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lieux communs (et autres fadaises)
8 avril 2016

60

(d'une belle soirée...)

samedi 2 avril, mon ami Philou fêtait -entre autres- ses soixante ans, au cours d'une soirée que j'avais beaucoup attendue, et paradoxalement (?) un peu appréhendée aussi : beaucoup de gens sur la liste des invités (que nous n'avons d'ailleurs connue que le soir même), et surtout des "groupes" différents, sans forcément de frontière commune, qui furent plutôt judicieusement dispatchés selon un plan de table (ça c'était rigolo, un peu comme à un mariage) : la famille, les voisins, les collègues, les normaliens, les vieux amis, les "divers", chacun pouvant d'ailleurs appartenir à l'un et/ou l'autre de ces groupes, mais surtout beaucoup de gens connus depuis longtemps, très longtemps, et pas revus tous ensemble à la fois

à l'arrivée, d'ailleurs, dans cette grande salle des fêtes, les entrées étaient progressives (vous savez, comme l'eau e la piscine quand on descend doucement et qu'on hésite à se mouiller le ventre) chacun pouvait un peu séjourner dans l'entrée (le vestiaire) , "le sas", où stabulait un petit groupe mouvant, les tout nouveaux arrivants saluant les juste arrivés, et étant salués à leur tour par les encore plus nouveaux arrivants, comme un tour de chauffe avant de pénétrer dans "la" salle

dès l'arrivée, d'ailleurs, comme je l'avais plus ou moins pressenti, des yeux se sont mouillés, les miens, mais pas seulement), tant cette situation était émotivement intense : quand se reconstitue soudain, comme par magie, le petit groupe d'ami(e)s que vous aviez constitué en 1974, l'émotion est d'autant plus forte que l'on se retrouve, là, en 2016, mais c'est comme on était soudain, justement, propulsé en arrière, et qu'on avait à nouveau dix-huit ans (18 ans, oh lala), et comme si nos silhouettes d'alors soudain en filigrane, peut-être en noir et blanc, ou en surimpression, ectoplasmes, en couleurs pâlies et voix lointaines (au cinéma on ferait ça très bien mais bon là on était dans la vraie vie)

et c'était drôle aussi la façon dont les groupes pré-existants (les voisins, la famille, etc.) restaient constitués (même debout, encore, dans les différents points de la salle : ainsi nous le noyau dur des "normaliens" de 1974, auxquels étaient venus s'agréger plusieurs  éléments des "instits", des "amis", et même des "div", sommes restés assez longtemps presque peureusement serrés dans un petit coin de la salle, à l'entrée, comme un petit troupeau (je faisais en riant "bèèèh bèèèh")

j'avais été ému dès l'arrivée, oui, le maître de cérémonie dans sa veste bleue assurant l'accueil individuel de chacun des arrivants, de voir Richard et Max, les fistons, (qu'on a connus "grands comme ça", puisque depuis leur naissance, et qui sont désormais des hommes), et Fran qui avait tracé le plan de table (sur deux rangées) mais dont la retranscription graphique ne collait pas tout à fait avec la réalité topographique (il fallut tourner la feuille de 90° vers la gauche pour que les représentations coïncident), et les gens qui arrivaient, quelques-uns que je ne connaissais pas, d'autres que j'avais du mal à reconnaître, et d'autres enfin que j'ai  connus depuis toujours

et le moment de l'apéro était comme un tour de chauffe, on avait salué celles/ceux qu'on connaissait, on papillonnait, son verre à la main (avec des cerises comme ci ou des cerises comme ça), mots retrouvailles, apostrophes, private jokes, états des lieux, projets, bilan de santé, perspectives de retraites, souvenirs souvenirs...

et quand on s'est installés à table  (merci encore pour le plan, que je qualifierais de judicieux) c'était le banquet, comme un repas normal et en même temps pas du tout, notre bout de table était joyeux, et celui de nos voisins de derrière l'était tout autant, avec toujours ce sentiment troublant de "aujourd'hui/il y a 40 ans", d'autant plus que Fran avait lancé un "défi" à l'assistance : que chacun vienne donner à son tour au micro un "je me souviens" à propos de Philou...

le degré d'alcoolémie grimpant vaillamment et avec constance comme le Philou sur les pentes du Tourmalet permettait aux cravates métaphoriques de se dénouer, et à l'ambiance de bon-enfanter, il fut question de mains aux fesses, à plusieurs reprises et sur des personnes variées, oui, c'était un peu comme un banquet de mariage (mon dieu mon dieu il y avait tellement longtemps que je n'en avais pas fait), et les "automatismes sociaux" s'étaient remis en place : c'est comme si j'avais aussitôt et instantanément revêtu mun nez rouge et mon chapeau pointu invisibles :  les conneries sortaient de ma bouche sans que j'aie à me forcer (et Pépin était sur ce terrain un excellent stimulateur, comme d'hab') et sans que j'aie à me forcer (je le redis) je faisais le pitre, oui je re-faisais le pitre, je retrouvais un peu du Rob de 1974 (comme s'il avait toujours été là) avec, tout de même, pendant un court instant, le sentiment agaçant que je faisais ça parce que j'étais censé le faire, utiliser mon  prétendu "sens de la répartie" qui fait mouche et déclare l'hilarité, que les gens attendaient ça de moi, et que je devais m'y conforter, et que, quoi que je dise, finalement, ça les ferait toujours autant se tordre (le "tu nous feras toujours rire...") et j'ai donc réussi à dire un petit quelque chose qui me tenait à coeur, et ne prêtait pas à rire, et les gens n'ont pas ri et ça m'a rassuré

Mais revenons-en à Philouchon, dont c'était tout de même "la" soirée. Il s'est prêté de bonne grâce au cérémonial des cadeaux (il y en avait vraiment beaucoup, alors que Fran nous avait juste évoqué une "boîte", pour financer un voyage au Vietnam) des livres, beaucoup, des arbres (à planter) des oeuvres d'art, des calendriers de chaque année en 6, de 2016 à 1956 (ça c'était mon idée et j'en étai assez fier...), et il a fait tout le tour de tous les gens qu'il a remerciés individuellement, et c'en était très impressionnant...

Pépin m'avait proposé, peu de temps auparavant, de faire à deux une lecture d'un texte de Valère Novarina, ce qui fut fait ensuite, jouissif -pour moi- et rondement mené

Le dessert fut parfait (deux gâteaux délicieux, un au chocolat et un aux fraises) puis champagne et j'étais tellement bien (je n'avais pourtant quasiment rien bu auparavant car je voulais "assurer" pour la lecture) et c'était bien les gens qui se levaient et qui changeaient de place pour aller discuter avec un/une autre que leur vis-à-vis de plan de table, les conversations fluctuaient, il y en avaient même là-bas, tout au bout, qui dansaient...

et quand les gens ont commencé à se lever (syndrome dit "de la volée de moineaux"), je pesnais qu'il était tôt, vingt-trois heures peut-être, et non il était deux heures et demie, quelques-un(e)s dansaient et déjà c'était l'heure de se faire la bise et repartir dans la nuit, non sans avoir échangé des rendez-vous et rajouté quelques croix dans les agendas...

Et j'ai réalisé que je n'avais pas pris une photo de la soirée, tellement ça m'avait plus de la savourer, en vrai... ah si, une seule! :

DSC03539

elle est un peu floue, non ?, mais ça résume somme toute assez bien la situation, la douceur de cette soirée, les signes, les attentions...

 

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