresse et de gaffe (entre Tati et Pierre Richard), et, encore plus léger, un comique galant de l'incertitude, de l'entre deux, du oui ou non...
Comme si on essayait de résumer l'amour par une formule mathématique, ou une recette de cuisine. Quels ingrédients, dans quelles proportions, quelles actions, dans quel ordre... On ne sait jamais, on n'est jamais sûr, alors on joue à "et si..." (ça pourrait être tout aussi bien le jeu du petit chimiste).
Là, Mouret est divorcé, son ex-femme est très gentille parce qu'ell est partie avec son meilleur ami et donc qu'elle culpabilise. Le voilà qui rencontre une actrice de théâtre qu'il idolâtre (Virginie Efira, blondissime, avec des chaussures dorées sublimes -tiens, voilà que je vire Bunuel...-) et se met en ménage avec elle. Bonheur total, nirvana, plénitude, sauf qu'une rousse piquante (Anaïs Demoustier) lui tourne obstinément autour, autour de son jeune couple, de son bonheur tout neuf, de sa fidélité consciencieuse... Ah et il y a aussi son directeur (Laurent Stocker)- j'ai oublié de dire qu'Emmanuel M était instit'- que sa femme vient d'abandonner et qui aimerait bien en retrouver une autre...
Les quatre danseurs sont en place pour le quadrille, et, bien sûr, la musique commence...  "Faites la révérence, tournez, échangez vos cavalières..." (je ne raconterai rien de plus) Zabetta a dit qu'elle s'y était un peu ennuyée, moi, non non, rien que le fait de voir les petites mines d'Emmanuel Mouret me titille les commissures, alors je suis prêt à être plein d'indulgence. J'ai ri, j'ai souri, j'ai même pouffé (pas trop fort, parce que dans la salle, les autres spectatrices -il n'y avait que des femmes!- se cantonnaient dans un silence recueilli. (étaient-elles, elles aussi, amoureuses d'Emmanuel M. ?)
Il me semble qu'il y a, sur tout cet apparemment volatil marivaudage, un petit quelque chose de moins souriant, un léger voile d'amertume (ou d'aigre-douceur) qui n'existait pas forcément dans les oeuvres précédentes (mais j'ai pu oublier), et je trouve plutôt plaisante cette voix-off teintée d'un zeste de tristounerie qui ouvre et clôt le film (les paroles s'envolent...).
Oui, plaisant. "Mentir, ça peut être intéressant..."

088838

* (On me fait remarquer (merci Philou) que ce film est passé dans le bôô cinéma, et que c'est même nous (j'ai vérifié) qui l'y avons programmé... Donc ce n'est pas parce que je n'ai pas vu un film qu'il n'a pas été programmé... J'ai eu tort, et je le reconnais publiquement)

29 avril 2015

épouvantable

Ciné-Concert autour du
PROFONDO ROSSO
de Dario Argento
par le Surnatural Orchestra

