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lieux communs (et autres fadaises)
6 octobre 2016

pile et face

CLASH
de Mohamed Diab

Que des bons films cette semaine! Après la Suède, l'Allemagne, un petit tour en Egypte. Dans le précédent film du réalisateur, il était question de bus, et des femmes qui s'y faisaient harceler par la gent masculine surchauffée. Il sera aussi question ici de véhicule, de promiscuité et de surchauffe. mais dans un autre registre.
Le véhicule est un fourgon de police, un panier à salade, et la caméra va réussir l'exploit de ne pas le quitter de tout le film. Pendant les émeutes de 2013, où s'affrontent deux camps, d'un côté l'armée et ses partisans et de l'autre les intégristes religieux, avec, pris en tampon entre les deux, tous les autres, les citoyens lambda. Dans le fourgon de police en question vont entrer tour à tour deux journalistes (les premiers arrêtés) puis ceux qui ont caillassé le fourgon, puis des intégristes, etc., comme des lasagnes sociétales à la sauce égyptienne (épicée) et les conditions de cohabitation vont devenir de plus en plus précaires, la tension montant progressivement avec la chaleur, la soif, l'angoisse, et les escarmouches diverses entre les divers passagers.
Une situation confuse, éprouvante, inhumaine, insupportable, à l'image de celle du pays au même moment. Une violence aveugle, absurde, imbécile, de chacun des camps pour celui d'en face. Où la plus minuscule étincelle est susceptible d'embraser le plus explosif des brasiers. Chosir entre l'armée ou l'intégrisme. (tu parles d'un choix!). C'est comme jouer sa vie à pile ou face, en éatnt quasiment sûr de perdre à tous les coups.
Mohamed Diab respecte son unité de lieu et de temps, et les compense en multipliant les micro-histoires qui naissent dans le confinement de ce fourgon. Micro-incidents éthiques, affectifs, organiques, sociaux, familiaux, dans ce vase-clos  qui ne fait que reproduire, à sa petite échelle claustrophobique, l'irrespirabilité littérale du pays tout entier. peut-être d'ailleurs a-t-il voulu en mettre un peu trop mais qu'importe...
Plastiquement (esthétiquement je devrais dire) j'étais plutôt comblé : une population moyen-orientale majoritairement de sexe mâle, cils de gazelle, barbes de 3 jours, j'étais plutôt ravi (même si le récit ne prête globalement pas à la rigolade -il y a quand même quelques "gags"- ni à la roucoulade -bien qu'il y en ait aussi un chouïa, ça et là-) et on a même droit lors de la scène dite "des lacrymos" à un torse-nuage plaisant de tous ces jeunes gens (oui je sais je sais j'ai honte de faire passer l'esthétique avant l'éthique, hein...) Les femmes sont plus minoritairement représentées, et c'est peut-être d'ailleurs dommage...
Toute la dernière partie du film prêtera de moins en moins à la rigolade, d'ailleurs (on se doutait quand même un peu que ça n'allait pas finir à la Mary Poppins, n'empêche...).
Un film courageux qui mérite qu'on le défende. Avec acharnement et conviction(s).

Clash : Affiche

 

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