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lieux communs (et autres fadaises)
18 septembre 2015

service à café noir et blanc

UNE SECONDE MERE
de Anna Muylaert

Tiens, encore un film brésilien qui m'a bien plu! Tiens, encore un film brésilien qui se passe dans une grande maison avec piscine! Tiens encore un film brésilien qui focalise sur les rapports sociétaux par le biais des frictions patrons/domestiques!

Val est bonniche dans une jolie maison de bourges de Sao Paulo, entre maman qui designe, papa artiste peintre contrarié qui déprime un peu, et fiston ado qui fume en cachette (des cigarettes qui font rire) et va le soir se réfugier dans la chambre de Val (en tout bien tout honneur, c'est la "seconde mère" du titre, et tiens, c'était déjà pareil dans Casa Grande). Tout va donc pour le mieux dans le plus impeccable des mondes ancillaires (Val est une perle), jusqu'à ce que.

(bien évidemment, on ne pourrait pas faire un film où tout va bien tout le temps, avec des patrons contents de patronner et des servantes contentes de servanter, ça serait ennuyeux...)

Jusqu'à ce que, donc, Val reçoive un coup de téléphone de Jessica, (sa fille qu'elle n'a pas vu depuis dix ans) sa fille qui lui annonce qu'elle veut s'inscrire en fac à Sao Paulo, justement, et lui demande de l'héberger. Val sollicite l'autorisation de sa patronne (Barbara,  bourge assez puante) qui accepte que Jessica dorme dans la chambre de bonne de sa mère, et que, oui, d'ailleurs bien sûr elle lui payera même le matelas qui servira à ça (elle peut prendre le meilleur, bien sûr...).
Jessica arrive, et va immédiatement jouer le grain de sable qui coinçouille les rouages bien huilés de ce Cuisine et dépendances (les trois-quarts du film se passent dans la maison, où les rapports de force se jouent de chaque côté des portes, ou de part et d'autre des escaliers, par exemple (une utilisation judicieuse de l'espace). En s'y déplaçant comme en terrain conquis, en forçant la main du maître de maison pour squatter la chambre d'amis, en jouant dans la piscine avec le fiston et son copain, en mangeant à la table du papa (elle y a été invitée), voire même -sacrilège ultime, en osant manger la glace perso chocolat/amandes du fiston, sous l'oeil horrifié de Val, qui n'aurait jamais envisagé que puissent être ainsi transgressés certains interdits. Pour elle, et depuis toujours, les domestiques n'agissent que d'une certaine façon, ils sont cantonnés dans certains espaces, et ne sont autorisés qu'à certaines choses. Et c'est comme ça.

Et voilà que ce système se lézarde soudain, (se voit menacé, par exemple aux yeux de l'odieuse Barbara) par cette jeune fille, fille de bonniche mais qui se comporte comme une invitée. La situation devient de plus en plus instable (d'autant plus que le maître de maison commence à regarder la jeune fille en roucoulant, puis carrément à lui faire la cour) aux yeux de Val, qui tente d'accélérer les choses pour que Jessica puisse déménager au plus vite, manque de bol, la première tentative est ratée et Jessica doit revenir à la maison (où on la vire définitivement de la chambre d'amis, comme on l'avait précédemment chassée de la piscine en la vidant.)
Et voilà que les résultats de l'examen d'entrée en fac arrivent (le fiston le passait aussi). Une claque pour les bourges : le garçon l'a loupé de deux points tandis que Jessica (Val vient l'annoncer à ses maîtres, triomphante) l'a obtenu haut la main. Pour fêter ça, Val sort pour téléphoner à sa fille et la féliciter, et va oser commettre un acte que jamais jusque là elle n'aurait envisagé une seconde pouvoir faire, une transgression insensée... (mais tellement minime aux yeux du spectateur qu'elle en devient très drôle)
Et ce serait parfait si le film s'était arrêté là.

Dommage que l'épilogue vienne en rajouter une couche (la famille, ah... les enfants aaaah... et les petits enfants aaaaah...) dans le yop la boum, dont on n'avait pas vraiment besoin.

Un film plaisant, donc, mais en fin de compte pas aussi fort que Casa grande, sur un thème somme toute très voisin (mais où c'était le jeune homme, le fils de famille, qui était le personnage central, ce qui explique peut-être cela -je me connais, hein...-).

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