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lieux communs (et autres fadaises)
9 octobre 2018

m'emboucaner

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SHEHERAZADE
de jean-Bernard Marlin

C'est Hervé qui nous a proposé ce film que je ne connaissais pas du tout : réalisateur inconnu, acteurs non professionnels, Marseille, quartiers sensibles, jeunesse difficile, prostitution, caïdat,cacous, et des wesh et des frère et des gros et des on s'en bat les couilles comme s'il en pleuvait. Au début j'ai eu un peu peur j'avoue.
Zak, un jeune, sort de prison et n'a qu'une idée, retourner chez sa mère (qui ne s'est même pas dérangée pour venir le chercher) , aussi sec, il fugue du foyer ou il est censé être hébergé, retourne voir son cousin (et sa bande) qui dit qu'il ne peut pas l'aider, rencontre une jeune prostituée, Shéhérazade, avec qui il se met plus ou moins en ménage (sans jamais vouloir s'avouer ni même reconnaître qu'il l'aime) et dont il devient le mac (c'est bien plus simple comme ça). Et que les vrais ennuis commencent.
On pouvait craindre le pire, et la porte ouverte à tous les excès (film à thèse sur la jeunesse en perdition comme La tête haute, ou, à l'opposé, comédie avec l'accent, bluette ado de jeunes turgescents, histoires de came avec dérapages en taxi, etc.) mais pas du tout.
Le réalisateur emprunte une voie surprenante (inattendue), celle du lyrisme. Un lyrisme qui aurait néanmoins emprunté à Bourdieu son titre de La misère du monde, car c'est vrai qu'à ce niveau-là la barque est plutôt chargée, mais lyrisme incontestablement, une belle histoire d'amour, un bel itinéraire de rédemption d'un jeune chien fou, servis par une interprétation impressionnante et une imise en images qui l'est tout autant (à partir d'un matériau très terre-à-terre, très prosaïque, le réalisateur s'échappe dans des ambiances nocturnes à la poésie électrique -avec la complicité de son directeur de la photo Jonathan Ricquebourg, qui a aussi fait Mange tes morts, de Jean-Charles Hue, La mort de Louis XIV, d'Albert Serra, et Fils de, de HPG, bref, du beau linge...).
Un film tendu, brutal, fiévreux. Mais pas complètement désespéré. La tête haute, quoi (même si le final peut sembler un peu trop "optimiste" par rapport à tout ce qui s'est passé avant). Une sacrée belle baffe, en tout cas. Le réalisateur s'en explique et l'entretien est passionnant (on apprend, tiens, qu'il a le même producteur que Samuel Collardey, et, donc, la même ligne directrice "domentaire fictionnarisé", même s'il reconnaît avoir plus tiré vers la fiction).
Les acteurs sont brutalement justes (normal, ils jouent leur personnage de la vraie vie ou presque) et sont pour beaucoup dans l'énergie générée et l'admiration que suscite le film.

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