(Troisième film de la journée, après Shahada et Taxi Téhéran). Là c'était une autre histoire...
Ce spectacle, c'était un des premiers que j'avais cochés sur la catalogue de la saison 14/15. Parce que je connaissais le film (pas mon préféré d'Argento mais bon) et parce que cette mise en musique, avec en plus un acteur et une danseuse, me promettait quelque chose de différent...
D'autant plus qu'il s'agissait d'un big band pour la musique, et que le film avait été remis en perspective avec son contexte politique italien contemporain (1975) : attentats, Brigades Rouges, et assassinat de Pasolini. J'étais très curieux de voir ce que tout ça allait donner. Beaucoup de scolaires dans la salle (signe que le spectacle n'avais pas été hyper-demandé par les abonnés habituels) mais qui se sont plutôt bien tenus : aucun portable allumé, c'est bon signe de l'intérêt qu'ils portaient à la chose). Deux heures plus tard je sortais, plutôt d'excellente humeur (c'était moi le plus content des quatre que nous étions).
Le Surnatural Orchestra a fait sur ce film un sacré boulot. La bande-son en a été ôtée (presque tout le temps), les sous-titres y figurent à peine de temps en temps (lorsque c'est vraiment nécessaire ou significatif), la musique vivante y est presque tout le temps aussi (souvent avec mais aussi quelquefois contre le film), et on a même droit (au moins deux fois si je me souviens bien) à des arrêts sur image (vive le numérique) clic! où on sort carrément du film pour assister (comme le visage alors présent sur l'écran) à ce qui se joue sur la scène (et même dans la salle), en vrai pour de bon. Je ne suis ni grand spécialiste ni amateur éclairé de jazz, mais ça j'aimais plutôt bien. Le spectre musical du groupe est très large, allant du simple bruitage minimaliste (oh ce tic tic tic des baguettes) à la grosse fanfare en passant par tous les cas de figures musicaux ou presque (ah les montées vraiment très angoissantes qui accompagnent certains meurtres, ah la tarentelle joyeuse qui remonte soudain toute la salle...)
Quoi qu'en disent les exégètes, le film n'est pas le "chef-d'oeuvre ultime argentoien" qu'on voudrait nous vendre. Des scènes "fortes", oui (la plupart du temps celles des meurtres) reliées plutôt mollement par un genre de comédie sentimentale tout à fait dispensable. Le Surnatural Orchestra a fait le ménage, et ainsi démontré qu'il y a des scènes entières -et même des loooongues!- dont on pouvait tout à fait se passer (ou auxquelles on pouvait faire dire tout à fait autre chose.)
Si toute la première partie (avec Macha Méril) se goupille plutôt bien, la suite part un peu en salami, les meurtres suivants sont moins... convaincants (celui dans la salle de bains est quand même très longuet), parce que d'un sadisme attentif (l'eau bouillante, les coins de meubles, le camion des éboueurs et son crochet...) trop attentif. Mais il y a aussi le plaisir de revoir David Hemmings, et le discret parfum de Blow-up qu'il apporte (le détail qu'il découvre dans la chambre en grattouillant le plâtre fait -lointainement- référence au détail photographique flou dans le film d'Antonioni...) .
La "maison hantée" est une partie assez intéressante aussi (est-ce que je ne mélangeais pas avec l'angoissant La maison aux fenêtres qui rient ?). Le faux coupable nous est ensuite servi sur un plateau gros comme une maison et le tschack! retournement final n'est pas si retournant que ça... (l'idée en sera reprise dans Vendredi 13, si je ne m'abuse) mais les miroirs sont jolis...
Non, ce qui est vraiment bien, c'est ce que le Surnatural Orchestra a fait du film, travestissant le giallo en discours politique, transmutant le "parfois n'importe quoi" d'Argento en "tout à fait autre chose". Le rapport d'autopsie qui est lu en live pendant la scène complaisamment gore du camion des éboueurs, et fait dans un premier temps ricaner les spectateurs leur cloue soudain le bec quand il s'avère que c'est celui de Pier Paolo Pasolini. Le comédien qui interviendra plusieurs fois au cours du film s'identifie plusieurs fois à lui (et même, aussi, dans une scène émouvante, donne carrément la parole à Dario Argento lui-même, qui expliquait, dans une interview, comment faire du cinéma lui avait littéralement "sauvé la vie"...) La danseuse, petite robe rouge, intervient régulièrement, souvent en bord de scène, dans la salle parfois, dialoguant corporellement avec le film (et intervenant plusieurs fois entre l'image et le spectateur) rajoutant ainsi à la fois une proximité -physique- et une distance -intellectuelle- avec ce qui se joue sur l'écran.
Et, visuellement, la scénographie joue vraiment la carte du Profondo Rosso (le titre original), les musiciens /acteur/danseuse revêtant -au sens strict- l'apparence de certaines "Brigades Rouges"...
Un spectacle qui fut longuement applaudi, et qui le méritait.

