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lieux communs (et autres fadaises)
29 novembre 2016

coqs et plumes

OLLI MÄKI
de Juho Kuosmanen

Les rencontres (cinématographiques) miraculeuses. C'est la conjonction, en général inattendue, d'un film et d'un état d'esprit, à un instant précis, une correspondance , une coïncidence, une juxtaposition. Un embrasement. C'est précisément ce qui c'est produit avec Olli Mäki. C'est d'autant plus intense lorsqu'il s'agit, comme ici, d'un film dont on n'a pas vraiment entendu parler, qu'on ne connaît pas très bien, qu'on n'a pas forcément très envie de voir...
"D'après une histoire vraie ", mouais,"l'histoire d'un boxeur et d'un match de championnat du monde en 1962" re-mouais... Et pourtant, je suis quand même allé jeter un oeil sur la bande-annonce, et là il s'est  produit un petit je-ne-sais-quoi qui aurait comme allumé la mêche d'un pétard à combustion lente... Quelque chose, quelque part, s'était, oui, allumé. Il n'y avait donc plus qu'à attendre la confirmation du feu d'artifice ou le pfschhhhht du pétard mouillé...
Et, dès la première image, le premier son, les premiers mots, je me suis senti soupirer d'aise intérieurement. Et ça a continué pendant tout le film. Oui, je ronronnais. Le noir et blanc, d'abord (c'est comme ça, je dois être affreusement snob mais J'ADORE -et donc oui je le crie- les films en noir et blanc. Le finnois, ensuite, langue aussi belle qu'impénétrable, qui fait -on n'a pas beaucoup d'imagination- qu'on a le sentiment qu'un ange kaurismakien (un bon génie, plutôt) vous fait un clin d'oeil amical depuis derrière la pellicule. Et les personnages du film, ensuite. Le héros : un boxeur que son entraîneur vient d'inscrire dans la catégorie inférieure à celle de son poids habituel (de moins de 61, le voilà dans les moins de 57), un petit gabarit trapu avec une bonne bouille, qui attire tout de suite la sympathie. Son entraîneur aussi, ex-boxeur mais aussi homme d'affaires. Et sa petite amie (du jeune boxeur), Raija, une demoiselle souriante mais qui n'a pas la langue dans sa poche. L'histoire commence quelques semaines avant le mirifique match de championnat du monde (le premier de son espèce a avoir lieu en Finlande) et concerne l'entraînement de notre petit boxeur, quia une obligation, celle de perdre du poids pour passer en dessous de la barre des 57kg, à la pesée. mais plus le temps passe et plus il pense à sa chérie, et donc moins il s'occupe de sa perte de poids. c'est un film de boxe, mais ça n'est pas un film de boxe habituel, brutal,  testostéroné, et hagiographique. Je n'avais rien lu là-dessus avant (sur la "vraie" histoire je veux dire) et je ne savais donc rien de l'issue du fameux match. mais j'ai le sentiment que j'étais, à cet égard, comme notre boxeur d'amour : s'il gagnait, c'était bien , mais s'il perdait, c'était bien aussi. Là n'était pas -vraiment- l'intérêt du film.
Olli Mäki (c'est le titre français du film, le titre original étant "le jour le plus heureux dans la vie d'Olli Mäki") est autant un film sur la boxe qu'un film sur l'amour, ou sur la vie en général, et la façon qu'on a de la passer, et des choix qu'on est amené à y faire. Mais rien de sentencieux, de pontifiant ou de doloriste. Une vie comme ça, juste.
Juste une vie, mais le film l'est, miraculeusement et de bout en bout, juste. Justement simple, et simplement juste. Ca finit avec une scène de ricochets, et c'est très bien comme ça... C'est simple, c'est émouvant, c'est décomplexé, c'est réjouissant. Avec ce noir et blanc charbonneux somptueux (un critique a évoqué l'atmosphère des premiers films de Forman et l'analogie semble assez juste -d'autant plus que la reconstitution de l'époque est virtuose (trop, a soupiré un autre critique) et fait que vraiment on s'y croirait.-.
Bref un moment de cinoche délicieux, qui fait autant plaisir qu'un saladier d'oeufs à la neige, c'est dire (oui, je confirme que c'est mon dessert préféré...)
Comme ça, à vue de nez, je dirais "Top 10", oui oui.

597021

"Le mauvais cinéma, qui a une longue histoire, aura quand même inventé cette chose incroyable dont on a encore du mal à évaluer les effets : la figure d’un mensonge non langagier, une catégorie audiovisuelle du «faux». Un film ment, mais par rapport à quoi ? Il n’y a pas au cinéma de critère logique du vrai, qui serait l’autre absolu de ce faux, il n’y a que la dialectique interne du succès et de l’échec."
(Oui, il y a un "critique" de "cinéma" qui a écrit ça dans un journal, à propos de ce film. Et c'est le genre de jargon/glose qui m'énerve.)

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