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lieux communs (et autres fadaises)
26 octobre 2016

chardonneret

RÉPARER LES VIVANTS
de Katell Quillévéré

C'était la fête au bôô cinéma. Une belle avant-première pour notre "soirée d'ouverture", avec le film de Katell Quillévéré, d'après le par nous très aimé roman de Maylis de Kerangal. Une "belle salle" aussi (presqu'une centaine de spectateurs), beaucoup de visages connus, c'était bien.
C'est moi qui avais un peu insisté pour le choix de ce film, et l'entregent de Zabetta nous avait (une fois de plus) facilité la tâche... J'étais très curieux de voir le film, d'une part à cause de la distribution, très impressionnante (Tahar Rahim, Bouli Lanners, Emmanuelle Seigner, Anne Dorval, Monia Chokri, Dominique Blanc, Kool Shen, Finegann Oldfield, Karim Leklou, Alice Taglioni, pour ne nommer que ceux que je connaissais) et d'autre part pour voir comment la réalisatrice avait pu s'approprier le roman, qui, s'il ne fait en définitive que chroniquer une transplantation cardiaque, le fait dans le style magnifique, brillantissime, qui n'appartient qu'à son auteur(e), avec sa façon de s'intéresser en détail à chacun des protagonistes du récit (et ils sont nombreux!). Le pari semblait plus que risqué.
Il s'agit bien d'une adaptation, et comme Xavier Dolan l'a fait avec Jean-Luc Lagarce, Katell Quillévéré s'est appropriée le roman, en le simplifiant d'un côté, et en le complexifiant de l'autre. Si, par exemple, l'acceptation des parents de Simon intervient beaucoup plus tôt que dans le roman, permettant ainsi de rentrer plus rapidement dans le vif du sujet, le personnage de la donneuse a été -me semble-t-il-  considérablement étoffé, pour donner encore plus de (contre)poids à l'opération.
A la sortie, les avis étaient partagés, même ceux qui avaient lu le livre n'étaient pas du même avis. (De toutes façons, dans ces cas, "c'est mon mon avis et je le partage", et -même si je ne le clame pas- je continue en général à penser que c'est moi qui ai raison. Ce que j'en pense m'appartient, et toc.)
J'ai trouvé le début du film absolument magnifique (le petit matin, le surf, l'accident -particulièrement sublime -comment peut-on écrire "accident particulièrement sublime" , un accident est par définition atroce, et bien allez voir Réparer les vivants, et vous verrez,  c'est d'ailleurs pour moi une des plus belles scènes  que j'ai pu voir cette année...-) la suite est plus "normale", banale (comment peut-on écrire que la douleur de parents est banale ?), et la réalisatrice filme beaucoup plus sagement le déroulement de l'histoire.  Une seule fois elle s'autorise une nouvelle -et très belle- transition en fondu-enchaîné, entre l'eau et la foule dans laquelle avance puis rejoint son travail  le "dispatcheur" d'organes. C'est vrai que j'aurais peut-être aimé que le film entier aie cette texture-là, mais ce n'eût peut-être pas été raccord avec la tonalité de la suite, et son aspect documentaire et réaliste. Contrebalancé, d'une certaine façon, par le casting hallucinant et son défilé de visages connus et aimés. parfois dans des circonstances très différentes (je pense notamment à Karm Leklou, ici chirurgien, et là-bas -Coup de chaud- débile léger, ou à Finnegan Oldfield, là-bas terroriste -Nocturama- et ici fils très attentionné... mais chacun(e) des autres aussi, qui réussissent à habiter leur personnage pour nous faire oublier -accepter- que ce sont eux/elles qui le jouent...) J'ai lu le roman il y a un certain temps, mais me revenaient ça et là des éléments que j'en avais mémorisé : le chardonneret, "pas ses yeux", le fantasme de l'infirmière dans l'ascenseur...).
J'avoue que j'étais, à la sortie, dans un état émotionnel tel que je ne me sentais capable ni de convaincre tel C. goguenard et presque ironique, ni de réfuter tel qualificatif de "pathos" de P. Pour moi c'était un excellent film, et Katell Quillévéré avait parfaitement réussi son job. Le roman m'avait, toutefois, davantage fait pleurer que le film (c'est encore plus fort pour un écrivain que pour un cinéaste, de réussir à faire pleurer, non ?)
Et j'avoue que l'annonce de l'adaptation cinématograhique de Corniche Kennedy par Dominique Cabrera (une cinéaste à mon avis  scandaleusement sous-estimée) me fait d'ores et déjà saliver...

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