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lieux communs (et autres fadaises)
14 septembre 2016

money money money

DIVINES
de Houda Benyamina

Presqu'en sortie nationale dans le bôô cinéma. et à 5€ s'il vous plait, avec la carte de membre des Amis du Cinéma. J'avoue, j'y allais... prudemment. Le syndrome "T'as du clito! " de la réalisatrice lors de la remise de la Caméra d'or à Cannes 2016, le symptôme Bande de filles, qu'on nous avait quand même en son temps énergiquement survendu (oui, je suis désolé, je préfère les garçons, je suis un horrible vieux réac je sais...), la transversale film de téci, tout ça me faisait un peu hésiter, j'avoue, et c'est ce bon vieux Pierre Murat, de Téléramuche, qui a emporté le morceau. Un film chipoté et bouchepincé par ledit PM mérite en général toute mon attention (surtout que là il fait fort : en 10 lignes hop c'est plié bâché, et surtout ainsi conclu "On peut, donc, aller voir "Divines" pour des tas de raisons : sociales, politiques, prophétiques, féministes... Mais sûrement pas cinématographiques." Arghh ça m'exaspère. Autant que les Cahiâis qui prennent deux pages pour éxécuter -il n'y a pas d'autre mot- le magnifique -et par moi chéri- NOCTURAMA, de Bonello.)
C'est drôle d'ailleurs, parce qu'il y a un indéniable lien de parenté entre les deux films, j'y reviendrai plus tard.
On était deux dans la (grande) salle à cette séance de 16h. Marie et moi. Deux comme les zigototes du film, les Laurelle et Hardie que la réalisatrice nous invite à découvrir. Et ça démarre très fort, et je suis déjà soufflé sur mon siège tellement je trouve ça bien. quoi, qu'est-ce qu'il a dit, PM, "sûrement pas cinématographique" ? Alors là, se dit-on faudrait qu'il enlève (merci Emma) ses lunettes en peau de saucisson. On n'est ni dans Bande de filles, ni dans La haine, ni dans Dheepan, ni dans Ma 6-t va cracker, non non, on est juste dans Divines.
Et on se régale à suivre ces deux copines en train de faire les 400 coups, de chercher à s'en sortir, à filouter, à se faire de la money money money inlassablement, par tous les moyens. Notamment en cherchant à se faire embaucher par la caïd locale, Rebecca, "sorte de mix entre Grace Jones, Tony Montana et Booba (avec un clito)" (là je cite les Zinrocks, qui ont aussi adoré le film). La bande-annonce est très habile, et nous fait croire qu'on va voir un film qui n'est pas vraiment celui qu'on va voir en réalité. Le dernier tiers nous en aura été soigneusement caché. c'est vrai que le film est à l'image de sa réalistarice, et de son désormais fameux speech cannois : séduisant, énergique, drôle, touchant, bavard, attendrissant, soûlant parfois, mais incontestablement sidérant. je dois dire que j'en ai eu plusieurs fois les larmes aux yeux. Parce qu'il n'y a pas que la thune, il y a aussi l'amour. et c'est un magnifique danseur dont s'entiche la plus petite des deux, sorte de pitbullette qui commence par le regarder -littéralement- de haut, en cachette, avant que de... bah vous verrez bien, hein !
Je n'ai sans doute pas le recul critique ni la capacités d'analyse nécessaires pour décortiquer scrupuleusement le film, je n'en demande pas tant : quand je vais au cinéma, je veux simplement qu'un film m'embarque. Peu importe par quel(s) moyen(s) (on peut toujours y réfléchir après coup. Et c'est ce que Divines a provoqué. La personnalité de la jeune actrice qui incarne Dounia y est pour quelque chose, c'est sûr. Mais j'adore tout le climat du film, son instabilité, sa capacité de passer sans transition d'un extrême à l'autre, de s'obstiner à caracoler comme un petit taureau têtu, (frapper du pied, sortir les cornes, fumer par les naseaux, ce genre) et de ne pas lâcher le morceau, de faire de la tension un atout permanent. J'adhère, j'y crois, je suis, je participe. Même si la fascinante énergie pure de la première partie -que j'ai trouvée, cher Pm, infiniment cinématografik- se relâche un peu par la suite, ou plutôt (en gros il s'agit de la seconde partie, tout ce qui n'est pas -habilement!- montré dans la bande-annonce) freine un peu son trajet de train fou joyeusement en pétard(s) et bifurque sur l'aiguillage d'un discours (cinématographique) un peu plus "habituellement" balisé (mais nous verrouille et nous tétanise sur nos sièges, suspens, tension, voire terreurs enfantines : à un moment - la douche- j'ai même tapé sur le bras de Marie comme si j'étais à Guignol :"Attention, il est là !")
Non, le film n'est pas juste la pochade ado, effrontée et rigolarde que sous-entend la bande-annonce (et quand bien même elle ne serait que ça c'eût déjà été épatant) .Il s'agit bien d'un discours politique, et c'est tant mieux. Qui a bien su brasser et intégrer tous ces éléments -contemporains et réels- (le fric, le blingbling, la discrimination, les flics, les services sociaux, le collège, la violence, les rapports filles/garçons -et les rôles-) au sein d'un récit fictionné (oui peut-être un tout petit peu trop vers la fin...) généreux et puissant, dense et intense, et prenant de bout en bout.
Le point commun avec Nocturama (que je vous exhorte à aller voir)? Les jeunes gens, ça c'est sûr, la révolte, idem, et des éléments formels commun aux deux films, de façon troublante : un grand magasin la nuit, de la danse, et aussi des flammes qui montent, dans cette même nuit...
Allumer le feueueueu...

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