profondo04-500x332

27 avril 2015

diffusable

TAXI TEHERAN
de Jafar Panahi

Un grand bonheur de cinéma. (En ces temps de Shaun le mouton, toujours pas vu d'ailleurs, je ne peux que joindre mon humble bêlement d'admiration à la cohorte -oui, plutôt, filons la métaphore, au troupeau- de ceux qui réééésonnent déjà sur l'affiche. ) Un gros, vrai, grand, bonheur de cinéma. Dont je m'approchais pourtant avec toute la prudence requise (je l'ai déjà dit 1000 fois je me méfie des unanimités dingdinguantes) mais là, pile-poil c'était le bon film à la bonne séance.
Dès la première scène, hop, c'est parti, de la jubilation pure et simple : un dispositif simplissime (une voiture, un taxi, avec une caméra qui peut pivoter sur son axe) des personnages (le chauffeur à casquette -Mister Panahi himself, "Jafarounet" pourrait sans doute dire une connaissance ficaïenne-, un passager devant, une passagère derrière), et un dialogue magnifique à propos de vol, de punition, de pendaison. Oui, il n'y a pas d'autres mot : je jubilais.
Et ça a continué, jusqu'à la fin. D'autres passagers vont se succéder, dedans (deux vieilles dames, un motard accidenté et sa femme, un vendeur de dvd piratés, la nièce du réalisateur, un ami perdu de vue) ou dehors (un étudiant en cinéma, un vendeur de cd piratés, un couple de jeunes mariés et leur photographe, un gamin...) Le film ne quittera pas la bagnole, ou ses abords  immédiats (tout ce que peut filmer, dedans ou dehors, la caméra embarquée à son bord). Ou comment, avec trois fois rien (la forme est humble) on peut réussir à parler de tout ou presque, à propos de la société iranienne actuelle : de cinéma (qu'on regarde), de lois, de violence, de vols, de répression, de religion, de superstitions, de règlementations, de cinéma encore (qu'on fait), sans oublier les roses, les poissons rouges, Woody Allen, et les cafés glacés.
Panahi a été l'assistant de Kiarostami (forcément, on pense à Ten, avec le même dispositif, mais qui était nettement moins drôle) et on peut se dire qu'il lui rend ainsi, plus ou moins, hommage, avec malice, contournant pour la troisième fois le "jugement" qui lui a interdit de tourner des films -et de sortir du pays- pendant vingt ans (purée, vingt ans!). Après avoir raconté un film dans son appartement (Ceci n'est pas un film) Il est donc descendu dans la rue (ça il a le droit!) s'est assis dans ce taxi et s'y est donc mis en scène (certains critiques tatillons lui ont reproché cette complaisance), au fil des rues de Téhéran. Et c'est, finalement, la seule chose , dans le film, dont on est sûr qu'elle est vraie : Jafar Panahi conduit un taxi à Téhéran.
Pour le reste...
C'est du vrai ? du faux ? du vrai pour de faux, du faux pour savoir le vrai ? Et bien j'avoue que cette délicieuse incertitude rajoute encore une épaisseur de bonheur au film. Un des passagers  dit à Panahi "Je sais bien que ce sont des acteurs, et que tout ça est scénarisé, hein ?" et Jafar P. répond juste avec un sourire. Ni oui ni non, débrouille-toi avec ça, et ainsi chaque spectateur. Des moments de vie, des instants, des rencontres, des passages.
En plus des événements, du "réel", il est aussi beaucoup question des différentes façon de le figurer, de le conserver (les supports et les outils caméra, téléphone portable, appareil-photo numérique). Donc de le transmettre. Et ces possibilités de représentations deviennent parfois vertigineuses (cette scène magnifique où ce qui se passe à l'extérieur est filmé par la fillette sur son téléphone - on re-voit très bien les choses sur son écran numérique-, qui est elle-même filmée en train de filmer à cet instant par la caméra installée dans la voiture.) Jolie oui très jolie mise en abyme cinématographique, le genre de choses qui me font encore plus jubiler (oui c'est la troisième fois au moins que j'utilise ce mot dans ce post, à dessein).
Et, tout à la fin, Taxi Téhéran rejoint le très fort (et éprouvant) Les manuscrits ne brûlent pas (de Mohammad Rasoulof) : comme lui, il est dépourvu de générique.
Pour cause de courage, d'intelligence,  de finesse, de lucidité, d'énergie, d'humour (toutes ces raisons sans doute considérées comme d'effroyables crimes lèse-mollahs...) Deuxième film de la journée, tout de même (après Shahada le matin) où il est à nouveau question, moins frontalement sans doute,  de religion et d'aveuglement...

