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lieux communs (et autres fadaises)
20 mars 2018

elle a dit "attiser" ?

035
3 BILLBOARDS, LES PANNEAUX DE LA VENGEANCE
de Martin Mc Donagh

Elle a eu l'Oscar, elle le méritait.
Frances Mc Dormand, je l'aime (et à tout jamais) depuis Fargo. Et Martin Mc Donagh, le réal, nous a déjà offert le jubilatoire Bons baisers de Bruges. Déjà deux bonnes raisons, donc. Mais on est obligé de passer ici à la vitesse supérieure, pour les superlatifs : 3 billboards est jubilatoirissime, on ne peut pas y couper. (même si je trouve que ce titre "français" est idiot, avec le nombre écrit en chiffres et le mi-anglais mi-français... Le titre original Three billboards outside Ebbing, Missouri est à la fois plus simple et plus juste...)
Il y a des films, comme ça, où on sait, dès la première image, que ça va être du pur bonheur. Oui dès que ça commence on est embarqué, ça ne vous lâchera plus. Martin Mc Donagh a l'intelligence des personnages, des situations, des dialogues, doublée de l'art de vous retourner comme une crêpe, en passant du rire aux larmes (et inversement) en quelques secondes dans un même plan.
Dans un trou-du-cul-du monde du Missouri, une mère de famille (Frances Mc Dormand, donc) dont la fille a été violée et assassinée s'émeut que, sept mois après, aucun progrès n'ait été effectué dans l'enquête menée par les flics locaux. Elle décide de le faire savoir (et de rafraîchir la mémoire) à tout le monde, en louant à l'année trois immenses panneaux publicitaires à la sortie de la ville (sur une route ou presque plus personne à part elle ne passe) sur lesquels elle apostrophe nommément le shérif (Woody Harelson, dont j'avais un peu oublié combien il était bon). Un brave gars, pourvu d'un adjoint particulièrement colérique et violent (Sam Rockwell, bluffant) et tête à claques. Chacun dans le poste de police va réagir à sa façon, mais ce simple événement -la pose des panneaux- va être l'élément déclencheur, le détonateur, d'une réaction en chaîne  quasiment atomique où chacun(e) dans ce petit bled ricain merdique, est le domino dont la chute va frapper le suivant, dont la chute va, etc. , une déflagration, une vraie onde de choc qui ne laissera personne indemne. Le récit étudie la propagation de trois lignes de failles principales, celle de l'épicentre (la mère), celle du shérif, et celle de son adjoint (le personnage qui aura peut-être le parcours le plus surprenant du film).
Et c'est du grand art. Comme dans Bons baisers de Bruges, le réalisateur a constamment recours à un humour très noir (entre ironie, sarcasme et provocation) qui fait office de lubrifiant sur des rouages ou rebondissements parfois spécialement violents. Le scénario, dans son agencement, est millimétré, c'est de la mécanique de précision, où, paradoxalement on pourrait à chaque fois deviner grosso modo ce qui va se passer mais où le réalisateur réussit néanmoins à chaque fois -tadam!- à nous surprendre, en tordant légèrement la ferraille au coeur du béton armé de son histoire, en n'étant pas exactement là où on pensait qu'il allait nous amener, en déviant l'impact.
Comme pour La forme de l'eau, je me suis régalé, totalement, d'un bout à l'autre, sans débander, pourrais-je dire en usant d'une virile métaphore, et les larmes qui sont montées plusieurs fois (chacune des trois lettres fait mouche) étaient aussi douces que les rires et sourires qui affleuraient tout aussi régulièrement.
Un univers à mi-chemin entre celui des frères Coen, et ce polar que j'avais énormément aimé l'année dernière, sorti de nulle part, Comancheria... Avec la  même acuité à la fois vacharde et attendrie que celle d'un Steven Soderbergh pour ses ploucs de Logan Lucky. Du gros bonheur cinématographique donc, à voir et à revoir.
Top 10

0940631

l'affiche française

Three-Billboards-Affiche

et l'affiche originale

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