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lieux communs (et autres fadaises)
13 décembre 2017

un lévrier, beaucoup de poissons rouges, et quelques agneaux

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LA RONDE
de Max Ophuls

Je n'avais jamais vu ce film, et j'ai d'ailleurs failli le manquer (une unique séance à 13h30) et pile-poil le temps d'arriver en ville, de payer le parking et de courir jusqu'à la salle. Pile-poil. De la belle ouvrage (avec toute la plus belle lingerie d'actrices de l'époque : Simone Signoret, Danielle Darrieux, Odette Joyeux, Simone Simon, auxquelles répondaient les galants Reggiani, Gélin, Barrault, Philippe)pour un étourdissant ballet orchestré par Anton Walbrook, que j'avoue ne pas connaître. C'est adapté de Schnitzler (que je n'ai pas lu), mais la structure même (A aime B qui aime C qui aime D etc. et tournez manège...) ne déparerait chez Tchékhov (chez qui les choses eurent sans doute été moins chamarrées et effervescentes). Bref c'est magique, étourdissant, éblouissant, et ça donne envie de courir à la Cinémathèque pour (er) voir tout Ophuls. (Je ne connaissais pratiquement que le sublime Lettre d'une inconnue, d'après Zweig). Magnifique pour commencer cet après-midi de cinéma.

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UN HOMME INTEGRE
de Mohammad Rasoulof

... Qui continuait quasiment aussi sec (dix minutes de pause) avec ce film iranien que j'ai préféré à La Villa, qui commençait à la même heure. Et qui a tenu ses promesses au-delà de mes espérances. (Je connaissais déjà Mohammad rasoulof, qui a  réalisé les très forts La vie sur l'eau, Les manuscrits ne brûlent pas -de terrifiante mémoire- et Au revoir).
Un homme qui a quitté Téhéran et est venu s'installer à la campagne avec sa femme et son fils dans une ferme s'est lancé dans la pisciculture. Les débuts sont difficiles (qui dit début dit banque, emprunt,intérêts...), d'autant plus qu'il s'avère très vite qu'une "Compagnie" est intéressée par l'achat de son terrain et va tout faire pour lui pourrir la vie et le pousser à vendre.
Seulement cet homme intègre du titre, à partir du moment où il refuse de payer les pots-de-vins et pourboires divers pour graisser les successives pattes de ceux à qui il a à faire, va se heurter frontalement à un système bien mis en place. Et donc au modus operandi quotidien iranien. (" ou tu es oppresseur, ou tu es opprimé..." Et va le payer de plus en plus fort.
Le film est très intense, on y est dans un état de tension constante, aussi immergé que le héros (qu'on voit d'ailleurs, régulièrement aller se réfugier jusqu'au cou dans l'eau d'une grotte -ces séances sont magnifiques, et comme les respirations indispensables dans cette histoire étouffante- pour y siroteren cachette du vin de pastèque fait maison).
Le film tient un peu du western rural (le bon nouvellement arrivé affronte les seigneurs mafieux locaux) et rejoindrait en celà le traitement du beau My sweet Pepperland, compte tenu du rôle qu'y joue, dans chaque cas, la compagne du héros. Ici, la femme de notre héros est directrice d'école (Golshifteh Farahani était maîtresse) et elle tente d'intervenir par tous les moyens dont elle dispose, ce qui met encore plus en pétard les méchants.
Après Téhéran tabou, le film en remet sans pîtié une couche sur tout ce qui est pourri au royaume d'Iran (et c'est rien de le dire). Le film a d'ailleurs coûté à son réalisateur la confiscation de son passeport et l'interdiction de tourner. Un film fascinant, où on craint à chaque fois le pire, qui finit généralement par arriver... Magnifique, encore, pour continuer.
Top 10

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SEULE LA TERRE
de Francis Lee

J'ai dû tenir deux heures pour assister au film suivant, dont je ne connaissais encore rien la veille. (Tiens, encore un film de chez Pyramide, chapeau pour le line-up!). J'ai même failli ne pas en avoir la patience, le froid, la nuit, les décos de noyel, tout ça, mais,  après une pizza au Royal, les choses allaient nettement mieux.
En route pour l'Angleterre où Johnny, un jeune paysan, mène une vie pas très rigolote dans la ferme où en plus des travaux et des soins aux animaux il doit s'occuper de son père handicapé, avec l'aide de sa grand-mère. Une introduction quasiment documentaire, âpre, rêche, comme si Ken Loach avait adapté Petit paysan. Pour se distraire, le jeunot se bourre régulièrement la gueule le soir au pub, et assouvit -assez rudement- sa libido dans des petits coups vite faits avec des mecs croisés. Oui, il est paysan et gay (peut-être faute de mieux, ça arrive, mais ce n'est pas ici explicité). On pourrait parler de saillies, oui. Y a d'la joie, quoi.
Les relations sont un peu tendues entre le père, le fils, et même la grand-mère (ces gens-là sont des économes de la parole). Quand est annoncée l'arrivée d'un saisonnier, qui est le seul à avoir répondu à la petite annonce passée par la famille pour recruter quelqu'un pour les aider, le jeune ne voit pas ça d'un bon oeil, et les premiers contacts sont  plutôt glaciaux avec le nouvel arrivant, qui répond au joli prénom de Gheorghe (c'est roumain). Et il est mimi, le saisonnier. Et même si, au départ, Johnny lui mène la vie dure, le traite de tous les noms, ça ne va, justement, pas durer, -on le sait parce qu'on a vu l'affiche et un peu lu la plaquette- et ils vont bientôt jouer ensemble à Fais moi mal, Johnny Johnny Johnny, envoie-moi au ciel... mais eh oh attention ça ne va pas se faire comme ça, hein, chaque chose en son temps (la première scène d'affrontement entre les deux est à tomber tellement elle est belle) et un pas après l'autre.
Et bien évidemment j'ai adoré ça.
Déjà, une histoire d'amour entre mecs, ça a tout pour m'appâter, mais quand en plus elle est traitée comme ça, ça en devient céleste. Rien ici d'idyllique de roucoulant ou d'apprêté.  Parce que c'est très ancré dans le réel, dans la boue et le fumier, oui, bien planté les deux pieds dedans. Et c'est touchant de voir naître et se construire cette relation entre les deux hommes. D'autant plus que si les deux gaillards sont très justes, le reste de la distribution est aussi juste comme il faut, avec ce qu'il faut de couleur locale et de roulement des r pour que vraiment on s'y croie, avec eux, dans le West Yorkshire. Du bel amour, simple, fort. Et la (belle) façon dont un personnage (Johnny) s'ouvre progressivement aux autres.
Un premier film qui a été multi-primé en festival(s) (et qui, je viens de regarder les chiffres vient de faire le meilleur démarrage (moyenne par séance) de la semaine, avec pourtant seulement 5 copies/Paris). Magnifique, pour terminer la journée!
Top 10 again (c'est rarissime que j'en voie deux d'affilée!)

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Commentaires
Y
vu le dernier jour du séjour de R. à Paris, qu'on a faillit (a lalala merci google avec des annonces bidons de projections) louper, qui nous a profondément touchés et remués.
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C
Pourquoi pas... je te redirai...
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P
J'ai le bouquin de Schnitzler, si ça t'intéresse...
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