546075

un film "ligne claire", ce que suggère finement l'affiche française

Top 10

24 avril 2015

impénétrable

SHAHADA
de Burhan Qurbani

(Ce post aurait pu aussi s'intituler "suppositoire", rapport à une plaisanterie sans doute de mauvais goût mais qui me réjouit depuis tant d'années et se termine par "parce que les voies du Seigneur sont impénétrables", mais qui ne rendait pas justice au film en lui conférant une notion de gaudriole avec laquelle il n'a aucun rapport, fin de l'introduction, ouch!)
Un film de 2010 dont j'avais en vain souhaité la programmation dans le bôô cinéma, et que finalement Marie m'avait offert pour mon anniversaire (dvd qui depuis m'attendait sur l'étagère, et, hier matin, voilà que c'était le moment de la rencontre... (rencontre qui a failli ne pas se faire puisque le lecteur de dvd sur mon ordi pédalait dans la choucroute -pour rester dans la gaudriole- et faisait mine de ne pas vouloir démarrer).
Un réalisateur au nom singulier, pour un film au générique tout aussi original (animé et graphique). Une histoire divisée en chapitres numérotés et titrés -bilinguement-. Trois histoires, plutôt, contrées sur trois personnages : une étudiante, un flic, et un employé aux abattoirs, chacun confronté à un problème précis (un avortement médicamenteux, un amour homosexuel, des retrouvailles problématiques) et ses conséquences (surtout dans les conflits moraux générés par ses rapports avec la religion islamique). Ce n'est pas un film sur la religion, mais, bien plus intéressant, sur les rapports que chacun entretient avec la religion, et surtout avec le Coran  que chacun des personnages appréhende à sa manière (un livre qui parle d'amour, ou qui stipule ce qui est interdit, ou qui évoque l'apocalypse, ou représente le fait d'être musulman), et, surtout sur les excès comportementaux, les aveuglements, - dans un sens comme dans l'autre- auxquels la foi peut conduire (bigotisme, frustration, illumination, souffrance).
Un dispositif choral, que le réalisateur a voulu peut-être trop resserré pour que les histoires soient imbriquées au maximum, ce qui n'était sans doute pas indispensable : la jeune fille croise à l'hôpital une infirmière qui est la femme du policier qui est intervenu aux abattoirs, sous les yeux du jeune homme dont le "copain" est harcelé par un autre jeune homme qui est le père de l'enfant que portait la jeune fille, etc.
Hormis cette réserve, on ne peut qu'être sensible à ce sacré beau portrait d'une communauté turque en Allemagne aujourd'hui, parce que centré sur les mots d'intégration, de tolérance, et de respect (avec, notamment, en plus de ceux déjà cités, un très beau personnage d'imam prêchant la tolérance -c'est le père de la jeune fille-, ce qui n'est pas si fréquent).
Un film très construit, rigoureux, sensible, actuel (il m'a semblé pouvoir y reconnaître quelques-uns des parents d'élèves auxquels j'ai pu avoir affaire en travaillant dans les "quartiers sensibles"), un film (très) injustement sous-estimé lors de sa sortie. (Il fait partie de ces "petits" (par les moyens, pas par leur impact) films qu'on a envie de, qu'on se doit de, défendre. Certains critiques y ont, heureusement, vu "un réalisateur prometteur". peut-être le sujet même du film a pu en rebuter certains. Mais rien de moralisateur dans tout ce qui est dit et montré, et c'est ce qui en fait la force.
Un beau film de nuit, de neige, d'amour (ou de dés-). De regrets souvent. Qui pour chacun des trois, finit comme ça, ni trop bien ni trop mal. Comme dans la vraie vie. Bref, à recommander.

21043719_20130925112935577

23 avril 2015

mingarellirama

HOMMES SANS MERE
d'Hubert Mingarelli

J'ai donc continué ma lecture chronologique des romans d'Hubert Mingarelli. Après l'hiver de La beauté des loutres et son camion de moutons, on change ici complètement de décor. Nous voici dans une Amérique latine (ou centrale ? On sait juste qu'il y a la mer) à peine esquissée, sur les pas de deux marins à la recherche d'un problématique bordel où aller passer la nuit. Homer et Olmann. Ils marchent, et, en marchant, bien sûr, ils parlent. Peu, ce ne sont pas de grands orateurs, comme la majorité des personnages d'Hubert Mingarelli, mais suffisamment pour qu'on puisse apprendre d'eux juste ce qui est nécessaire. (et comme d'habitude, supputer sur les manques, les blancs, et comment remplit ces interstices).
ils vont finir par la trouver, cette maison, et même y passer la nuit, comme ils l'avaient prévu, mais pas forcément de la façon dont justement ils l'avaient prévu. Ensemble, mais séparément. tandis que le premier (Olmann) respecte le "cahier des charges" (bières, filles, etc.) le second (Homer) va faire la connaissance de Maria, une des "filles", et de Pedrico, le gardien muet. Et c'est surtout Homer qu'on va suivre, Olmann étant plutôt en toile de fond. Le roman les accompagnera tout au long de cette nuit, et les abandonnera au petit matin...
J'avoue qu'au départ le sous-sous-texte gay était pour moi assez attirant (deux marins, deux amis, qui dorment l'un au-dessus de l'autre) et m'intéressait davantage que la situation elle-même (pour résumer trivialement : deux marins en bordée vont aux putes). C'est drôle d'avoir choisi deux marins, alors qu'ils sont à terre, et que jamais en mer, nous, lecteurs, on ne les verra (ç'aurait pu être deux soldats, deux ouvriers, ou simplement juste deux potes, mais non, il est bien spécifié qu'ils sont marins : ce qui compte, ce sont les détails, ce qui est évoqué de la vie à bord, esquissé, ces croquis tellement simples qu'ils en deviennent encore plus touchants : la main qui pend de la couchette du dessus, la petite pièce où ils sont tous les deux de quart, et tiens, en écrivant cela, il me semble me souvenir que Mingarelli a été marin, lui aussi, d'où l'impression de justesse de ces fameux détails.)
Même si, au début, j'étais un peu réticent (j'avais vraiment été très touché par La beauté des loutres) et que j'ai commencé à le lire un peu désinvoltement, ces Hommes sans mère ont réussi, progressivement, à m'emmener avec eux, auprès d'eux, entre eux (ces fameux interstices mingarelliens, ce qui n'est pas dit, mais dont ce qu'on en devine -ou imagine- fait tout le prix.). Cette fameuse fraternité virile que j'aime tant dans chacun de ses romans, ces échanges, ces partages, ces hasards, ces éclats, ces blessures et ces pansements. Avec toujours la même économie. et la même lumière.
Oui, Hubert Mingarelli est bien un -grand- écrivain des hommes.

hommes sans mèreMoyenne

(Il faudrait sans doute aussi parler du titre, mais là, comme dirait l'autre, je suis justement assez mal placé pour en parler, ou trop bien, peut-être, justement...)

