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lieux communs (et autres fadaises)
24 septembre 2015

ce que c'est d'être moi

NATÜR THERAPY
de Ole Giaever

Un film norvégien plutôt mélancolique. (Y en a-t-il, d'ailleurs, des films norvégiens, qui ne le soient pas ? Oslo,31 août, Nord, Home for Christmas... Ah si, je me souviens de Refroidis, très drôle et très noir). Un père de famille part tout seul en week-end pour faire le point. Il part marcher et s'oxygéner. tout bon amateur de FAQV (dont je suis) pourra chipoter que l'affiche est mensongère : si effectivement on le voit courir cul-nu, ça ne dure pas très longtemps, cinq minutes grand maximum et encore (oui oui, j'étais un peu déçu).
Ceci étant posé, voilà un film dont les trois-quarts sont en discours intérieur (on entend tout haut ce que le monsieur se dit dans sa tête.) et j'aime plutôt ça. Il est marié, il a un fils, et voilà qu'il remet tout ça en cause, qu'il ne sait plus trop ce dont il a envie (ou pas).
Il marche, il court, il ressasse, il suppute, il extrapole, sur ce que serait son futur s'il faisait ceci ou cela (ou ne le faisait pas), vous savez, comme quand on se balade et qu'on laisse son esprit vagabonder. Battre la campagne.
C'est le réalisateur qui joue aussi le personnage principal (peut-être aucun autre acteur norvégien n'a accepté d'être filmé en train de courir cul-nu, de se taper une pignole derrière un arbre, ou de se réveiller le matin en s'apercevant qu'il s'est pissé dessus dans son duvet pendant la nuit -qu'on imagine frisquette-...). Il n'est d'ailleurs pas sans ressemblance avec Anders Danielsen Lie (celui d'Oslo 31 août, justement), nous faisant d'ailleurs ainsi (inconsciemment ?) vaguement craindre le pire, mais non.
Je ne sais pas pourquoi m'est venu soudain le parallèle avec Near death experience (de Kervern et Delépine). Houellebecq en cuissard de cycliste soliloquant cioranesquement en pleine nature n'est pas si loin de notre ami norvégien dont le moral n'est pas bien meilleur (mais qui est incontestablement beaucoup plus mimi, et agrémenté de surcroit d'une quéquette joviale, mais oui, je sais, je sais, ce n'est pas un argument recevable dans un post ciné. En principe. En général. Mais on va dire qu'ici si.) Comme dans Near death..., le pessimisme foncier du propos est fréquemment tempéré (!) par des ruptures de ton, des incidents, des scènes cocasses, qui surprennent (Martin, et nous par la même occasion), font sourire, attendrissent...
La Norvège est tout de même censée être un des pays avec le niveau de vie le plus haut. D'où vient alors que notre Martin conçoive une tel vague-à-l'âme ? On pense, et de plus en plus au fil du film, qu'il a juste envie/besoin d'être seul, mais ce, finalement, pour mieux avoir le temps de culpabiliser parce qu'il n'est pas avec sa petite famille...

J'ai trouvé la balade très oxygénante. Le mec qui se barre et qui court pour se purger la tête, le flux mental dense et assez exhaustif, les cassures ça et là (ah la superbe et séche interruption en pleine envolée lyrique de Forever young, rien que ça pourrait justifier de voir le film), sans oublier (attention, comme au FICA, les paysââges mêêrveilleueueueux), le rythme même de la course (du beau travail cinématographique) on aurait presque pu envisager ça jusqu'à la fin du film (ça ne m'aurait pas du tout dérangé, ce petit trot doux-amer).
Le réalisateur en a décidé autrement, qui remet soudain Martin en contact avec d'autres spécimens de l'humanité (deux demi-soeurs qui sont venues passer la nuit dans ce même gîte dont on l'a vu prendre la clé au début du film), où va se passer peu ou prou ce qu'on se disait qu'il allait se passer (mais pas tout à fait), provoquant une réaction très terre-à-terre de notre jogger sociopathe.
La fin, sur le coup, m'a laissé un peu sur la mienne (de faim), mais, finalement, c'est un peu comme si Martin avait vu  Oslo, 31 août, et s'était dit que finalement ça ne serait plus assez original (on ne se suicide pas à la fin de tous les films norvégiens. Quoique.) la parenthèse est close, et il fait ce qu'il a à faire.

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