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lieux communs (et autres fadaises)
27 avril 2016

la crème et le pain chaud

LES MALHEURS DE SOPHIE
de Christophe Honoré

Les malheurs de Sophie, c'est un livre que j'ai adoré lire et relire quand j'étais plus jeune (là, je dois reconnaître que ça faisait un certain temps que ça ne m'était plus arrivé...) Par contre je ne connaissais ni Les petites filles modèles, ni Les Vacances. C'est pourquoi je me demandais qui pouvait bien interpréter Anaïs Demoustier en voyant la bande-annonce. Eh bien elle joue Madame de Fleurville, la mère de Camille et Madeleine, les copines de Sophie (tandis que Golshifteh Farahani joue Madame de Réan, la mère de Sophie).

Christophe Honoré, je l'ai de plus en plus aimé. Alors, après Les chansons d'amour, Les bien-aimés, que j'ai vraiment adorés, Les malheurs de Sophie, pourquoi pas ? Métamorphoses m'avait moins convaincu, peut-être que celui-ci allait m'en redonner le goût ? Le voilà vu, et j'avoue que je ne sais pas trop quoi en penser. Je connaissais donc la première partie (qui est "vraiment" Les malheurs de Sophie),  je savais par la bande-annonce que la mère de Sophie périssait en mer au cours d'un naufrage (le milieu du film) et j'ai donc découvert ces fameuses Petites filles modèles dans la foulée (la deuxième moitié du film).

Même si je ne suis pas un fan des films de mômes, il faut reconnaître qu'ils sont ici tous excellents (machisme de la grammaire française, puisque excepté le cousin Paul ce sont toutes des filles, qui donc méritent -bien- le qualificatif d'excellentes. Idem (grammaticalement) pour les personnages adultes où on ne verra que des femmes ou presque : chez les maîtres, qu'on devrait donc convertir en maîtresses -du père de Sophie on n'entrapercevra que les jambes et les bottes-, et il n'y a que chez les domestiques que la parité sera enfin un peu plus respectée -et encore, de justesse-).

Les malheurs de Sophie est-il un film "pour les gosses" ? A en croire  les bandes-annonces auxquelles on a eu droit (toutes les prochaines productions Disney Pixar) il semblerait que oui. Pour le public de la salle c'etait fifty-fifty : des familles avec une assez nombreuse progéniture pour l'ensemble, quelques adultes seuls (moi) ou appariés, et, contrastant, deux ados (de sexe différent) qui sont venus s'installer le rang devant moi, juste un peu décalés à droite de l'allée, et qui sont vite apparus être en phase d'expérimentation exploratoire, sans doute manuelle et peut-être même orale, ce qui s'avéra un peu... déconcentrant (même la mamie assise à ma gauche a fini par leur jter des coups d'oeils interrogatifs).

Non, je ne sais pas trop quoi en penser. Je peux juste dire que je me suis ennuyé un peu plus dans la seconde partie, et je ne réalisais pas à quel point le bouquin (que j'aimais tant quand j'étais petiot) était difficile à adapter, de par sa forme -plutôt théâtrale- autant que son discours -tout aussi moraliste- (oh le rêve avec l'ange gardien et les deux chemins...). Le texte se partage entre dialogues et didascalies. Trop de bibliothèque rose et on sombre dans la niaiserie lénifiante, pas assez d'enfance et on risque de basculer dans l'interprétation, au risque de la caricature. Christophe Honoré a déclaré "avoir souhaité réaliser un film en costumes un peu mal peigné", mais il faut reconnaître qu'il porte plutôt beau (le film). Question représentation, (costumes, décors) il assure impeccablement. Pourquoi donc alors prends-je des petites mines et fais ainsi la fine bouche ? Parce qu'il ne m'a pas étonné, empoigné, chatouillé, titiller, fait vibrer (ce que (se) faisaient par contre très bien les ados du rang de devant).

J'ai regretté qu'il ne s'agisse pas de tous Les malheurs de Sophie (on n'en a ici que quelques-uns, à peine la moitié), j'ai regretté que la demoiselle qui joue Sophie me donne parfois (souvent) envie de lui coller des gifles, j'ai regretté que ne se craquelle pas plus le vernis de la reconstitution, j'ai regretté que, finalement, le film soit un peu bancal (et fasse le grand écart) entre le respect de l'importance de l'observation des enfants (son "réalisme", son naturalisme, sa légèreté) et la roublardise souriante dans la façon de dépeindre le monde des adultes (qui consiste plutôt en une typologie de différents portraits féminins,  d'un extrême à l'autre : de celle en creux, l'alanguie (Golshifteh F.) neurasthénique, à celle en bosse, la ridicule (Muriel R.), surchargée, avec juste au milieu, parfaitement en équilibre, le fléau de la balance, ni trop, ni trop peu, la narratrice (Anaïs D.) -qui se met quand même en ménage avec une autre mère célibataire sans tambour ni trompette-.

Peut-être était ce simplement inadaptable en l'état (Gotlib et Alexis l'avaient pourtant réussi, en leur temps, et en BD). Trop petit pour les grands (et trop grand pour les petits). Comme chantait Brigitte Fontaine il ya longtemps "Je suis in, inadaptée...". Et les analyses "politiques" qu'en ont fait(es ?) les critiques (Sophie anarchiste, Sophie féministe, et j'en passe...) me font doucement rigoler . Ce que n'a par contre pas trop fait le film (ou trop peu).

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