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lieux communs (et autres fadaises)
2 novembre 2015

une femme sous influence (puis une autre)

 Le hasard a fait que j'ai vu le même jour, dans la même salle, deux films qui se ressemblent : tous deux réalisés par une femme (des "films de femme", donc ?) pour qui j'éprouve plutôt de la sympathie, tous deux racontant l'histoire d'une femme fascinée (grugée, trompée, manipulée) par un homme, tous deux évoquant une relation amoureuse en dents de scie, faite de crises et de réconciliations, de séductions et de répulsions, d'engueulades sévères et de copulations rabibochatoires  tout aussi... intenses, tous deux (c'est drôle ce masculin redondant pour évoquer des ouvrages de dame, aïe pas taper) m'ayant plu mais (pas entièrement convaincu).

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MON ROI
de Maïwenn

J'avais adoré son Polisse, aussi son Bal des actrices, sans avoir eu envie de voir son Pardonnez-moi . Là, j'hésitais : Cannes blabla, le Prix d'interprétation à Emmanuelle Bercot, et puis Vincent Cassel, bah... une place à 5,50€ (valable jusqu'au 1er nov) m'a décidé. Ca commence plutôt très bien (voire excellemment) : une femme qui a eu un accident de ski arrive dans un centre de rééucation pour son genou en morceaux, et en profite pour repenser à (et nous raconter par la même occasion) son histoire, et ce qui l'a amenée là. une histoire banale : elle est tombée amoureuse d'un mec (Vincent Cassel, impressionnant) ils se sont mariés, ils ont eu un enfant, ils se sont séparés, rabibochés, re-séparés, etc. Au début ça (le film) se passe vraiment très bien (une scène de drague en night-club magnifique), l'alternance du passé (l'histoire du mec) et du présent (elle est dans un centre plein de jeunes sportifs assez testostéronés mais sympathiques qui vont peu à peu la prendre en sympathie) fonctionne parfaitement, c'est vrai que le personnage joué par Emanuelle Bercot est à large spectre (comme les antibiotiques du même nom) et qu'elle s'en sort vraiment du tonnerre de Dieu. Mais. Bon 2h et quelques pour raconter la même chose c'est forcer un peu la dose (quand ils baisent le jour même où ils viennent de divorcer et se retrouvent "en famille", le spectateur commence à lever un peu les yeux au ciel.) Chaque scène de réconciliation contenant, en germe, la scène de dispute qui va suivre immanquablement. Et le film alors se mord la queue si je puis dire.
Ok, c'est une femme fascinée par un homme, ok il est menteur, ok il la roule dans la farine, ok il souffle le chaud et le froid, ok c'est une crevure (comme on dit chez nous) et ok malgré tout ça, le fait qu'elle le sache et qu'elle en ait conscience, elle ne peut pas s'en empêcher (cf le tout dernier plan), je le comprends (je ne peux pas m'empêcher de, je dirais même que je pourrais avoir -que j'aurais pu avoir- le même genre de fonctionnement) mais je m'ennuie quand même un bon moment (malgré les facéties de Louis Garrel en frérot-Droopy à casquette et le personnage de la belle- soeur que j'ai cru pendant tout le film incarné par Maiwenn elle-même -en me disant mais qu'est-ce qu'elle a fait à son visage, de la chirurgie esthétique, déjà, quel dommage - mais non, qui était joué par sa soeur, Isild Le Besco, qu'on n'avait jamais vu en noir corbeau à ce point.), et je suis même parfois presque embarrassé (la scène du restaurant, par exemple).C'est trop, un peu trop : énervé, énervant, nombriliste, branchouille, parisien, fabriqué, artificiel, hystérique (décochez les cases correspondantes).

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LOLO
de Julie Delpy

J'avais adoré son 2 days in Paris, son Skylab, un peu moins son 2 days in New-York, et pas eu envie de voir sa Comtesse.
Elle restera toujours pour moi la jeune fille diaphane (translucide) à la motocyclette de Mauvais sang, mais, trente ans plus tard, si elle est toujours blonde, elle est beaucoup moins éthérée (surtout niveau langage) et c'est tant mieux (c'est ça qui m'avait tant plu dans son premier film, cette extrême verdeur des dialogues : elle appelle une chatte une chatte et une bite une bite). Ça commence d'ailleurs très fort (on est en thalasso entre copines) à peine deux minutes de film et il a déjà été question de chatte (de part et d'autre -elle c'est Julie Delpy et la copine c'est Karin Viard, qu'on n'avait pas vue aussi crûment chaudasse depuis un certain temps.)
Les deux copines en cure (et en chasse) tombent par hasard sur deux mâles du cru, et finissent par se faire inviter le soir-même à une "soirée-thons", ou Julie D. jette ses filets sur un mec à l'air gentil, un peu benêt presque (que Dany Boon joue à la perfection).
On se retrouve à Paris (finie la thalasso), les filles se sont remises au boulot et voilà que le benêt (qui est tout de même ingénieur informaticien) est justement venu s'y installer aussi, et que l'idylle donc perdure (et même s'enracine). Seul bémol, Lolo, le fils de Julie, qui est revenu squatter l'appart maternel pour cause de rupture avec sa copine, et qui ne voit pas d'un bon oeil (qu'il a pourtant de biche) cette intrusion dans son cocon oedipien. Et va tout faire pour que ça cesse. Et on va se retrouver exactement dans le même schéma (relation en dents de scie, engueulades, réconciliations au lit -le nunuchon est censé avoir une très  grosse bite, je n'invente rien-) que le film précédent, sauf qu'ici chacune des crises a été soigneusement causée par le grand fiston au sourire angélique. poil à gratter, tranquillisants, virus informatique, il y va d'ailleurs de moins en moins de main morte, l'angelot. mais bon du coup c'est aussi un peu répétitif, comme dans l'autre film, et on s'ennuie aussi parfois un peu.
Mais j'aime le ton du film et l'auto-dérision de Julie Delpy qui n'hésite pas à se représenter en bourgeoise bobo à la quarantaine angoissée, un peu à la Brétécher, avec les dialogues trash en plus (ça ça me plaît toujours autant). Et Karin Viard fait très bien la paire. Les mecs du film sont un poil en-deça, Dany Boon parce que je me demande toujours s'il a demandé 3 millions d'euros pour jouer ça -et si Julie  Delpy ne l'a pas engagé juste comme caution bankable du film-, et Vincent Lacoste parce qu'il est moins convaincant en psychopathe qu'en séraphin.

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