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lieux communs (et autres fadaises)
15 janvier 2016

diligemment

LES 8 SALOPARDS
de Quentin Tarantino

diligemment : (adv) Avc diligence, de façon diligente
diligence : (nf)
1
   véhicule hippomobile servant au transport de voyageurs 

2
   soin extrême, grande vigilance 

3
  
grande rapidité, promptitude 

Je viens  de le voir (enfin, il y a deux jours) mais j'apprends ce matin  incidemment par Libé que le film est sorti en 2 versions, une "normale" de 2h48 et une "plus longue"(de 3h02, y compris 6' d'entracte) réservée aux -rarissimes- cinémas qui projettent encore en 70mm, et déjà ça m'énerve un peu.
Il n'y a pas eu tout à fait autant de barouf médiatico-publicitaire (ce qui est un peu la même chose, non ?) que pour Starwarzmuche, mais presque... Bon, on s'est embarqués, avec Marie, lundi après-midi à 13h45 (séance dites "de retraités"), pour la dernière des 5 projos en VO, dans une grande salle étonnamment presque vide du bôô cinéma.
Le début est éblouissant, il faut le reconnaître : le générique se déroule sur fond de neige et face à un calvaire enneigé, et c'est parfait pour vous plonger dans l'histoire (et dans la neige) jusqu'au(x) cou(ps) (je vous aurai prévenus).

acte 1
Un mec tirant une charretée de cadavres (Samuel L. Jackson) croise la route d'une diligence transportant un chasseur de primes copieusement bacchanté (Kurt Russel) et sa prisonnière (Jennifer Jason Leigh, dont je n'ai pas eu l'occasion de dire depuis un certain temps combien  c'est une actrice que j'adore). Parlementeries et palabres diverses jusqu'à ce qu'on accepte le voyageur à l'iintérieur (sous conditions) et ses cadavres (ses économies, car il est aussi chasseur de primes) sur le toit. Palabres à nouveau (il est question d'une lettre écrite par le président Abraham Lincoln  en personne et que L. Jackson transporte sur lui comme une relique) jusqu'à ce qu'un incident, lié à ladite lettre, mette tout le monde à bord dehors, et que la diligence croise la route d'un nouveau voyageur égaré dans la poudreuse, qui se dit être le nouveau shériff de la ville où, justement, ils se rendent. Nouvelles parlementeries pour le laisser monter (sous conditions), et ça se met ensuite à blabater (plus ou moins) civilement (guerre de sécession, nordistes et sudistes, renégats, personnes de couleur, esclavagistes, etc.), mais le blizzard les a rejoints et les voilà obligés de faire halte pour la nuit dans la Mercerie de Minnie, où ils sont en principe attendus. Mais voilà que, quand ils arrivent, on les prévient qu'une autre diligence est déjà arrivée, et ses occupants installés et au chaud, et "on", c'est un Mexicain qui les accueille, expliquant que Minnie a du s'absenter mais que c'est lui qui gère la baraque provisoirement en son absence...

acte 2
Voilà tout notre petit monde dans la pièce unique qu'est cette fameuse mercerie... On se présente : en plus des quatre qu'on connait déjà (+ OB, le "chauffeur") se trouvent là présentement : un bourreau (celui de la ville où ils se rendent), un vieux général sudiste, et un traîne-savates qui a entrepris de rédiger l'histoire de sa vie. Et on recommence à parloter, à palabrer, à dégoiser, pendant que des tensions se font jour, des soupçons aussi, des rapprochements, des inimitiés, comme un bouillon de culture où les bactéries les microbes les virus et autres cochonneries se mettraient à proliférer de plus en plus au fur et à mesure que la température dudit bouillon s'élève. Et à devenir plus agressives, voire plus léthales.

