chèque-cadeau
Trois bouquins dont j'avais très envie et que j'ai pu m'offrir tout de suite (sans être obligé attendre qu'ils atteignent le petit prix que j'avais fixé en souhait sur Priceministruche). trois bouquins très différents : un roman court (ou une nouvelle longue), enfin une novella comme disent les Américains), un polar couillu avec une paire de héros que j'aime depuis leurs débuts, et un... euh... recueil de nouvelles, de fragments, d'éclats, d'un écrivain qui me fascine toujours autant, trois bouquins dont le point commun est d'être américains, et donc de parler, chacun à sa manière, des habitants de ce pays.
1) EDEN SPRINGS
de Laura Kasishke
C'est Christine qui m'avait fait découvrir la dame (Rêves de garçons, 2009) et qui m'a donné envie de lire tous ses autres romans. J'aime son goût du malaise diffus, de la cruauté en sourdine, de la manipulation du lecteur (une succession d'incontestables réussites, comme Les Revenants, La vie devant ses yeux, A moi pour toujours, En un monde parfait) et j'étais trop content de la retrouver (elle est désormais publiée chez Page à page, qui a déjà publié d'elle un volume de poésie et un recueil de nouvelles). Soyons franc celui-ci m'a un tout petit poil déçu. Il est question d'un gourou, d'une communauté, de jeunes filles habillées en blanc, et d'une qu'on a retrouvée morte dans un cercueil qui était censé être celui d'une vieille dame... D'après une histoire vraie. Comme un reportage, en des chapitres très courts, ouverts à chaque fois avec des extraits d'articles de journaux de l'époque. On y retrouve incontestablement la patte (la griffe) de l'auteur, mais on est aussi frustré par ce sentiment de brièveté et de fragmentation (augmenté aussi par le fait, sans doute, que je l'ai, en plus, encore plus fragmenté dans ma lecture d'une page ou deux chaque soir avant de m'endormir).
2) HONKYTONK SAMOURAÏS
de Joe R.Lansdale
Quel plaisir de retrouver Hap & Léonard! c'est le neuvième volume de leurs aventures traduit en France (et je viens de voir qu'il y en a encore au moins quatre qui ne sont pas traduits, deux avant et deux après celui-ci, le bonheur!) que j'ai lus à peu près dans l'ordre (Série Noire, Folio policier, pour les poches, puis Outside/Alphée et Denoël pour les grands volumes) et auxquels j'ai pris à chaque fois autant de plaisir. C'est hénaurme, mais ça fonctionne à chaque fois, imparablement. Une belle paire, oui, de potes : un blanc hétéro et narrateur (Hap Collins) et un black gay (Leonard Pine) qui affrontent des méchants très méchants dans des histoires qu'on pourrait qualifier de jubilatoirement bourrines (on est dans le Texas profond, tout de même), et celui-ci ne déroge pas à la règle : ça commence avec un mec (un sale con) qui tape sur son chien (j'ai toujours un faible pour la façon dont démarrent leurs histoires) et, de fil en aiguille, bien évidemment ça va faire boule de neige, jusqu'à l'affrontement final avec un groupe de tueurs spécialement gratinés... C'est très plaisant à lire, même si l'auteur semble avoir mis la pédale douce (hihi) pour ce qui est de l'intrigue... Joe R Lansdale a le sens de la formule qui fait mouche eet du dialogue qui cingle (qui flingue). Un sacré bonheur de lecture, même si on peut pichenoter en se disant qu'on a le sentiment que ce (gros) bouquin-là est quand même un peu déséquilibré dans son écriture (la mise en route est trèèès longue et le dénouement semble bresque un peu bâclé). Mais bon, c'est hap & Léonard, hein, et on attend avec impatience la suite...
3) LES MARTYRS ET LES SAINTS
de Larry Fondation
Quatrième volume de cet auteur découvert grâce à mes deux blogs "polar" préférés (Actu du Noir et Encore du noir), qu'ils en soient -encore une fois- remerciés. Des volumes assez brefs, d'abord deux jaquettés en noir (Fayard) puis deux en blanc (Lusitala) mais toujours aussi cinglants. Los Angeles, ses quartiers en déshérence, les laissés-pour-compte qui y vivent. Ce qu'ils y font. Des textes brefs, voire très brefs, organisés "thématiquement" par l'auteur, chacun avec son titre, fragments de vies souvent, bien souvent, parfaitement désespérés. Larry Fondation écrit sec, frappe fort. Quand on a lu les précédents on n'est pas dépaysé, on sait à quoi s'attendre, mais cette fois-ci c'est encore plus rude. Encore plus craspec, plus cul, plus violent, plus dégueulasse (une grande partie du bouquin rassemble des textes autour de personnages de soldats ou de vétérans.) C'est souvent brutal, mais la façon dont c'est écrit, construit, tirerait souvent, paradoxalement ces flashes du côté de la poésie. Oui oui. Paradoxal, oui, intense, mais toujours avec un certain détachement, une certaine objectivité de la mouise. Incorfortable, tout autant qu'indispensable.