Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
lieux communs (et autres fadaises)
18 juin 2018

big and tough

072
THE RIDER
de Chloe Zhao

Tout simplement bouleversant.
Poignant, impressionnant. Attendrissant.
Il y a des configurations (j'avais écrit conjonctions par erreur, mais vérification faite ça pourrait convenir) affectives (comme il y en a des astrales), inattendues (inespérées) qui tiennent du miracle. Et la vision de ce film en fut une. J'ai été en larmes quasiment dès le début, comme je l'étais à la toute fin (bon rassurez-vous,  j'ai eu quand même les yeux secs entretemps, mais c'est vrai que c'est remonté plusieurs fois...)
Pourtant les chevaux, ça n'est pas vraiment mon truc, et les rodéos a priori non plus. mais là, allez savoir pourquoi, là, j'ai -vraiment- adoré tout ça. tout du long.  C'est drôle de voir ce film quelques jours après celui de Samuel Collardey, car ils relèvent tous deux, quasiment, de la même démarche : des gens vrais, avec leur vrai nom (ici on a juste changé le nom de famille des trois personnages principaux), et leur vraie histoire, sur leurs vrais lieux de vie, avec les vrais gens qu'ils côtoient. Mais allez savoir pourquoi, celui-ci (The rider) m'a fait fondre, alors que celui-là m'a, si je puis dire, laissé (plus ou moins) de glace.
Le héros, celui qu'on voit sur l'affiche, c'est Brady, un jeune cowboy indien, un jeune espoir du rodéo (qui vit sa vie "huit secondes à la fois"), un jeune homme qu'on trouve au tout début du film amoché, traumatisme crânien après une chute en, justement, rodéo, et qui doit gérer une convalescence pas forcément très joyeuse, lorsqu'il réalise qu'il a gardé des séquelles de sa chute et qu'il ne pourra probablement plus jamais faire ce qu'il aime : rodéer.
Et Brady ne sait faire que ça : dresser (on dit débourrer) des chevaux. On le voit à l'oeuvre, et c'est fascinant. Il va s'agir alors, pour lui, d'abord de continuer à vivre (de trouver les raisons de) , mais de trouver un moyen  de gagner de quoi vivre, un job alimentaire, ou deux, histoire de tenir, tandis que son rêve continue de couver sous la cendre. Et on va l'accompagner, au quotidien, au jour le jour, avec sa famille, avec ses amis, avec les chevaux... c'est juste c'est simple et c'est beau.
Brady est interprété par Brady Jeandreau (de la même façon que sa soeur Lily est interprétée par Lily Jeandreau, et Tim, son père, par Tim Jandreau) d'une simplicité et d'une justesse exceptionnelles (il est pour beaucoup dans la force du film). Rien n'est inventé, il est vraiment dresseur, il a vraiment eu un accident, de la même façon que sa soeur est vraiment atteinte du syndrome d'Asperger et que son ami Lane Scott, est vraiment paralysé suite à une chute de rodéo (taurin, celui-là).
Le personnage et la vie de Brady sont au centre du dispositif (comme le personnage et la vie d'Anders étaient au centre d'Une année polaire) et la réalisatrice nous les retransmet avec infiniment d'attention et de délicatesse. La majorité des personnages sont des indiens de la tribu des Lakotas, vivant dans la même réserve. Là encore, on peut faire le parallèle entre ces deux univers "colonisés"  et la triste façon dont on les laisse survivre (Les Inuits avec le Danemark, Les Indiens avec les USA).
Je suis allé sur le ouaibe pour trouver un peu plus de renseignements sur Brady Jeandreau : des interviews pour la promo, le dossier de presse du film... et ce petit gars-là, il est dans la vie comme il est dans le film : émouvant. Il confirme que l'histoire du Brady du film est bien la sienne (la scène d'accident de rodéo est la sienne, vraie), que la réalisatrice a souhaité la raconter à l'écran (ils s'étaient déjà croisés lors du tournage du premier film de Chloé Zhao, Les chansons que mes frères m'ont apprises) après qu'il lui ait eu raconté ce qu'était sa vie après ce fameux accident, mais il établit une différence entre le vrai Brady et le Brady de cinéma qu'il incarne ("mon personnage a dans le film des réactions que je n'aurais pas forcément eues dans la vie, mais la réalisatrice a bien précisé que, justement, c'était le personnage du film, et pas moi...").
Même s'il est plutôt triste, le film n'est jamais insistant dans le pathos. Les scènes de l'histoire de Brady, filmées bien souvent de très près, contrastent avec les paysages somptueux en plans très larges, cieux, nuages, prairies, comme d'amples respirations qui viendraient adoucir le propos. Et la musique de Nathan Alpern (quoi qu'en dise le tâtillon critique de Libé) participe aussi à cet enveloppement soyeux et mélancolique.
Top 10

3144541

Commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 357