Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
lieux communs (et autres fadaises)
29 juin 2015

notes

LES FAUSSES DENTS DE BERLUSCONI
de Jacques Drillon

Celui-là, il me semble bien que, l'avant-dernière fois que j'étais allé fouiner chez Gibert J (dans les occases pas chères, et très mal rangées, à l'extérieur du magasin) que je l'avais tenu, feuilleté, et, -j'ignore pourquoi- finalement reposé. Je dis bien "il me semble", mais là, à 2,50€, je n'ai vraiment pas hésité longtemps.
Je connais depuis longtemps Jacques Drillon par un seul livre, le délicieux (et trop court) Livre des regrets, paru chez Actes sud il y a ... très longtemps (et qui m'avait, d'ailleurs, été recommandé par Philou), livre qui ne pouvait que me plaire, puisque déclinant à la façon du I remember de Joe Brainard l'expression Je regrette...
Je me rends compte, en lisant la bibliographie  (qui nécessite une page en début de volume et une autre en fin) de Jacques Drillon qu'il en a depuis, écrit, une flopée, une palanquée, et qu'il n'est pas uniquement passionné de musique (comme je l'avais cru en lisant Le livre des regrets, mais faudrait peut-être alors que je le relise) mais volette, tel le joyeux et insouciant papillon, de fleurs en fleurs telles que la ponctuation, la conjugaison, les figures de style, la grammaire, les artistes, les hommes politiques, les mots croisés, l'érotisme même... tous sujets que ces Fausses dents de Berlusconi abordent, en italique et en grand nombre (il s'agissait à l'origine de 1003 post-it).
Ici, pas de formule récurrente, juste des notes, (pour un amteur de musique, hihi) sans hiérarchie, de taille variable (de juste quelques mots à presque quelques pages) et de hauteur différente (de la plus terre-à-terre à la plus érudite, de la plus prosaïque à la plus formaliste, mais, cela, l'auteur le revendique dans son prologue Pro domo.) Où chacun (des lecteurs) est susceptible de trouver de l'intéressant et du moins, du drôle et du moins, de l'inédit et du moins. Un livre de chevet, en somme, qu'on peut avoir pendant très longtemps sur sa table de nuit pour pouvoir l'ouvrir (le parcourir) tout à loisir.
J'adore ces livres en pièces, en fragments, en notations (je commence à en avoir un certain nombre sur ma petite étagère), l'avant-dernier du genre était les pierres qui montent, d'Hédi Kaddour, découvert tout à fait par hasard (et le tout premier je crois Le poids du monde, de Peter Handke). Je suis très sensible à ces accumulations de formes brèves. Je les recherche, même, en feuilletant les livres sur les éventaires des libraires et des bouquinistes. On peut aussi ranger dans cette catégorie une grande partie des Journaux d'écrivains (dont je n'ai pas lu énormément).
Drillon est un observateur  documenté, précis, (à la loupe, ou, mieux, au microscope),  aussi bien des gens (le plus souvent des artistes) que de ce qu'ils écrivent, ou disent. Un observateur (un défenseur) de la langue juste -écrite et/ou parlée-, un grammaturge (ce mot fut inventé, le concernant, en compagnie d'un autre qu'hélas je ne retrouvai jamais, pour un projet de ce post que je fis un matin que j'étais allé me recoucher, à ce moment instable où l'on bascule dans le sommeil, en étant encore un tout petit peu conscient, et me fit sourire de ravissement). Il s'agit souvent - concernant les gens- d'anecdotes, de détails, de faits précis, d'éléments remarquables. Des écrivains, certes, et des musiciens. Et c'est vrai que finalement, en relisant, je réalise qu'il est beaucoup plus question de musique  que du reste (toute une série de blagues d'altos qui devrait réjouir mon ami Zvezdo).
Un livre, précieux, élégant, érudit, drôle (et vachard).

drillon berlusconi

Commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 428