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lieux communs (et autres fadaises)
27 septembre 2015

le gamin au vélo

UNE ENFANCE
de Philippe Claudel

Je viens de le voir (première séance dans le bôô cinéma) sans rien en savoir, et ça m'a mis le moral dans les chaussettes (et peut-être même encore plus bas (que le trente-sixième dessous).
J'ai d'abord connu Philippe Claudel en tant qu'écrivain (c'est Philou qui me l'a fait découvrir, au temps des Âmes grises, qui n'étaient pas non plus un prototype de rigolade), je l'ai ensuite moins connu en tant que cinéaste (quelque chose, à l'époque, m'en a écarté, mais je ne sais plus exactement quoi...) Ai-je déjà, d'ailleurs, vu un de ses films ?

C'est l'histoire de Jimmy, un gamin d'une douzaine d'années, et de son jeune frère Kevin, qui vivent avec leur (jeune) mère et le nouveau copain de celle-ci. La mère vient de "sortir" (dixit la grand-mère, sans qu'on sache précisément s'il s'agit de prison ou d'hosto). Jimmy souhaiterait pouvoir aller chez sa grand-mère plus souvent, car à la maison, ça n'est pas de tout repos. Bières, pétards, soirées, beuveries, fumette, on le comprend. Philippe Claudel a d'ores et déjà bien chargé la barque de ce "réalisme social" qu'on a déjà pas mal vu ces derniers temps (La tête haute). Sa mère n'assure pas, et Jimmy gère (comme il peut...) parce qu(il l'aime, sa mère, et c'est le plus important (on dirait un discours d'éduc').
C'est l'histoire d'un gamin qui ne compte pour personne, ou presque, et qui doit se démerder pour grandir avec ça. Ca m'a assez démoralisé de voir (à nouveau) sur l'écran des situations que j'ai reniflées lors de ma vie professionnelle. Ces mères trop jeunes qui rencontrent un mec, se retrouvent enceintes, se font plaquer,re- retrouvent un mec, se re-retrouvent enceintes, se re-font larguer, et re-re-retrouvent un mec, etc. Services sociaux, éducateurs, assistantes sociales, dèche...
C'est sans fin, c'est sans fond.
Et la position du réalisateur est plutôt ambigue. Ou plutôt le déséquilibre entre sesdifférents choix. On navigue entre le voyeurisme presque malsain (mi-fasciné, mi méprisant), pour toutes les scènes qui se passent à la maison,  et la neutralité bienveillante et ensoleillée pour  Jimmy et sa recherche d'"autre chose", son aspiration à un monde "normal" (la fête d'anniversaire, le court de tennis) où les parents aiment leurs enfants, et où les gamins ont des préoccupations de gamins.
Les deux gamins (comme dans le récent La vie en grand) sont vraiment parfaits de naturel et de justesse, le petit dans la gouaille et le grand dans une intériorité plus grave, où l'on sent, derrière une façade presqu'impassible, s'accumuler une violence de plus en plus oppressante (et il y a de quoi.)
Une surprise dans le film, celle de retrouver Pierre Deladonchamps et Patrick d'Assumçao (qu'on avait découverts ensemble dans L'inconnu du lac) dans deux contre-emplois parfaits (l'un en chômeur/zonard/beauf/mac et j'en passe, et l'autre en joyeux instituteur plus passionné et plus sympa tu meurs).
A noter que le réalisateur s'est, pour la première fois, donné un rôle dans son film : celui du professeur de tennis (grâce auquel apparaît, in extremis, une minusculissime étincelle d'espoir, avec ce regard-caméra (et ce sourire, le premier du film) du jeune Jimmy. (ces prénoms, quand même... il était vraiment obligé d'autant enfoncer le clou ?).
Bref, un chouïa de Dardenne(s), un poil de Dumont, un zeste de Fishtank, un brin de Géant égoïste, un soupçon de La tête haute, un doigt (d'honneur) de La Merditude des choses... Je crois que je suis juste un peu fatigué des films soci(ét)aux sur l'enfance malheureuse.
Toute la  misère du monde, j'ai juste envie d'autre chose au cinéma, voilà.

216003

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