Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
lieux communs (et autres fadaises)
2 août 2016

mensonges

IRRÉPROCHABLE
de Sébastien Marnier

Marina Foïs a déjà une filmographie conséquente (et intelligente) et a su prouver l'étendue du spectre chromatique de son jeu. (De la comédie popu grand-public au film d'auteur cinéphilisant, de la gaudriole ++ au drame ++, en gros). Là, on est à une des extrémités. La plus sombre. Tout au bord. Elle joue Constance, une jeune femme qui quitte Paris pour revenir "là-bas", six ans après avoir, justement quitté "là-bas" pour partir à Paris, et planté tous ceux qu'elle connaissait alors (son patron, et aussi son amant). Constance, on s'en rendra compte assez vite,  est une jeune femme "instable", (ou, mieux, "perturbée"). Toujours en porte-à-faux avec la réalité (ou la tordant régulièrement jusqu'à la faire ressembler à son idée de réalité à elle).
Quand elle revient "là-bas", "pour s'occuper de sa mère", elle retourne à l'agence où elle avait travaillé six ans plus tôt et tente de se faire ré-embaucher. Mais Alain, le patron, lui préfère une jeune fille, et Constance va s'employer dès lors à récupérer ce qu'elle estime être "son" emploi... Par tous les moyens. Elle renoue avec Philippe, son amoureux de l'époque (Jérémie Elkaïm), tout en vivant une relation très "sexe" avec un voyageur rencontré dans le train (Benjamin Biolay). Elle observe la jeune fille, devient copine avec elle...
Plus que le pamphlet sociétal dont il se revendique dans les interviews, le réalisateur nous entraine vers le territoire balisé, mais néanmoins dangereusement instable (insécurisant) du film de genre, du thiller psy. Portrait d'une... sociopathe ? psychopathe ? névropathe ? , enfin, d'une demoiselle qu'on pressentait déjà pas tout à fait bien dans sa tête dès le début du film ou presque, et qui va de plus en plus nous inquiéter au fur et à mesure qu'elle se révèle. Marina Foïs s'y révèle excellente (elle est pratiquement de tous les plans du film) fascinante, glaçante (le film ne fait que s'acheminer vers l'issue fatale qu'on pressentait presque depuis le début, et le fait à la fois d'une façon rectiligne mais hâchée, avec des plans montés très secs maniant habilement l'ellipse, pour nous faire, à chaque fois, autant douter que redouter) dans l'économie de jeu, la retenue perpétuelle ne laissant qu'à de rares moments l'occasion d'exploser et de laisser affleurer sa profonde (vraie) nature.
Constance est une menteuse. Une fausse gentille. On réalise, au fur et à mesure que le film progresse, qu'elle aura menti sur à peu près tout. ce qui la rend, non pas attachante (elle est tout sauf attachante) mais pathétique. Il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de s'y identifier, mais le climat anxiogène du film est tel qu'on passe tout le film, crispé, à attendre que la réalité finisse par la rattraper (et la toute dernière scène est à ce titre assez impressionnante).
A noter aussi la (plaisante) musique électro de Zombie zombie (jusque là de moi inconnu(s) au bataillon) qui accompagne le film.

002350

Commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 392