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lieux communs (et autres fadaises)
18 novembre 2015

angkar

L'IMAGE MANQUANTE
de Rithy Panh

Terrifiant.

L'image manquante est un film terrifiant. Par ce qu'il évoque : le régime de terreur instauré par les Khmers rouges et leur leader Pol Pot au Cambodge, de 1975 à 1979. Le réalisateur était alors un enfant, il y a perdu toute sa famille, et il nous raconte son histoire, leur histoire. Qu'il reconstitue par l'intermédiaire de petites figurines de terre qu'il a façonnées sculptées et peintes. C'est l'histoire de son pays, le Cambodge, durant ces années effroyables, à partir du coup d'état du 19 avril 1975. Comment le délire d'un homme ("frère numéro un") noyauté par un groupe de fanatiques a planifié et exécuté un génocide (qui pour le reste du monde est resté longtemps tu) dont le nombre de victimes n'a jamais pu être d'ailleurs précisément établi (il serait question d'un cinquième de la population cambodgienne de l'époque, plus de deux millions de personnes dans les estimations les plus pessimistes.)

L'image manquante est un film bouleversant. La voix-off (celle de Rithy Panh qui dit les mots de Christophe Bataille écrits d'après les siens propres) sert de fil conducteur et de liant entre les images reconstituées (avec les figurines), les documents d'époque, et les images "autres" filmées par Rithy Panh (la vague qui revient, le flot, le flux), avec des interférences entre ces différentes strates / textures (Rithy Panh fait intervenir plusieurs fois ses figurines dans des décors réels et/ou d'époque. Le discours est posé, qui nous évoque des choses insupportables sans haine ni violence ni pathos. Une incantation douce, implacablement douce.

L'image manquante est un film magnifique. Il y est question du passé du réalisateur, de sa mémoire, de ses souvenirs et de sa douleur. A la succession implacable des événements (les habitants de Pnom-Penh chassés de leurs appartements, leur déportation à la campagne, les camps de travail, l'éradication par les Khmers rouges de tout ce qui rappelait la société "d'avant", les conditions de vie abominables, la faim, la maladie, le déni de toute humanité, de toute individualité) fait écho l'évocation par le réalisateur des jours "d'avant", justement, de la vie simple, du bonheur, de la famille, de toutes ces petites choses qui font le sel des souvenirs heureux.

L'image manquante est un film indispensable, primordial. Vital.

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