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lieux communs (et autres fadaises)
23 février 2017

petit commerce

055
MA'ROSA
de Brillante Ma Mendoza

Vu juste après Moonlight, le contratse est... saisissant. Manille, chaleur, humidité, foule, trafic. Une mère et son fils font les courses dans une grande surface et les rapportent dans leur petite échoppe. Bonbons, sucettes, chips, babioles. La nuit, la pluie les accompagnent, mais surtout, aussi,  la marque de fabrique de Brillante Mendoza : la caméra portée qui les suit sans cesse, et rajoute encore du vertige à cette frénésie moite. Ca tangue et chavire, ça s'agite, ça s'en va et ça revient, y a du tangage et y a du roulis, et surtout ça dure et ça dure. On a envie de crier "arrêtez je veux descendre!" tellement à la longue ça devient pénible, on a envie de s'arnacher à son siège, on a envie de fermer les yeux.
Ma'Rosa et son mari ont une petite boutique, mais ils ont rajouté un rayon à leur petit commerce de proximité, ils vendent aussi de la came, des petits sachets de poudre blanche qu'ils glissent en douce (on assiste à une transaction) dans un paquet de clopes, à la bonne franquette.  Entre son mari et ses trois enfants, les clients,  le dealer, les créanciers, les débiteurs,Ma'Rosa a beaucoup à faire. et ça ne va pas s'arranger lorsque débarquent une escouade de flics qui viennent les arrêter, elle et son mari, pour recel et vente de stupéfiants (la caméra va encore bouger encore plus...).
Les voilà emmmenés au commissariat, où on ne les fait pas rentrer par l'entrée principale mais par derrière, dans une pièce où se bousculent pas mal de "flics" du cru dont on comprend assez vite qu'ils sont pourraves de chez pourrave, ce qu'ils veulent surtout c'est du fric, et mettent alors en place une procédure mi-interrogatoire et mi-transaction, où ils finissent par fixer le montant -exorbitant- de la "caution"  contre laquelle ils pourront être libérés. La dénonciation -puis la capture- de leur dealer ne va pas vraiment régler les choses, en tout cas comme Ma'Rosa l'avait espéré, puisque, sur les 200 000 exigés au départ par les flics, il va encore rester 50 000 à régler.
C'est l'occasion d'un long huis-clos dans cette pièce surpeuplée, où ça parle beaucoup, avec des flambées de violence occasionnelles comme on en a déjà bien connu chez Mendoza, et où la caméra s'agite pas mal encore. (Le réalisateur prend le parti, pour "aérer" son récit de suivre en (long) plan-séquence chaque personnage qui sort de la fameuse pièce, sans que cela soit forcément d'une quelconque utilité pour l'intrigue, mais c'est vrai que ça fait du bien de respirer un peu.)
50 000, donc. C'est ce que vont apprendre les trois enfants venus voir leurs parents. Ils doivent alors se débrouiller pour gratter, chacun, de son côté et avec ses propres moyens, tout l'argent possible pour réunir cette somme et libérer leurs parents. La jeune fille va voir les voisins et la famille, et récolte les dons, le cadet préfère se prostituer, l'aîné revend ce qu'il peut (la télévision, le karaoké , peut-être ?).
Au retour chez les flics, ils n'ont réuni "que" 46 000... Les 4000 manquants ? C'est l'occasion pour Ma'Rosa, qu'on laisse alors repartir, de tenter de faire l'appoint. Et le point aussi...
Le personnage est beau, et touchant, mais ne suscite pas forcément toute cette avalanche de dithyrambes, ni même forcément ce prix d'interprétation à Cannes. Tout le reste de la famille n'est, justement, pas en reste, et l'aurait sans doute tout autant mérité. Cannes s'est emballé, Cannes s'est engoué, Cannes à trompetté, et le reste du monde (critique) a suivi...

520807

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