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lieux communs (et autres fadaises)
12 janvier 2016

apocryphe

AU NOM DU FILS
de Vincent Lannoo

Semaine Belge 2.2

Celui-là c'est moi qui ai insisté un peu pour qu'on le prenne, ayant eu des échos plutôt enthousiastes de la part du peu de gens qui avaient pu le voir (la sortie française fut microscopiquemement frileuse, le distributeur ayant eu peur des représailles catho intégristes). Le film est effectivement une charge contre lesdits cathos.

Où une mère de famille catho bèce-bège (elle anime une émission de radio catho) perd successivement son mari (mort bêtement en stage commando catho anti muslims) et son jeune fils (suicidé de dépit amoureux après le départ de la maison du prêtre qui y était hébergé et a un peu abusé de lui) et devant le peu de réactions de l'église (d'abord son parrain curé - Philippe Nahon, excellent, plus vrai que nature-, puis l'évèque) décide de faire justice elle-même, s'emporte contre l'évêque et le tue un peu. Elle part en récupérant sur son bureau une liste de prêtres accusés de pédophilie et protégés par leurs supérieurs, prend le gros flingot de son mari, et s'en va à la chasse aux curetons. Et bam bam! va les dézinguer les uns après les autres.

Un réjouissant jeu de massacre que la deuxième partie du film et qui passe trop vite (la première par contre, peut sembler un peu longuette, tant elle donne l'impression de prendre son temps pour bien installer (enfoncer le clou hihi) la pieusité (c'est plus rigolo que piété) de son héroïne. Dont on a presque du mal à croire le revirement, tellement au début on la voit confite en dévotion (c'est exactement ça). La charnière se fait peut-être lors de l'enterrement de son fils, où une autre pieuse 'mais sérieusement illuminée de l'intérieur, celle-là) vient lui réciter du Ste Thérèse  de je ne sais pas quoi, dont le message est, grosso-modo, ça fait vachement du bien d'avoir mal, et c'est god qui l'a voulu.

Vincent Lannoo n'y est pas allé de main morte, et c'est tant mieux. Ca (me) fait toujours plaisir de voir dézinguer la religion (dans tous les sens) avec autant de virulence (et autant d'éclaboussures) et de jubilatoiritude (encore un que Téléramuche n'aura pas!). L'actrice principale (Astrid Whettnall)  est très bien dans ce rôle pas facile (imaginez une hybridation entre la Mme Le Quesnois de La vie est un long fleuve tranquille et la Uma Thurman de Kill Bill), j'ai déjà complimenté Philippe Nahon pour l'onctuosité de sa composition,  sans oublier, dans le rôle du Père Achille, par qui le scandale arrive (et qui nous gratifie d'une délicieuse chanson écrite par lui même, Chanter en anglais) le nounoursesque et pas rasé Achille Ridolfi, qu'on recroisera d'ailleurs le lendemain dans le Je suis à toi, de David Lambert (de même qu'on retrouve dans le rôle du fils suicidé Zacharie Chassériaud, un des Géants de Bouli Lanners)

J'avais cru comprendre que le film serait une grosse pochade très noire et azimutée dans le genre de C'est arrivé près de chez vous, mais c'est un peu différent. Il n'y a pas ici d'équivalent à la folie furieuse de Benoït Poelvorde. C'est aussi violent mais moins déjanté. L'attaque anti-religion est surtout une attaque anti-salopards et anti-cons, (et visiblement le réalisateur n'a pas inventé grand-chose, il n'a eu qu'à puiser dans les faits-divers et l'histoire récente de la Belgique.) Et le discours n'est pas si gratuitement nihiliste que ça. Si la religion est dénoncée, c'est par ses appels réitérés à la crédulité, au racisme, au mensonge, sans oublier l'omni-sollicitée générosité (croyant rime avec payant), et au bout du compte, l'addition finit par être salée. Si le doute (enfin, la croyance, la confiance, dans le doute) semble être une des bases de la doctrine, il y a des pilules bien plus amères et plus difficiles à gober (à gommer) en pratique, quand il s'agit d'évènements qui vous touchent vraiment, dans la réalité (du film).

Et Vincent Lannoo n'hésite pas à mettre le doigt dans la plaie, et regarder de près comment ça grouille, à l'enfoncer un peu pour voir si ça fait mal. Et jusqu'où. Sa proposition de nettoyage est un peu radicale, mais plutôt justifiée... Bref, ça éclabousse, mais  en vous regardant droit dans les yeux. Et même avec le sourire. Car si le film peut paraître parfois hésiter, et pâtit un peu du mélange des genres, s'il semble parfois souffrir d'un certain manque de rythme,  le système électrochoc + douche glacée s'avère plutôt tonique pour le moral du spectateur.
Et si en plus on vient vous chatouiller avec une plume (d'ange, certainement), ça mérite l'absolution, non ?

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(et je trouve l'affiche particulièrement réussie)

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