21 avril 2015

ce qui restera de nous

UNE BELLE FIN
d'Uberto Pasolini

Un clin d'oeil, en titre, au court-métrage de Vincent Macaigne, qui m'avait plutôt exaspéré mais dont le titre convient parfaitement à ce film-ci, même s'il ne lui ressemble absolument pas. Autant le premier tonitruait, provoquait, à-bras-le-corpsait, épate-bourgeoiseait, autant celui-ci reste calme, mesuré, ouaté, so british. Serein en apparence mais bon... Presque trop, presque.
Porté par un acteur central, Eddie Marsan (que les critiques découvrent et sur lequel ils s'exxxxxxtasient), vu dans pas mal de films et séries, souvent au deuxième rang, au second plan, qui joue ici John May, un homme dont le métier consiste à retrouver les éventuelles relations (familiales, sociales, amoureuses, amicales) de gens qui sont morts seuls, et à l'enterrement desquels il assiste, seul lui aussi. Ces gens qui sont morts seuls, ont été enterrés seuls, sont veillés avec entêtement ("Je fais mon travail", dit-il) et affection par cet homme à l'existence réglée, millimétrée, et aux manies, millimétrées elles aussi, de "vieux garçon".
Eddie Marsan compose un personnage en retrait, presque en creux tellement il s'est effacé derrière ce "job" qui est devenu toute sa vie, qui lui sert de famille, de souvenirs, de substitut relationnel, d'existence par procuration. Bien morne(et pâlichonne) existence, d'ailleurs (il faudra attendre longtemps, dans le film, pour voir son visage s'éclairer d'un sourire...)
Il y a tous ces morts que tout le monde a oubliés, et qui attendent patiemment, chacun dans son urne, que Mr May puisse clore leur dossier, et accomplisse la dispersion de leurs cendres. Chacun d'eux a laissé au moins une trace, une photo que John May colle méticuleusement dans un énorme album-photo où chacun d'entre eux, au fil des ans, aura finalement trouvé sa place. et échappé un peu à l'oubli.
Un film très british et donc plutôt mélancolique (il y a pour moi une incontestable nuance de mélancolie dans la britannicité, qui n'apparaît pas toujours au premier coup d'oeil mais finit presque  toujours par affleurer, et je repense souvent à ce splendide Never let me go, de Mark Romanek, qui constitue sans doute pour moi le mètre-étalon de la britannique mélancolie), ce que souligne encore plus la jolie musique au piano qui l'accompagne (qui le nimbe).
J'avoue que je ne connaissais que le pitch du film, et que, d'après le qu'en-dira-t-on critical, je m'attendais plutôt à voir une comédie sociale et rigolarde à l'anglaise : fish and chips, cups of tea, beuveries au pub and so on. Eh bien pas vraiment (voire même pas du tout). Une grosse partie du film va concerner un cas précis (et un peu particulier) de "mort tout seul", et le travail méthodique de John May pour tenter de reconstituer son existence (et, du coup, les rencontres occasionnées par la recherche de "liens" vieux d'une vingtaine d'années, rencontres dont certaines d'ailleurs pourraient bien bousculer certaine(s) existence(s), de part et d'autre si le hasard...)  Comment la mort de quelqu'un peut "contaminer" l'existence de quelqu'un d'autre qui ne le connaissait même pas (ou presque). Eddie Marsan est de tous les plans ou presque, et c'est bien. Juste.
Le générique final m'a cueilli avec les larmes aux yeux (les scènes finales sont magnifiques...) Non, vraiment, tout ça n'est pas excessivement drôle. Et je n'ai pu m'empêcher de me poser la question : Et pour moi, comment ça sera ?

402409

18 avril 2015

micro142

*

ce papier que j'ai cherché en vain toute la journée
et qui réapparaît miraculeusement, le soir, sur mon bureau

*

ce que j'écris ici intéresse en moyenne 11 personnes
(c'est peu, mais c'est tout de même suffisant)

*

 jusqu'à quelle heure, le matin,
peut-on -raisonnablement- se recoucher ?

*

(phrases que je ne comprend pas immédiatement) :
La dépression n'est par un facteur de risque de criminalité.

*

 les premiers vrais beaux jours
me mettent dans un état inimaginable
(et indescriptible)

*

 des abeilles entrent dans ma cuisine je ne sais pas par où

*

on n'arrose pas les tulipes

*

finalement, à quoi bon
tous ces films ces concerts ces pièces de théâtre ces spectacles de danse
puisqu'à 99% on les oublie ?

