Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
lieux communs (et autres fadaises)
22 juin 2016

entre-deux

C'est le mot qui m'est venu, ce soir.
Parmi plusieurs définitions, Larousse propose :

  • Partie ou place qui sépare deux choses.
  • État intermédiaire entre deux extrêmes.
  • Meuble à hauteur d'appui placé entre deux fenêtres (XVIIIe s.). 

C'est comme si j'avais réussi à mettre le doigt dessus, comme si je l'avais sur le bout de la langue...
Aujourd'hui fut une belle journée, le premier jour de l'été, il a fait exceptionnellement beau et chaud (trop ?), je l'ai passé à Besançon, j'ai mangé à l'Hermitage à midi avec Catherine et Dominique, j'ai reçu un chèque-livres, et une orchidée que j'ai promenée ensuite dans son sac tout l'après-midi, j'ai vu un film au Victor Hugo avec Dominique (Maintenant tout de suite, de Pascal Bonitzer) suivi d"un autre, tout seul, au Beaux-Arts (Bienvenue à Marly-Gomont, il s'agissait d'un film gratuit que je ne pouvais choisir qu'en ce jour précis) où je fus d'ailleurs tout seul dans la salle, j'en ai profité pour ne pas éteindre mon téléphone et j'ai répondu à plusieurs sms d'amies, je suis sorti ensuite sans trop d'encombre de Besac, j'ai respecté la limitation à 70 par crainte du radar-chantier, je me suis arrêté à mon endroit habituel et j'ai appelé Manue, elle n'était pas là, alors je suis rentré directement (en respectant la limite à 80 ce que ne semblait pas accepter au début le poids-lourd qui roulait derrière moi mais qui s'y est fait, et je me suis -rituellement- arrêté un peu sur un parking, pour y prendre un peu le frais (menteur),

où j'ai observé longuement un jeune routier barbu et torse-nu, qui faisait la sieste et m'est apparu, magnifiquement, après qu'il ait eu relevé le rideau de sa cabine (du côté chauffeur) et que cette apparition m'ait ravi, il prenait un peu des poses, j'ai sorti doucement l'appareil-photo et je l'ai photographié tout aussi doucement, craignant à chaque instant qu'il ne tourne la tête, me voit en train de le photographier, et  saute du camion pour venir me casser la gueule -il n'était qu'à une cinquantaine de mètres-, il était assis torse-nu sur son siège, a sorti d'abord un bras (le gauche) qui tenait la cigarette, puis a montré ses jambes, qu'il avait nues aussi, s'est repeigné la barbe dans le rétro, en lançant de temps en temps des coups d'oeil, mais rien d'insistant, juste comme de la curiosité, a jouoté avec son téléphone, a relevé ses jambes, la vitre de la cabine lui faisait un cadrage cinématographique, je suis descendu de la voiture, remonté, redescendu, il était en contrebas, je suis monté en direction du sous-bois où je savais que d'autres étaient en train plus ou moins de s'ébattre, je le voyais, il m'observait je crois dans son rétro, il me voyait le voir, je lui montrais le chemin, et je me suis dit à quoi bon, pour quoi faire, je suis donc redescendu et j'ai vu qu'il avait refermé le rideau côté conducteur, alors je suis remonté dans ma voiture, et quand j'ai mis le contact la portière de son camion s'est ouverte, il s'était rhabillé, il était en train de lacer ses baskets, et je me suis redit oui, à quoi bon, pendant qu'il descendait du camion, (non il n'avait pas du tout l'air armé d'intentions belliqueuses) ce jeune barbu magnifique (trop jeune trop barbu et trop magnifique), il est allé jusque derrière le camion pour pisser pendant que je passais à sa hauteur (la scène au cinéma aurait nécessité un mouvement d'appareil sans doute complexe), je roulais très lentement, je continuais de l'observer (je tâchais de) et je n'ai pas pu m'empêcher de m'arrêter à l'extrême sortie du parking (presque sur la bande d'arrêt d'urgence), je ne voyais plus que ses pieds derrière le camion, puis qui se sont remis en marche mais direction le sous-bois, il s'était décidé, il y grimpait, et j'ai redémarré pour de bon, définitivement, en me reredisant oui vraiment vraiment à quoi bon ?

et que c'était tout à fait moi ça, de passer tout ce temps dans la contemplation de cette apparition, à piquer furtivement des images, et de décider de m'enfuir et de couper court au moment précis où se produisait ce que j'avais peut-être espéré qui allait se produire, mais que je réalisais que finalement c'était bien mieux sans doute quand ça restait au stade du "j'espérais que" ou "j'aimerais que" et que je n'en avais finalement pas si envie que ça, que cette chose se passe, ou pas envie que ça se passe mal, ou pas comme j'aurais souhaité, que je ne savais pas comment réagir

et que ce n'était pas la première fois que les choses se passaient comme ça, que je réagissais comme ça, quand il ne se passait rien j'espérais qu'il allait se passer quelque chose, et quand il se passait quelque chose je faisais comme s'il ne se passait rien, ni ci ni ça, que l'idée même d'essuyer un refus, de ne pas lui convenir m'était pénible et justifier que je n'essaye même pas, que je préférais finalement ne pas savoir, et continuer de rêver, et je me disais tout ça en roulant et ça me rendait un peu mélancolique, oui, mais que c'était tout de même un joli cadeau

DSC07284

Commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 413