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lieux communs (et autres fadaises)
24 juin 2016

avis(s) de tempête

(trois pour le prix d'un)
les hasards de lecture ont fait que je viens de lire successivement trois bouquins qui ne m'ont pas laissé indifférent (et je reste mesuré dans mes propos):

la belle vie

LA BELLE VIE
de Matthew Stokoe

Il était dans la pile "acheté mais pas encore lu", et, comme je venais de terminer Trois hommes deux chien et une langouste de ce (très) cher Iain Levison (et que je ne voulais pas tout de suite comme ça goulûment dans la foulée attaquer Arrêtez moi là, le dernier de lui qui me reste à lire, je me suis senti assez fort pour attaquer celui-ci, dont j'vais lu pluslieurs fois sur le ouaibe combien il était raidos à encaisser... d'autant plus que la référence à Brett Easton ellis (et la préface de Dennis Cooper étaient encore moins là pour me rassurer. Je me suis lancé (c'est bien le mot) et je l'ai lu jusqu'au bout, d'une traite ou presque, en reprenant le moins possible ma respiration. Oui, c'est raide. c'est très raide (pour moi, en tout cas). sur une trame vaguement polardeuse (un jeune ambitieux dont l'ex petite copine, prostituée et camée a été retrouvée morte, éviscérée et violée post-mortem, décide de mener son enquête, et va rencontrer successivement un flic assez chtarbé et une riche héritière qui ne l'est pas moins, et roulez jeunesse...), ce (gros) roman ne va plus vous laisser la plus minime étincelle d'espoir. C'est raconté à la première personne par le jeune homme qui ne rêve que d'une chose devenir célèbre et, surtout, riche. Et est prêt à tout pour percer (c'est le cas de le dire, la suite le confirmera). C'est malsain et dérangeant dès le début, et ça n'ira pas en s'arrangeant. Le roman peut se voir comme un catalogue de déviances et perversions diverses (certaines tellement "pointues" que je ne suis même pas sûr qu'elles aient un nom), avec notamment une fascination assez marquée pour la merde (une fois ça va, à la quatrième, bon... je parlais de ne pas reprendre sa respiration).
Et pourtant le bouquin on ne le lâche pas (même si à plusieurs reprises on lit certaines scènes extrêmement en diagonale... le marteau-piqueur, c'était vraiment vraiment indispensable ???) car l'auteur a l'intelligence (ah je le sentais venir celui-là, tant pis j'assume) de nous placer, par rapport à son bouquin, dans la même situation que le personnage personnal par rapport à la situation qu'il décrit (qu'il vit). Un genre de fascination perverse. De sidération. On est là et on tourne les pages, et on va jusqu'au bout. Extrême, et extrêmement fascinant (l'auteur ayant, de plus, su entretenir un grand mystèresur son identité vis-à-vis des médias : pas de photos, par d'interviews, rien). Pas pour les chochottes donc. Pour vous donner un intervalle de grandeur, Goodis ou Thompson rewrité par Sade (ou le contraire). Prêt(e)s ? Mon exemplaire reste à disposition.

*

thérapie de choc

THERAPIE DE CHOC POUR BEBE MUTANT
de Jerry Stahl

Et j'ai enchaîné in petto sur celui-ci, qui était juste à côté sur l'étagère "acheté mais pas encore lu", à la seule différence que j'en connaissais l'auteur (et c'est d'ailleurs pour ça que je l'avais acheté). J'avais adoré son A poil en civil (que je reconnais avoir acheté au départ quasiment juste sur son titre), plutôt fou furieux, beaucoup aimé son Anesthésie générale (malgré une dernière partie vraiment "pas pour les chochottes" on y revient) tout aussi fou et encore plus furieux, et donc je me sentais comme qui dirait prêt. Surtout juste après le Stokoe.
Quelle erreur!
Pourtant ça commence plutôt très bien comme j'aime, un héros déglingué qui nous raconte sa vie de looser (un peu comme chez Levison, sauf qu'ici il s'agit de sa vie de camé, d'extrêmement camé, surtout, ce qui faisait donc bien le joint -le shoot plutôt- avec Le Stokoe) avec précision et avec humour. Cet humour bien noir et bien destroy que j'aime chez Stahl. (il ne prend pas de gants, et il dégomme.) Jusqu'à ce qu'il prenne le bus et qu'il rencontre -tadam!- une jeune et jolie jeune fille, qui va se révéler tout aussi  camée que lui, et beaucoup plus folle. Et l'escalade (la dégringolade) commence : un premier meurtre (gratuit), dans les toilettes pour hommes d'une gare routière (avec un trombone!) où il s'avèrera que la victime n'est pas la bonne, qui sera suivi d'un second, tout aussi précis et encore plus violent (complaisamment) -de l'utilisation du taser sur un adjoint au shérif qui n'avait rien demandé- où il s'avèrera encore une fois que ce n'est pas le bon bonhomme