Et c'est là que je vais m'arrêter de raconter, à l'instant où une voix-off (le deus ex machina) nous informe d'un fait qui s'est produit mais auquel on n'a pas assisté, qui va relancer l'action et l'intérêt qu'on lui porte, en re-regardant ce qui s'est passé sous un jour nouveau. Je précise encore que toutes les scènes d'extérieur continuent d'être sublimes (les neiges du Wyoming étant largement à la hauteur, question cinégénie, de celles du Minnesota, oui Marie, c'est là que se passe Fargo...). car il faut régulièrment sortir et (donc réentrer) dans la mercerie, et, à chaque fois reclouer des planches sur la porte d'entrée qui ne tient pas). Et la sauvagerie du blizzard sied parfaitement aux dimensions extrêmes de l'écran (j'avais parfois l'impression de ne pas tout pouvoir embrasser d'un seul regard...).

Car ça continue de parler beaucoup, ça se chipote, et puis finalement ça finit par dégaîner et pan pan en voilà un de moins (après une scène assez croquignolette -et quand même plaisante à l'oeil pour le PP -pervers polymorphe- que je suis- puisqu'on y voit -si je ne m'abuse- la toute première QV de l'oeuvre Tarantinesque (qui n'est pas spécialement réputé pour être gay friendly), qui illustre un récit en voix-off (car il s'agit d'un flash-back, le premier du film, mais pas le dernier, hihihi..) où il est longuement question d'un rapport buccal assez précisément décrit... (une histoire de chaud et froid).

Samuel L Jackson  va être amené à prendre les choses en main (les flingues, plutôt), après un autre incident malheureux (et plutôt ensanglantant, et on va rentrer alors dans la (longue) partie finale et trèèèèès ensanglantante, justement. On n'en est pas à repeindre tous les murs de la maison comme dans la scène finale de Django, mais tout le monde y va quand même de bon coeur. D'autant plus que surgit un nouveau flingue, d'une façon plutôt inattendue. (Ouch!) Marie trouve que l'ensemble c'est tellement exagéré que ça en devient presque drôle..." je serai plus modéré dans mes propos (j'avais quand même presqu'un peu la gerbe en sortant.)

On aura eu droit à un autre flash-back, pour préciser la situation, où se révèle toute le sens de la mécnaique Tarantinesque et son intelligence cinématographique. avant qu'il ne faille se décider tout de même à régler définitivement les conflits et les contentieux en cours, avec toujours autant de mots,de bam bam bam,  et de rouge éclaboussé (et c'est rien de le dire).

Les lumières se rallument, on vient de passer presque trois heures avec ces salopards (le masculin pluriel est grammaticalement requis, et globalement justifié, mais le nombre inclut tout de même une version féminine de l'adjectif (et je répète que Jennifer Jason-Leigh  -ExistenZ, Short Cuts, Last exit to Brooklyn, In the Cut, Miami blues- s'y révèle encore une fois grandiose et ne dépare pas questions couilles avec les mâles testostéronés du vivier habituel tarantinesque).

très bavard et trop violent, ou trop bavard et très violent , je n'arrivais pas à trouver une formulation satisfaisante (la seule chose dont j'étais sûr, c'est que ce n'était pas deux fois trop). C'est du vrai cinoche, c'est magistral, c'est vachement bien fichu, c'est bluffant, c'est à couper le souffle mais mais mais... Mais quoi, au fait ? Pourquoi reste-t-on avec un petit poil de soupçon de bribe d'instatisfaction ? Parce que, peut-être simplement, Tarantino nous a sorti le grand jeu tarantinesque, comme un sale môme qu'il est, mais qu'on en aurait voulu en même temps encore plus (de cinoche) et un peu moins (de palabres et d'hémoglobine). Il a respecté son cahier des charges (on a eu deux huis-clos, des mecs qui discutent le bout de gras, des références à l'Amérique, des hommages et des clins d'yeux aux aînés réalisateurs, de la musique d'Ennio Morricone, des corps atteints dans leur intégrité physique, des répliques qui font mouche (et des coups de flingue aussi). Peut-être, finalement, que juste on s'y habitue, à son petit fonds de commerce...

Mais l'image du début, avec cette diligence perdue au milieu de la neige et ce calvaire annoncé (en travelling arrière) revient, et on n'a qu'une envie, c'est de remonter dedans. Et fouette cocher! et ça serait reparti...

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(Jolie campagne d'affiches, non ?)

photo-les-8-salopards-la-bande-originale-a-ecouter-et-telecharger-568d05c8d5636

(on va dire qu'il y sont tous, hein...)

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