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lieux communs (et autres fadaises)
4 avril 2018

ce soir,petite chambre...

043
LES BONNES MANIERES
de Juliana Rojas et Marco Dutra

Semaine latino 7.2 : Brésil
Vu hier le film interdit aux moins de 16 ans, et cet aprèm' celui-ci, "seulement" interdit aux moins de 12a. Après, ils seront tous "tous publics". Bon je l'appréhendais un peu à cause de ce que je savais du pitch (qui en fait n'est que la moitié du film). On avait déjà programmé, lors d'une précédente semaine latina, le précédent (et premier ?) long-métrage de ce couple de réalisateurs : Trabalhar cansa (Travailler fatigue) qui distillait déjà une certaine -et réjouissante- singularité (la critiquounette est ). Celui-là vient juste de sortir (21 mars) et les critiques en sont plutôt très bonnes (il a même été primé à Locarno, eh!), et je l'ai bien aimé, oui, mais en sachant que je n'aurais sans doute pas envie de le revoir...
Un bemolito, donc, mais voilà parfois j'ai un léger problème avec le cinéma "de genre" (Hammer des années 60 et toutes ses diverses créatures...) car c'est bien de  film de genre qu'il est question ici (pour être dans l'air du temps, on pourrait même le qualifier de transgenre, tant il en a, avec intelligence, récupéré les codes, mais pour les transposer dans le Brésil -cinématographique- d'aujourd'hui, avec la chronique (critique) sociale et politique qui va avec.)
La première partie (le film est, oui, comme déchiré de l'intérieur par une scène centrale) est la moins surprenante (mais pas la moins intéressante) : on est en terrain connu. Une femme (une employée) arrive chez une autre femme (une patronne) dans son magnifique appartement pour un entretien d'embauche (que la patronne avait d'ailleurs oublié). Malgré des références pas très convaincantes, elle est pourtant engagée par cette riche bourgeoise enceinte, qui a besoin de quelqu'un pour être là à demeure et l'aider jusqu'à l'arrivée du bébé, dont elle sera chargée ensuite de s'occuper comme nounou. La patronne en question a bien quelques comportements nocturnes bizarres, mais va vite se nouer entre les deux femmes une relation amoureuse passionnée, un peu déséquilibrée par les errances somnambuliques de la patronne (dont elle ne garde d'ailleurs aucun souvenir au matin), qui ont lieu uniquement quelques jours par mois (oui, oui, la pleine lune vous avez deviné...) mais dont l'amante ne semble pas lui tenir rigueur....
Après la scène déchirante, au sens propre, on voit d'un coup quelques années passer (juste avec du linge pendu sur un fil, idée simple mais joliment efficace) et on retrouve la nounou avec un adorable petit garçon, Joël. Et démarre une seconde partie beaucoup plus inattendue, dans un film brésilien je veux dire (mais pour qui a vu -spoiler attention- disonsLLe loup-garou de Londres, de John Landis, rien de vraiment étonnant, à part le fait qu'il s'agit ici d'un enfant-garou.) Une maman brésilienne et son fils de cinq ans, et les problèmes d'éducation que cela suppose. Car l'enfant est vaiment particulier (commez chez Rohmer, hihi, surtout Les nuits de la pleine lune, où il est davantage ... dirons-nous... agité). Et j'avoue qu'il y a dans cette moitié-là des images plutôt dérangeantes pour la petite chose sensible que je suis (et que, je pense, on voit ici pour la première fois) pas forcément les plus gore -le film reste bien plus souvent dans l'allusif et n'éclabousse jamais excessivement- juste celles relatives à la figuration de la pilosité chez le personnage en question.
Mis à part ce détail, c'est très bien construit, les effets spéciaux sont là mais jamais  trop abusivement, la progression de l'action est bien dosée, dans ce film au-dessus duquel volettent plusieurs ombres tutélaires bienveillantes (une très jolie scène de terreur enfantine nocturne dans un supermarché, à mi-chemin entre Nocturama et Jacques Tourneur), une scène de révolte populaire qui m'a évoqué le Frankenstein de James Whale, jusqu'à une image finale très forte, (et, somme toute, logique, inévitable) comme celle de Butch Cassidy et le Kid (oui oui!) sans oublier celle, plus diffuse peut-être, du Truffaut de L'enfant sauvage...
Décidément le Brésil est très fort pour nous offrir, à chaque nouvelle Semaine latino, un film saisissant, surprenant, inclassable...

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