*
"Si j'étais un bonhomme de neige ?
(après mûre réflexion)
... j'irais fondre au Maroc, ou en Algérie..."
(Rayane D.)

*

17 avril 2015

boucher roux

IL EST DIFFICILE D'ËTRE UN DIEU
d'Alexei Guerman

D'habitude je suis assis au fond, en bord de rang, mais il y a certains films pour lesquels j'ai besoin d'être au milieu de la salle, "au croisement des diagonales", pour mieux m'y mettre en immersion (dans les derniers : Ne change pas, de Pedro Costa, Leviathan, de Verena Paravel et Lucien Castaing-Taylor, Faust de Sokourov). Celui-là, je l'avais en ligne de mire, depuis que je l'avais raté à l'Etrange Festival (mais comme il était ensuite, bien avant sa sortie officielle, apparu -plop!- sur le web, j'avais pu en voir le début, sur mon ordi, avant de décider que cette prolifération marécageuse avait besoin d'être vue sur grand écran.) Il est programmé cette semaine dans le bôô cinéma, pour deux rikiki séances (dont une le mercredi soir, alors qu'on ne passe JAMAIS de nos films le mercredi soir) et nous étions donc 3 dans la salle au début -je pense que je devais être plus âgé que les deux autres spectateurs réunis-, mais ne fûmes plus que deux à la fin.
2h50, noir et blanc, russe sous-titré, tout pour attirer le chaland! Et le film tient effectivement ses promesses. Le "résumé" évoque  une planète comparable à la Terre, où des terriens ont été envoyés en observateurs. Une planète qui est restée coincée au Moyen-Âge. Et n'a pas l'air d'être prête d'en sortir. Les terriens observent mais n'ont pas le droit d'intervenir sur le cours des événements. On a donc la voix-off du narrateur/observateur, et ce qu'il voit (la caméra). C'est un des rares films (avec Le voyeur, de Powell) où la caméra existe en vrai pour les personnages du film, où on la regarde, où on s'approche pour la toucher, ou la sentir (c'est un film très sensoriel), où on la prend à parti, où on la provoque en agitant devant son oeil impassible (impavide) des machins divers. Face à la caméra, il y a un grand barbu qu'on va suivre sans arrêt, le Don quelque chose, qui parle aussi sans arrêt. Une sorte de seigneur qui est pris pour un dieu par la population locale -et quelle population, une sorte de cour des miracles, une galerie de trognes, sales, déformées, édentées- qui vaque à ses petites affaires moyen-âgeuses, qui grouille, qui s'affaire, qui s'agite, au milieu de la fange, de la merde, de la gouillasse...
C'est un film insensé.
C'est un film inracontable, incompréhensible (Pourrait-on raconter, ou expliquer, une fourmilière, ou une termitière, en faisant des très gros plans sur l'activité de certaines des bestioles qui l'habitent ? Pourrait-on comprendre, ou au moins appréhender une globalité sociale en n'en observant que des détails ?) Un flot d'images, et de mots (et la lecture des sous-titres en rajoute aussi à sa façon dans la difficulté d'appréhension -et de compréhension- de cet univers) perpétuel : l'écran est plein à ras-bord, toujours (on comprend que le tournage du film ait duré des lustres) pendant que le seigneur parle, ou commente, ou apostrophe, ou monologue, ou insulte, tout en faisant d'autres choses qui ne sont pas forcément raccord avec ce qu'il dit. Avec constance, obstination, la logorrhée accompagne la saturation visuelle. On est pris, captif plutôt (et il ne fait pas bon être prisonnier sur cette planète, vu la façon dont il les traitent... Noyé dans les latrines, ça vous dirait ?), il s'agit alors de tenter d'accommoder, d'être perpétuellement en alerte, les yeux et les oreilles grand ouverts (pas le nez, heureusement, le film n'est pas en odorama) pour tenter de -un peu- comprendre, de combiner les éléments disparates pour faire- un peu- sens.
C'est un film total, un film-somme, un film-univers (je parlais d'immersion au début du post et le mot est ici tout à fait justifié). Un film qui déconcerte, déstabilise, dégoûte même, (parfois, souvent) un film qui dégueule, qui chie, qui suppure, qui pue, un film de trou-du-cul-du-monde, un film organique, sphinctérien, un film d'entrailles, de sang, de merde. Métaphore physique, géographique, anatomique, mélancolique, boulimique, d'une certaine russitude (on ne peut pas ne pas penser à Stalker, d'après les mêmes Strougatski -pour le bouquin- mais avec Tarkovski derrière la caméra : même humidité, même fange, même désespoir).