et là j'ai tout laissé tomber. A quoi bon ? Défonce, d'accord, folie, d'accord, violence d'accord, ce qu'il faut, mais tout à coup c'était trop, juste trop, et l'humour n'était plus suffisant comme justification pour que je continue cette odyssée pharmaceutique épouvantable (j'ai juste regardé la dernière page, pour me faire une idée). C'était drôle au départ, puis c'était violent mais ce n'était plus que gratuit. Méchamment gratuit. Et la complaisance ayant des limites (la mienne) j'ai donc refermé le bouquin -ça faisait quelques dizaines de pages que j'avais commencé à me poser la question et ce genre de choe m'arrive rarement- et l'ai reposé sur l'étagère. Une autre fois peut-être ?

*

de l'orage dans l'air

DE L'ORAGE DANS L'AIR
de Carl Hiaasen

En traînant sur mon blog polar préféré (ici), Actu du noir, j'ai repéré dans une chronique un nom en gras qui revenait, celui de Carl Hiaasen, dont jusque là j'ignorais tout, et dont l'auteur du blog précisait qu'il était un de ses écrivains préférés... Hmm hmm. J'ai fouiné un peu sur le ouaibe, me suis documenté sur le bonhomme, écouté les sons de cloches, et couru enfin chez le bouquiniste local, où j'en ai -heureusement- trouvé deux. J'ai donc attaqué celui-ci, aussi sec.
480 pages écrites serré, et un univers joyeusement déjanté, fou furieux lui-aussi à sa manière, mais -heureusement- d'une grande drôlerie. La Floride, un ouragan maousse costo, et tout ce qui peut bien se passer après. Oui, quasiment tout. vont venir s'y agiter une palanquée de personnages plus ou moins... honnêtes (un conseil, ne fractionnez pas trop la lecture au début, ou bien faites une liste au fur et à mesure, tellement il y en a), chacun(e) s'avérant à la poursuite d'un ou plusieurs autres personnages mais étant lui-même (elle même) poursuivi(e) par d'autres, tout ça convergeant / tournant autour d'une maison précise, d'un reste de maison plutôt, dévastée par l'ouragagn en question.
Des jeunes mariés, un tueur à la mâchoire de travers, une intriguante qui veut se taper un Kennedy Jr, un ex-sénateur redevenu sauvage, un (jeune) rescapé d'un accident qui jongle avec des crânes, un entrepreneur peu scrupuleux, un vendeur de mobile homes qui ne l'est pas davantage, une veuve repentie mais surtout motivée par l'appât du gain, un assureur malléable, un flic intègre, et pas mal d'animaux sauvages en liberté... On est vraiment en plein milieu de l'oeil d'un cyclone bienvenu, presqu'à la limite du comic d'ailleurs, tant l'auteur est parfaitement à l'aise dans la gestion de ses multiples histoires, avec leurs multiples personnages et leurs encore plus multiples intersections (il est très doué pour le découpage, et la gestion du temps aussi.) Bref ça se déguste, ça se savoure, ça se sirote, ça fait du bien, et on en redemande (quel bonheur de découvrir un écrivain qui écrit depuis très longtemps!). Et ça se range sur l'étagère "livres délectables". Je vais de ce pas m'attaquer au deuxième, Jackpot, dont on m'a également dit le plus grand bien... A suivre!

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