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lieux communs (et autres fadaises)
20 septembre 2018

la baguette, 25 euros

109
BONHOMME
de Marion Vernoux

J'ai toujours eu un faible pour Nicolas Duvauchelle, son animalité, son côté rebelle, le phrasé, les tatouages, la barbounette... Là, il est en couple avec Ana Girardot,  (un couple qui rappelle un peu celui qu'il avait avec Mélanie Thierry dans l'impressionnant Je ne suis pas un salaud, d'Emmanuel Finkiel) mais ils ont un accident de voiture, et sa tête (à lui) heurte le pare-brise... Coma, et lorsqu'il se réveille il n'est plus tout à fait  le même. Comme le précisera plus tard le Docteur Rollin devant le juge, "Il a 5 ans là (la tête) et 15 ans là (la bite), et toute la vie devant lui pour se reconstruire..."
J'ai beaucoup de tendresse pour Marion Vernoux dont j'ai suivi assez fidèlement la carrière depuis l'initial -et par moi chéri chéri- Personne ne m'aime (mon dieu 1993 déjà...) et son goût pour les films choraux, avec à chaque fois de très beaux -et attachants- portraits de femmes, fortes le plus souvent (mais pas toujours).
Cette fois le film est un peu moins choral (quoique on a quand même du monde : le couple central, donc, la meilleure copine, le collègue attentionné, et la mère d'elle, qui donne le plaisir de revoir cette chère Béatrice -Dalle-) et plus duel (dans tous les sens du terme). Piotr (Duvauchelle) oscille entre les 5 ans (mentaux) et les 15 ans (testostéronés) et passe de l'un à l'autre sans préavis. Il n'a plus de barrière, plus de notion de "ce qui se fait" ou pas, et donc y va, joyeusement. Surtout que sa copine l'a repris avec elle, à la maison, pour contrer l'envie de sa mère (à lui) de le reprendre avec elle. Il dit et il fait ce qui lui passe par la tête. C'est difficile.
Pendant un moment, j'avoue, j'ai été un peu mal à l'aise, avec le sentiment que ça n'était pas très "moral" de faire rire en évoquant le handicap, que ça partait un peu dans tous les sens, que le film par instant perdait presque le cap et naviguait à vue...Et puis les choses se mettent en place, et Marion Vernoux peut se permettre d'aborder l'aspect comédie de sa comédie dramatique.
Il faut saluer la performance de Nicolas Duvauchelle (mais, bon, ça, je n'aurais même pas du l'écrire, tellement ce bonhomme-là m'épate à chaque fois...) et, parallèlement, même si elle est moins "visible", celle de sa partenaire, Ana Girardot.
Comme ressort de comédie, un mec qui se comporte comme un gamin, et, dans le même temps, ne pense qu'à baiser, c'est un peu mince. Et malaisant. Mais grâce aux personnages (et, surtout à celles/ceux qui les incarnent) on surmonte la gêne qu'on pourrait avoir devant un mec qui ne pense qu'à sa bite (ou ne pense qu'avec sa bite), mais sans penser à mal, juste, comme ça, parce qu'il en a envie. Et Duvauchelle est vraiment parfait dans ce (double) rôle-là, sans jamais en faire des caisses. Sur le fil, avec son sweat rose à capuche, ses tongs, et ce visage à la fois adulte et enfantin (c'est quelque chose de très curieux qu'il a réussi là).
Marion Vernoux fait du Marion Vernoux, elle va jusqu'au bout de son idée, même si ça peut démanger, déranger, ou faire grincer des dents, certaines ou certains, et on en est content.
Même si le film n'est pas parfait (certains personnages sont un peu sous-employés, voire pas utilisés de façon cohérente (je pense surtout à Kevin le collègue/ supérieur/copain/ amoureux d'Ana Girardot, certaines situations sont un peu répétitives, certaines scènes flottantes) on sort de là avec le sourire, beaucoup plus qu'avec les larmes, et c'est très bien comme ça.

0951309

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