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lieux communs (et autres fadaises)
26 septembre 2018

sangria

113
CLIMAX
de Gaspar Noé


Ah, Gaspar Noé... c'est une longue histoire. Au début il y a eu Carne, moyen-métrage que j'avais beaucoup aimé (avec Philippe Nahonen papa boucher), suivi quelques année plus tard, avec le même Philippe Nahon, de Seul contre tous que je n'ai pas vu mais dont Pépin m'avait enthousiastement vanté les mérites. puis Irréversible, que j'ai refusé tout net de voir,tellement ça me filait les jetons, puis Enter the void que je n'ai pas eu l'occasion (ni vraiment l'envie) de voir, puis Love que je suis allé voir sur l'alléchante proposition de QV en 3D mais bof bof. Et donc celui-ci (sans doute suite à la conversation avec Jean-Luc C. -qui me les a si chaleureusement défendus- à propos de Irréversible et Enter the Void ). J'y suis allé -plouf- sans réfléchir, oui, exactement comme quand, gamin, on saute dans le grand bain sans encore être sûr de savoir nager... "On verra bien..."
Ca commence plutôt bien : après un préambule enneigé (dont on comprendra a posteriori qu'il s'agissait de la fin du film) où une jeune fille rampe au milieu de la surface neigeuse -immaculée- de l'écran -le rouge et le blanc-, des jeunes danseurs sont interviewés par une chorégraphe qui vient de les engager, c'est simplement mis en scène (plan fixe, au centre une vieille téloche, et de chaque côté des k7 vidéos et des bouquins qu'on suppose être ceux de chevet de GN (et où j'ai retrouvé avec plaisir quelques titres aimés...) et sont mentionnés à chaque fois les prénoms de chacun, mais, comme au début d'une soirée où on ne connaît personne mais où on sait déjà qu'on ne se souviendra d'aucun ou presque).
Puis ça continue, tout aussi bien : les jeunes danseurs en question sont filmés en train de danser (ce qui semble logique). Je ne connais pas exactement ce style de danse(s) dont les noms bizarres apparaissent dans les critiques, mais je dois reconnaître que c'est très agréable à regarder. Qu'ils dansent bien. Et que le réalisateur semble avoir du plaisir à les filmer
(la sangria)
Et les bonnes choses s'arrêtent là.
(la sangriaaaaaa....)
Les danseuses et les danseurs font une fête pour fêter ça. Qu'ils ont bien dansé et tout. Sauf qu'une sangria (sangria! sangria!) a été servie, et que dans la sangria quelqu'un(e) a versé de la drogue ou quelque chose de pire, et tout va partir en sucette (et le scénario, et la caméra, et la réalisation aussi). Jusqu'à la fin (il y en a encore pour une bonne heure, j'ai regardé l'heure sur mon téléphone -je le fais rarement pour ne pas déranger mais là on n'était que deux dans la salle et l'autre était assis devant, à des kilomètres de moi donc je pouvais)...
Toutes et tous pêtent les plombs, l'un(e) après l'autre à des degrés divers (et de façons diverses aussi), mais ça ne va plus arrêter, jusqu'à la toute fin (une fille se met du lsd directement dans les yeux et fondu au blanc, blanc comme l'image du tout début... aaaaah on comprend que la boucle est bouclée).
Ah ouais... subversion transgression poésie pure esthétique de la violence et j'en passe. Mouais moi je dis que c'est vraiment N'IMPORTE QUOI (et je l'écris en majuscule pour insister). Qu'ils se crient dessus ok qu'ils se foutent sur la gueule ok qu'ils baisent comme des lapins/pines ok qu'ils vomissent ok qu'ils se tailladent ok mais quand ils se re-crient, se re-foutent, se re-tailladent et re-baisent et re-vomissent, et ensuite re-re, et encore re-re-re, on commence à bailler à regarder les grains de poussière dans la lumière du projo, à pencher la tête pour pouvoir l'image avec le bon angle, à envisager de dormir jusqu'à la fin de la séance, et à se demander mais pourquoi tant de haine (et, à la fois, tant de rien) ?
Ca n'a aucun sens, comme semblent l'indiquer les couloirs (je dois reconnaître que j'aime plutôt bien les décors, cet espèce de colonie désaffectée, à la topologie complexe -un décor idéal de film d'horreur pour y dégommer des ados-) qui semblent pouvoir mener n'importe où, et même la caméra, (qui a tâté aussi de la sangria ?) qui utilise tous les angles toutes les positions toutes les postures (GN adore filmer en biais, et là il se fait plaisir et va jusqu'au bout de la révolution, et filme à l'envers, la tête en bas les pieds en haut (c'est sûrement le record du monde de durée de filmage la tête en bas dans un film je pense), et ça lui plaît tellement qu'il ne s'arrête plus.
Aucun sens, ouais, et qu'on ne me parle pas de transe, faudrait voir à pas pousser papy dans les orties quand même. le grand trip psychédélique à la fin de 2001, Odyssée de l'espace, on n'y comprenait rien non plus, mais aucun personnage n'en faisait les frais, comme hélas ici. Ca s'agite et ça s'agite de plus en plus, mais ça pourrait aussi bien être une colonie de fourmis qui s'entretuent, on n'en aurait pas plus grand chose à faire. Et ça dure et ça dure ça vire fou-furieux ou du moins on le suppose) pour une loooongue séquence en rouge et noir (ni Stendhal ni Jeanne Mas, ni quoi que ce soit d'autre d'ailleurs) le fameux climax (prononceze claille-maxeu) du film en question. Musique paroxystique et boum et boum et boum.Mais finalement on s'en contretamponne.
Et clic tout d'un coup c'est le matin et la porte s'ouvre et il fait jour et (toujours tout ça avec la tête en bas) entrent des (ce qu'on suppose être) des flics avec des chiens qui aboient ouah ouah tout ça au son d'une version karaoké cheap d'Angie (sans les paroles) sur un (ce que moi j'appellerais) un radio-cassette merdique.
On est content qu'il fasse jour, que les chiens aboient, et que la demoiselle se mette du lsd dans les yeux. parce que les lumières se rallument et qu'on va pouvoir sortir...
Expérience psychédélique mon cul dirait Zazie. Ave un poil de scénario en plus et une touffe d'esbrouffe en moins, ça aurait pu valoir le coup (ne me restent que les images -très graphiques- d'une jeune fille qui marche dans un couloir vert rectiligne, avec du rouge pétant au bout. a moins que ce ne soit l'inverse). C'est peu. (et la question de savoir si quelqu'un a finalement retrouvé la clé du placard électrique où le gamin a été enfermé par sa mère "pour sa sécurité"...)
Ach! Désolé ! (je prend l'accent allemand puisque le film revendique le drapeau et la nationalité français -ça fait drôle, mais c'est comme ça qu'on accorde, non ?-, c'est presque déplaisant cette cocoriquesque attitude.) Non ça n'est pas encore aujourd'hui que je vais me réconcilier avec le cinéma de GN (ça pourrait être les initiales de Gros Nounours, mais non). Dommage.

1934766

l'affiche

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l'héroïne

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