Guerman a passé plus d'une dizaine d'années sur ce projet, et n'a pu vraiment en venir à bout (car il est mort. ) Et c'est sa femme et son filston qui en ont achevé le montage. (D'où la pensée que le film n'est peut-être pas que d'Alexei Guerman (qui n'a réalisé que six films mais dont aucun n'est trouvable -par des moyens "normaux"... -J'ai le bonheur d'être en position d'un exemplaire de Khroustaliov ma voiture! -enregistré sur VHS lors de son passage sur arte il ya longtemps, et numérisé ensuite, mais bon la qualité est celle de la VHS- autre film insensé en noir et blanc et en russe sous-titré, que nous avions programmé lors de nos -éphémères- "lundis des amis", dans l'ancêtre -un peu guermanien, d'ailleurs- du bôô cinéma, c'était plutôt alors le môôôche cinéma, d'ailleurs!) ou plutôt n'est pas tout à fait le film que Guerman "tout seul" aurait fait, mais au fond quelle importance ?)
Un film, donc, qui refuse le "récit" traditionnel, la narration "habituelle" : plutôt que d'aller de l'avant on a l'impression que le récit glisse latéralement, comme un travelling gigantesque, et peut-être circulaire, d'ailleurs, comme si aller de l'avant était impossible, inimaginable, proprement (!) impensable.
Un film viscéral.
Un film éprouvant.
Et aussi, un film qui, à force de coller ses yeux (et son nez) tout près, trop près, ("le nez dedans") finit pourtant par mettre le spectateur à distance. Le spectateur qui n'a pas grand chose de connu à quoi se raccrocher, qui patauge, et avance prudemment en essayant de ne pas s'en foutre partout. Rester debout, rester vivant. (rester éveillé, aussi, diront les mauvaises langues : j'avoue que j'y ai piqué du nez, et, même, dans cet état, mi-sommeil mi-éveil, le film a quelque chose d'hypnotiquement monstrueux : cette voix dont on ne comprend plus les mots (si on ferme les yeux, on n'entend que le russe) qui vous ferraille dans l'oreille sans trêve, infiniment...) Le temps n'a plus de sens. 
Un film sans précédent, comme une gigantesque boucle temporelle, une stase.
Il n'y a qu'à la fin que le réalisateur nous sort la tête du caca et des tripes et prend un peu de recul. Et modifie - enfin ?- notre regard, (et donc notre rapport au film). La caméra a pris de la distance  (elle n'est d'ailleurs à ce moment-là plus utilisée en tant que personnage, c'est juste une caméra, qui enregistre ce que font des gens). La scène où le Don, en chemise, le cul dans l'eau, explique aux autres qu'il ne reviendra pas sur terre.(J'avoue, je viens de la re-regarder sur mon ordi, et ça m'a permis de comprendre certaines choses. D'abord de mieux appréhender l'invraisemblable complexité -la virtuosité- de ces plans-séquences démesurés, où se combinent les mouvements de caméra, ceux des personnages, la profondeur de champ). A ce moment, après cette halte, cette respiration, (l'homme, toujours le cul dans l'eau, vient de s'endormir) la caméra reprend soudain son rôle initial, celui de personnage au même titre que les autres, puisque c'est à ce moment que le Don se rhabille, remet son costume de Don pour repartir... (la scène est absolument magnifique).
Puis la caméra prend -enfin- le temps, de la distance aussi, sur de splendides perspectives de neige (et de silence), qui  laissent  au spectateur le temps de respirer, de se reprendre, avant un sublime plan final où le film enfin s'apaiserait (si Le cheval de Turin virait au dark, à l'obscurité, aux ténébres, ce film-ci, au contraire, en sort, in extremis, et réussit finalement à nous tirer vers le blanc, sans que les perspectives d'avenir en soient plus joyeuses...), prendrait le temps de nous laisser le quitter, avant un austère (et démesuré) générique de fin.
C'est incontestablement le genre de film qu'il faut avoir chez soi, qu'il faut garder (et re-garder). Pour prendre le temps de. (L'arrêt sur image et le rewind sont des fonctions divines, quand il s'agit de mieux comprendre cet univers-là et de l'appréhender à sa juste mesure.)

