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lieux communs (et autres fadaises)
10 décembre 2017

antigoniste

207
POUR LE RÉCONFORT
de Vincent Macaigne

Ce post ne sera peut-être pas le plus strictement objectif de ceux que j'ai pu écrire : quand on aime, on ne compte pas.
Et Vincentchounet, là, justement, j'ai déjà clamé partout et par ailleurs tout le bien que j'en pensais, en tant que nounours et en tant qu'acteur...  En tant que metteur en scène, je ne peux rien en dire, n'en ayant rien vu, mais je vais pouvoir en dire quelque chose en tant que réalisateur (qui rejoint d'ailleurs, par la bande, la casquette précédente, celle de théâtreux.)
Comme son précédent court-métrage, Ce qu'il restera de nous, en son temps primé à Clermont-Ferrand, Pour le réconfort a tout de même beaucoup à voir avec le théâtre. Il s'agit, pour les deux films, d'impros proposées aux acteurs et filmées. Le point de départ revendiqué est, ici, et un peu lointainement, cette chère Cerisaie de Tchékhov : un frère et une soeur, propriétaires terriens (une vieille bâtisse laissée à l'abandon et des terres, beaucoup de terres) qui reviennent, après des années passées à l'étranger, justement sur leurs terres, qui ont été entretenues (entre-temps) par un couple de métayers, avant que n'arrive un promoteur décidé à racheter l'ensemble pour y construire des datchas pour le troisième âge.
Trois couples, donc, les possédants (Pauline et Pascal), les possédés (Laurent et Joséphine), et, pourrait-on dire, les possédeurs (Emmanuel et Laure)... Chaque personnage porte le prénom de l'acteur qui l'incarne, c'est plus facile pour s'y retrouver. Ces gens-là, qui sont amis (ont été amis ?) se retrouvent, parlent ensemble, dialoguent, mais le plus souvent moins sous forme de conversations "normales" que de monologues où ils ne regardent même pas la personne à laquelle ils s'adressent -ou, encore plus souvent, sur qui ils sont en train de hurler-.
Car ça criaille pas mal, et pas toujours de façon justifiée pour le spectateur-trice lambda (n'est-ce pas, Marie?). Et à cet exercice, c'est Emmanuel Matte (on ne voit -on n'entend- que lui dans les deux bande-annonces) qui se révèle le plus virulent (le plus obstiné). Il gueule contre tout : ses amis, la France, l'Europe, le jogging, les riches, les morts, les vivants, bref, en gros, tout ce qui n'est pas lui. (Alors que son personnage, s'il fait au départ partie des "pauvres", est tout de même sur le point de racheter la baraque et les terrains, donc il aurait a priori quelques raisons d'être moins amer.)
Alors oui, parfois, l'aspect strictement théâtral ("Manu, tu prends Laurent à part et tu lui cries dessus sans le laisser parler") peut paraître un peu répétitif. L'exercice. Le scénario est minçounet -une demi-feuille de papier à cigarette-, là n'est pas l'intérêt ni le souci de Vincent Macaigne : le film n'existe au départ que par ce que les personnages / les acteurs disent, la violence -le désespoir- qu'ils expriment, qu'ils ressentent, qu'ils s'envoient aux figures les uns des autres.
Mais bon j'ai globalement adoré ça. dans les limites, de, justement, l'exercice. Même s'il s'agit pour moi de "cinéma par la tangente"...
Mais Vincentchounet, heureusement, ne nous tient pas tout le temps la tête sous l'eau juste à filmer en  plan moyen des gens qui parlent, et nous laisse un peu respirer, à intervalles réguliers (ce que j'appellerais "les moments de vrai cinéma", des scènes de fêtes et de danse avec la musique à donf qui fait boum boum boum, ou bien une très jolie scène de baignade au crépuscule, jusqu'à celle, finale et désenchantée, arrosée au cidre...)
Le titre est, bien entendu, un mensonge, une sacrée litote, en tout cas. Mais ça fait, aussi, partie, du paradoxe Macaigne : comment un nounours d'apparence aussi attendrissant  (son créneau de personnage habituel, celui qui me plaît tant, d'ailleurs) et roudoudou peut-il mettre en place (donner à voir) des choses aussi acidement -radicalement, systématiquement- violentes ?
VOUS NE SAVEZ PAS ? HEIN ? (oui je vous crie dessus pour terminer ce post en point d'orgue)

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