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lieux communs (et autres fadaises)
9 novembre 2015

réflexions en passant en voiture devant un mec au-dessus d'un camion

J'ai arrêté les pétards il ya 10 ans, j'ai réduit le chocolat, mais je réalise que je souffre toujours d'une addiction sérieuse :
le cul des travailleurs

(ce matin en allant à la Poste je suis passé devant le bâtiment du Crédit agric*ole, en chantier  depuis longtemps (mais que je n'ai jamais réussi, de par sa situation, à photographier), où les travaux sont presque finis (ils s'occupent des plantations et en ont même mis le long des murs, une première) mais restaient garés encore devant quelques camions et camionnettes, et donc mon oeil traînait en passant le long, quand soudain j'ai vu, perché sur le toit d'un de ces véhicules, un mec, qui m'a attiré l'oeil, non plus précisément je n'ai vu que le cul de ce mec, perché là-haut, tête invisible parce qu'il était penché en avant (ils ne plient jamais les jambes) et donc ce cul anonyme se découpait glorieusement sur le ciel, vision fugace que je n'ai pu enregistrer que mentalement, n'ayant pris avec moi -j'allais à la Poste- ni appareil-photo ni même téléphone, mais qui m'a tout de même  -le temps de ce flash- déconcentré de l'attention que j'étais censé porter à ma conduite (il n'y avait heureusement personne ni devant ni derrière) pour un peu j'aurais tourné la tête pour continuer de le voir encore un peu mais non j'ai su rester stoïque etj'ai continué j'étais heureux comme si je venais de voir la plus belle des choses, et ça l'était, flash, dans la brièveté de sa splendeur -dans la splendeur de sa brièveté- et ce genre de choses advient assez régulièrement lorsque je roule, une soudaine rotondité en tenue de travail se manifeste dans mon champ de vision -en général une à la fois, les culs des travailleurs sont presque toujours uniques, ce sont des solitaires, et c'est bien assez, tellement leur multiplication risquerait d'être fatale à mon petit coeur fragile- une apparition, donc, comme un signe amical d'un ami anonyme, un bijou précieux mis en valeur dans une vitrine de joaillier, une oeuvre d'art exposée dans un musée, avec autour le périmètre de sécurité , pas touche, ne franchissez pas la ligne, restez au-delà, à distance,  que permet parfois de franchir virtuellement le gros zoom de mon appareil-photo, pour peu que j'ai la possibilité matérielle, physique, de m'arrêter juste un peu plus loin,mais le propre de ces surgissements callipyges est qu'il se produisent, justement, soit quand je n'ai pas pris mon appareil soit quand l'arrêt n'est absolument pas possible, et c'est ce qui  les rend d'ailleurs tellement uniques, tellement fascinants, un cliché qui restera virtuel, saisi au fond du sténopé plus ou moins précis de ma mémoire, et je pense chaque fois au personnage joué par Harvey Keitel dans La mort en direct de Bertrand Tavernier, qui a une caméra greffée à la place des yeux, et à ce que j'aurais pu enregistrer à ce moment précis où je passais devant cette sublime figuration du travailleur en activité, sublime et éphémère, et frustrante aussi, dans la mesure où on ne pourra jamais la posséder -oui, l'instinct d'appropriation fait partie du processus- comme on ne pourra jamais se payer un tableau de maître, sans doute, mais on serait prêt à se contenter d'une reproduction, et ce qui fait encore plus la beauté de la chose c'est que le travailleur en question (celui dont vous ne saisissez au passage finalement que le postérieur -et ses courbes-, enveloppé dans les couleurs vives -car intentionnellement signalétiques- de son pantalon de travail, ou au contraire dans la blancheur d'une étoffe tout aussi signifiante, (remarquable, regardable) bruinée en général alors de plâtre de peinture ou de solvants que sais-je à la façon d'un Pollock) n'est pas du tout conscient d'être regardé, ni regardable d'ailleurs, et que le cas échéant il s'en étonnera voire s'en offusquera (d'où l'importance du susdit gros zoom et de la distance respectueuse) s'il réalise que ce qui n'était qu'une brève rencontre, lui à la périphérie de votre vision, en train de s'activer, de faire ce qu'il a à faire, et vous dans votre véhicule, ne faisant que passer, s'est soudain figé, transformé, le charme de l'éphémère étant rompu dans la mesure ou vous avez décidé de le photographier, et que parfois il s'en aperçoit, et lance alors un regard soit interrogatif soit amusé soit furibard, mais il s'agit alors d'une autre phase du processus, revenons à nos moutons et aux robustes culs de ces robustes gars, je me dis à chaque fois que ce qui me plaît encore plus (la deuxième couche de plaisir) c'est que je les regarde avec la même admiration / gourmandise que celle avec laquelle eux regardent les demoiselles, qui passent devant eux ou en contrebas, et je ne fais que leur rendre alors la monnaie de leur pièce en me réjouissant de la vision de leurs sublimes arrière-trains dont je me plais à vanter le(s) surgissement(s) -cela survient par définition lorqu'on ne s'y attend pas- comme une floraison inattendue le long d'un trajet dont on n'attendait rien, inespérée, et venant comme éclairer ledit itinéraire, si on le cartographiait précisément on pourrait y ajouter des pictogrammes à leur endroit, des balises de couleur comme "élément remarquable", et il m'arrive d'ailleurs, quand j'ai fait ce que j'avais à faire, de repasser dans l'autre sens pour voir s'ils sont encore là, s'il y a toujours quelque chose à voirGrande

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