153038

15 avril 2015

la porte le portail

juste une photo que j'ai prise hier et qui me plaît...

DSC01096

15 avril 2015

mettre votre langue dans ma glotte et souffler comme un phoque

CORPS A COEUR
de Paul Vecchiali

Une drôle d'expérience : la première fois que je l'ai vu, j'avais 22 ans, et la seconde, j'en avais 58! Comme le temps a passé vite ("la vie, on l'a comme pas vécue"). J'en gardais un souvenir ébloui, et là, au début, en le reregardant, je n'en voyais plus que les défauts... On ne voit pas un film de la même façon à 20 ans et quelques, et presque 40 ans plus tard...
Il s'agit d'une copie restaurée, dans le cadre d'une rétrospective Vecchiali, et, dommage, on s'en aperçoit dès les premières minutes, le son est pourri n'est pas très bon. Hélas, le Requiem de Fauré qui leitmotive la bande-son en ressort parfois un peu crachotant et esquinté. J'ai eu beacoup de mal à trouver des critiques "actuelles" pour mettre dans notre plaquette de programmation (les critiques, visiblement, ne se sont pas dérangés) et heureusement que j'avais sur mes rayons une exemplaire de la Saison cinématographique de l'époque, que j'ai donc recopié /recollé.

"Il y avait longtemps que nous n'avions vu un film pétri d'une aussi grande sensibilité. Voici un vrai mélodrame, sincère, comme on ne sait plus en oser, un mélodrame dans lequel chaque protagoniste ose, abandonnant toute fausse réserve, aller jusqu'au bout de sa passion, dans lequel les réserves et les conventions habituelles sont bousculées : qu'il s'agisse de montrer nue et heureuse une femme de plus de cinquante ans ou de filmer un homme s'abandonnant sans retenue au désespoir et aux larmes, au mépris de toute "bienséance". une écriture cinématographique intelligente et enluminée (plans de la "découverte" par Pierre de Jeanne-Michèle, scènes provençales), un montage superbe, une musique riche accompagnant avec bonheur le délire des images, donnent à cette œuvre d'auteur une superbe originalité.
(...) Mais il est difficile de parler objectivement de ce film qui ne laisse jamais indifférent et qui s'adresse totalement à la subjectivité et au pouvoir émotionnel de chaque spectateur. Quels que soient ses défauts, il a le mérite, de nos jours immense, d'une totale sincérité."
(critique d'époque : La Saison Cinématographique 1980 )

Je sais que j'avais vraiment adoré le film (j'ai même encore, dans une valise, l'affiche originale et le jeu de photos) et j'essaie de retrouver ce qui à l'époque m'avait tant plu : le couple Silberg/Surgère, probablement, la musique (j'avoue que c'est là que j'ai découvert ce fameux Requiem), la discrète allusion à l'homosexualité (l'amour porté en silence à Pierrot par son patron -et un peu artificiellement révélé par l'ex-femme de celui-ci-) doublée de la façon qu'a Vecchiali de filmer amoureusement la virilité de N. Silberg (mmm ce torse tous ces poils, ohhh et même, à la fin, cette jolie quéquette -oui oui ça aussi avait dû compter-), la galerie des personnages de "la ruelle" qui gravitent autour de Pierrot, les dialogues très écrits (j'avais recopié amoureusement quelques-uns des dialogues d'Hélène Surgère -qui est absolument magnifique, j'en profite pour le répéter, et qui n'a pas eu au cinéma la carrière qu'elle méritait- ) la chronique d'un amour fou non-partagé puis partagé quand même -ça aussi j'avais dû adorer- même si..., et le mélo qui va jusqu'au bout avec spoiler la mort de Jeanne-Michèle... Je crois me souvenir que j'y étais même allé plusieurs fois...

Je continue de penser que la vision de chaque film est unique. A un instant n, un film donné produira un effet e, et à un instant n+1, il produira un effet n+1. C'est pourtant le même film, c'est pourtant la même personne, mais le résultat sera à chaque fois différent, sensiblement ou carrément diamétralement opposé.

Là, par exemple, j'avoue que je suis resté un peu à distance. (Mon moi de presque 60 ans regardait du coin de l'oeil mon moi de 20 ans, avec un petit sourire, en coin aussi, comme s'il avait envie de lui dire "Tsss... tout ça pour ça ?") Je n'ai pas ressenti grand-chose je dois le reconnaître, et pourtant, je suis sûr qu'à l'époque ça m'avait mis la larme à l'oeil. Ce que j'ai le plus apprécié, c'est ce à quoi je ne m'étais pas vraiment intéressé alors : les personnages féminins "secondaires" (Anna, Emma, Mélinda, l'employée de la pharmacie) que je trouve très justes. J'aime aussi la façon de représenter l'obsession, l'idée fixe, que suscite l'amour (ces flashes incessants du visage d'Hélène Surgère qui viennent "hanter" Pierrot.) Le son, je l'ai déjà dit, est un peu pourri, et dès que ça monte en intensité, ça devient pénible, voire inaudible (la séance d'enregistrement de Mélinda est un calvaire auditif), et il semble que c'est pareil pour le jeu des acteurs : tant qu'on est dans un registre "normal", tout va bien, mais dès qu'on "monte" un peu dans la gamme des émotions, ça devient parfois pénible, parce qu'excessif et donc difficilement crédible (les larmes de Pierrot par exemple).

(et je n'arrive pas à terminer ce post que je publie donc comme ça dans l'état.)

1 2 3 > >>
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 413