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lieux communs (et autres fadaises)
28 décembre 2016

bulles

SOUVENIR
de Bavo Defurne

On avait passé le premier film du monsieur, Sur le chemin des dunes, dans notre première semaine belge, un joli film au charme un peu rétro, un peu mélo, un peu kitsch,un peu queer, où un jeune garçon, doté d'une mère un peu fantasque, découvrait l'amour dans les bras de son ami d'enfance... Dans une époque imprécisément datée, mais reconstituée avec soin.
Il nous revient avec l'histoire d'un jeune homme (Kévin Azaïs, décidément très bien) qui rencontre une dame (qui pourrait être sa mère) dans l'usine de pâté où elle travaille, et reconnaît en elle une chanteuse qui eut son heure de gloire trente années plus tôt en représentant leur pays (qui n'est jamais précisément nommé) dans un "concours européen de la chanson". Lui est boxeur, intérimaire dans le pâté, elle, ex-chanteuse, a fait de ce pâté son quotidien, tout comme le whisky qu'elle écluse le soir assise seule devant sa téloche.
Qui a vu Sur le chemin des dunes sera ici en terrain de connaissance. Même approche formelle, conjonction d'une stylisation (à la fois de l'histoire et du décor) et d'un sens méticuleux du détail. Et toujours cette volonté de ne rien dater précisément (il y a la télévision, ils ont des téléphones portables). Le choix de Pierre et Gilles pour réaliser l'affiche semble aller tout à fait dans ce sens. Avec l'iconisation de Laura / Huppert sur un fond kitsch/glamour très rose, où le "réel" serait transcendé, sublimé, par une "mise en forme".
J'adore Isabelle Huppert, et, comme d'hab', elle tient sa partition haut la main (oui, même en ouvrière de l'entreprise de pâté, ce qui a fait hurler à la mort certain critique de Libé, l'accusant par ce rôle de trahir la mémoire de toutes les ouvrières du monde ... décidément les critiques de L. devraient un peu se calmer je pense...). L'affiche ne ment pas, elle est au centre de tout ce rose, elle prend toute la place (avec un rôle de star déchue comme celui qu'elle tenait dans Asphalte, face au jeune Benchétrit). Presque toute la place, car face à elle (le jeune) Kévin Azaïs, avec sa moustachette, ne démérite pas.
C'est quand même délicat, l'histoire d'une relation entre une dame mûre et un jeunot plein d'hormones. Que ça fonctionne et qu'on y croie. Le blé en herbe est passé par là. Mais c'est bien que les rôles soient inversés, ils ne le sont finalement pas si souvent.
L'imagerie "Pierre et Gilles" confirme cette stylisation, cette volonté de tirer le film vers un "réalisme irréaliste" (ou un hyper-réalisme excentré. Baroque.). Comme Personal Shopper, bien que dans un univers très différent, il s'agit surtout d'un film de genre, et donc de codes, et l'obligation pour le spectateur d'accepter ces codes, de bien vouloir jouer le jeu.
Souvenir, de par sa mise en scène, sa construction, son montage, et même de la typographie de son titre, s'assume entre mélo et roman-photo (bluette même diront certains méchants) dont Isabelle Huppert deviendrait la caution arty. Dès le début ou presque on sait comment tout ça va se terminer, mais ça n'est pas gênant. Tout ça est fait avec amour.
L'amour, l'hopital, le couloir, la perfusion, l'étreinte, tout ça est presque trop beau pour être vrai. Et le réalisateur vient justement, avec finesse, nous le rappeler, que ça ne l'est pas, "vrai", puisque c'est, justement, du cinéma. En prenant juste la distance nécessaire.
"Joli garçon, je dis oui..."

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