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lieux communs (et autres fadaises)
15 septembre 2018

guêpe pompile

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ZAMA
de Lucrecia Martel

Un film... inoui.
Pour la "nationalité", allocinoche écrit : argentin, brésilien, espagnol, dominicain, français, mexicain, portugais, néerlandais, suisse, américain, libanais et la liste de tous les producteurs associés, au début et à la fin, est vraiment très longue, incroyablement longue... mais elle est vraiment à la (dé)mesure du film.
Lucrecia Martel, on l'aime depuis le début (La Cienaga), et on a programmé tous ses films (même si ce n'est jamais que le quatrième en 17 ans!, ce n'est pas une hyper-activiste), et on est toujours heureux de la voir débarquer avec une nouvelle proposition. Ici, pour la première fois, il s'agit d'un film "en costumes"... Et d'une adaptation, celle d'un roman dont l'action se situe en 1790, dans la région du Gran Chaco (une ancienne colonie hispanique) à cheval sur plusieurs pays. Même si la réalisatrice se défend énergiquement, d'avoir, justement, réalisé un film historique... Alors que, pour un oeil non exercé (le mien) ça y ressemble quand même, au moins question costumes...
C'est l'histoire de Zama, plus précisément du corregidor (c'est son boulot) Don Diego de Zama, qui s'encroûte à Asuncion depuis un moment, qui voudrait bien être nommé ailleurs, dans un truc plus glamour et plus près des puissants (Buenos Aires peut-être), et qui, pour ce, s'emploie à faire tout ce qu'il peut pour que le gouverneur (la sommité locale) veuille bien daigner finir par l'envoyer, cette satanée lettre au Roi qui pourrait intercéder en sa faveur et débloquer la situation en le renvoyant -enfin- plus près des palais et des courtisans. Les gouverneurs se succèdent mais, hélas, le corregidor reste.
Don Zama s'agite, trame, gamberge, fait des courbettes, des ronds de jambes, se rappelle au bon souvenir, mais rien n'y fait (ou presque) à tel point qu'il sera tellement à bout qu'il finira par faire valser la perruque et les oripeaux officiels de sa fonction, pour s'engager dans une troupe qui part à la recherche de Vicuña Porto, un mystérieux bandit, pour changer d'air et voir du pays...
Ca n'a l'air de rien, résumé comme ça, mais le film est à couper le souffle. Dans sa première partie (les trois quarts du film), dont la richesse (des plans, sur tous les plans) mériterait amplement qu'on lui décerne le statut de film de chevet, à poser sur sa table de nuit pour pouvoir en voir et en revoir (et savourer) chaque détail, et l'extraordinaire force sensorielle qui s'en dégage (les personnages, les lieux, les animaux, les mots, les couleurs, les sons, la végétation, tout est divinement composé, intégré, mis en place, chaque plan pouvant être considéré comme un univers plastique unique, singulier). Oui, tout ça est d'une richesse presque effrayante.
Puis nous voilà dans ce fameux dernier quart. Où Zama -et le spectateur accroché à ses basques- bascule(nt) dans autre chose.
Et j'étais vraiment impatient de la  voir, cette fameuse dernière partie, à propos de laquelle les Cahiaîs affirmaient : "La dernière demi-heure, démente, atteint des sommets psychédéliques qui rappellent la fin d’Apocalypse Now, Dead Man ou Jauja. C’est dire où se situe aujourd’hui le cinéma de Lucrecia Martel..." (et je dois reconnaître que pour une fois ils avaient raison et que nous sommes tout à fait d'accord là-dessus.) Personnellement je rajouterais Aguirre de Werner Herzog, pour une certaine qualité de folie furieuse sud-américaine, et, plus tangentiellement sans doute, Les garçons sauvages de Bertrand Mandico, pour la présence de l'eau (lélément aqueux)  et la sensation d'étrangeté organique. On pourrait parler de baroque, de lyrisme, de surnaturel, mais on serait encore loin du compte.
Bref, du grand cinéma qui laisse béat.

 

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