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lieux communs (et autres fadaises)
20 mai 2017

qu'angola que l'amour...

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LETTRES DE LA GUERRE
d'Ivo M Ferreira

Un film dont j'ignorais tout avant qu'hervé n'en parle. Antonio Lobo antunes je connaissais juste de nom, mais je n'avais jamais fait l'effort de m'y plonger. Il s'agit ici des lettres qu'il a envoyées à se femme alors qu'il était médecin militaire en Angola. J'avoue que le résumé ne m'en avait pas fait plus frémir que ça et que je m'y suis rendu, cet aprèm', dans le bôô cinéma,  moitié par curiosité et moitié par politesse.
Et vlam! (c'est le bruit d'une claque (ou plutôt vlam! vlam! plutôt le bruit d'une bonne paire) dans la figure, pour figurer à la fois la surprise et l'intensité de celle-ci).
Ivo M. Ferreira a réalisé un film qui m'a mis doublement (voire, triplement) sur le cul. Lettes d'amour, donc D'Antonio Lobo Antunes à son épouse, lettres d'amour quotidiennes, tour à tour lyriques, embrasées, splendides, incandescentes, débordantes. Rien que ça pourrait justifier d'aller voir le film (elles sont lues le plus souvent par une voix féminine -celle de leur destinataire- mais quelques fois, aussi par une voix masculine (celle de l'expéditeur).
Et ces lettres viennent se poser sur les images de la vie de notre médecin épistolier en Angola, au sein d'une guerre où personne en comprend grand-chose. La vie militaire, quotidienne, au ras des paquerettes, filmée dans un noir et blanc à la fois simplissime et grandiose. Et le décalage entre ces deux formes narratives (au terre-à-terre de la vie des bidasses répond le ciel-à-ciel des lettres lues) produit un effet de sidération qui grandit plus le film progresse. Je m'en suis déjà expliqué plusieurs fois auparavant ici même, bien qu'étant un pacidiste convaincu je suis pourtant... séduit, très souvent au cinéma dès qu'il est question des bidasses, troufions et autres piou-pious, mais bien plus dans leur quotidien (le camp, les chambrées, l'inaction, les chaussettes sales, bref le prosaïque) que lors des attaques, représailles, et autres opérations logitisques et guerrières qui ne me passionnent pas vraiment.
Et (la référence m'avait fait peur car je n'avais pas vraiment aimé le film) le sublime noir et blanc à la Tabou (de Miguel Gomes) cisèle à merveille des ambiances à la fois triviales et lyriques (on suit le traintrain d'Antonio, le narrateur, au jour le jour, dans la rusticité moite de son camp à Chiunge, avec sa routine, ses incidents, ses rencontes) que la perfection des cadrages, des contrastes, des angles de prises de vue, viennent encore magnifier.
Et plus encore le texte de ces lettres d'amour, toujours fascinantes, mais dont quelques-unes sont carrément sublimes, tant l'écriture se fait incantation (je pense à une, notamment, qui n'est qu'une longue liste de qualificatifs de l'aimée).
Je m'en suis d'autant plus voulu d'être un tout petit peu tombé en somnolence au tout début du film, et j'ai dû me pincer avec la plus grande énergie pour, par la suite, ne plus en perdre une miette.
"Une splendeur" dit l'affiche, et c'est tout à fait juste.
Encore une fois merci, Hervé.
Top 10, probablement.

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