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lieux communs (et autres fadaises)
23 janvier 2018

autruches

009
L'USINE DE RIEN
de Pedro Pinho

Diable, serais-je en train de tourner casaque, de retourner ma veste hispanique ? Après les trois films lusophones dans mon top 19 de l'année dernière, voici un nouveau film plus que séduisant qui nous arrive du même pays (on s'est mis à 5 pour lui souhaiter la bienvenue, dans la salle 3 du bôô cinéma... mais bon tant pis pour les autres on était là pour se faire plaisir, et ça a marché...). Encore un film long, dense, intense, sociétal, pluriel et personnel à la fois...

Comme une feignasse, tiens, je recopie la rubrique synopsis et détails de allocinoche (parce que ahem j'ai un peu somnolé au tout début) : "Une nuit, des travailleurs surprennent la  direction en train de vider leur usine de ses machines. Ils comprennent qu'elle est en cours de démantèlement et qu'ils vont bientôt être licenciés. Pour empêcher la délocalisation de la production, ils décident d'occuper les lieux. À leur grande surprise, la direction se volatilise laissant au collectif toute la place pour imaginer de nouvelles façons de travailler dans un système où la crise est devenue le modèle de gouvernement dominant."
j'ai toujours été un peu circonspect  a priori à l'égard de ces films d'usine, "militants", ouvriers, de ces belles utopies prolétariennes (au départ, en vrac, Camarades de Marin Karmitz -eh oui qui se souvient qu'il a été à ses débuts un cinéaste militant, "engagé", hein ?-, puis le groupe Medvedkine, plus tard sont venus les touchants Les Lip, l'imagination au pouvoir, de Christian Rouaud, Reprise d'Hervé Le Roux, ou plus récemment Comme des lions de Françoise Davisse) où les camarades ouvriers saisissent la main tendue par leurs camarades cinéastes et font une ronde joyeuse dans un monde idéal aussi beau que la poésie Si tous les gars du monde...), car les bons sentiments -légitimes- et les saines révoltes anti-capitalistes  ne font pas forcément les films forts et/ou réussis...

et voilà que j'apprends, encore sur allocinoche, que le film est un "faux documentaire" mais une vrai fiction, puisque 'je recopie encore comme une feignasse) "En fait la fiction à rejoint la réalité ! En cherchant le lieu du tournage, ils ont découvert l'usine OTIS Portugal qui a été en autogestion pendant 40 ans et qui a accepté que soit tourné le film dans leur usine. Une des forces de ce film est d'avoir un seul acteur professionnel José Smith Vargas (qui joue le rôle principal) et un réalisateur qui joue son propre rôle puisqu'il a fait des documentaires (notamment sur une usine en autogestion en Argentine) Danièle Incalcaterra. Il fait un peu le lien dans le film et en fait on a un film dans le film. Tous les autres acteurs ont été recrutés parmi des ouvriers !!!" (extrait d'une critique enthousiaste de spectateur qui donna ****).

Donc je récapitule : des vrais ouvriers jouent le rôle d'ouvriers en auto-gestion dans une usine qui fut une vraie usine où des ouvriers se mirent (passé simple, mais le présent ma fois pourrait convenir) en auto-gestion. Ils sont filmés par un réalisateur de documentaires qui veut faire un film sur eux. Ca a l'air compliqué comme ça, mais pas du tout. Ça se regarde comme une chronique, tranquille, linéaire et sinueuse à la fois, avec toutes les prises de paroles nécessaires dans ce genre de situation, les discussions, les votes à main levée, les engueulades, les révoltes, les réconciliations qu'implique  le Tous ensemble! (j'aime finalement beaucoup cette image d'ouvriers main dans la main...). Toutes les paroles, mais aussi toutes images, toutes les situations, toutes les propositions... (ah la scène de comédie musicale... maintenant dans un film il suffit que ça chante et que ça danse pour que j'aie les larmes aux yeux. Demy avait-il tout compris ?)

Et je suis embêté (un peu) parce que de ce film que j'ai vu somme toute il y a peu de temps (la semaine dernière, au moment où j'écris) ne me reste quasiment plus rien (si, une scène de comédie musicale, de film dans le film) et le sentiment de l'avoir beaucoup beaucoup aimé. A revoir, donc ?

0969438

et j'aime beaucoup l'affiche

ps : en allant au cinéma, j'ai revu la bande-annonce de l'usine de rien, et pas mal de choses me sont revenues -plop!- : le personnage principal (le seul acteur professionnel si j'ai bien compris) a des rouflaquettes, il était important que ce soit dit, et surtout, surtout, est instantanément remonté à la surface l'énorme plaisir que j'ai pris à voir ce film.
Et le dvd, je l'achèterai.

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