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lieux communs (et autres fadaises)
13 décembre 2018

calendrier d'avent 2018-13

 

13 decembre

12 décembre 2018

mon humeur dépend de la quantité de bière ingurgitée

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LETO
de Kirill Serebrennikov

Excitant
Euphorisant
Enthousiasmant.
En russe ça veut dire l'été. Un film d'été, de jeunesse, de musique, et de rock même (mais de rock made in USSR : le film s'ouvre sur une scène de concert plutôt drôle, où chacun(e) est assis(e) sagement sur sa chaise tandis qu'au bout du rang la police veille et traque les spectateurs trop enthousiastes...). Mais un film d'une insolente liberté de forme, dans un beau noir et blanc mais avec, ça et là des couleurs (du rouge, souvent, d'ailleurs).
Ca se passe à Léningrad au début des années 80, et (j'ai appris par la suite en lisant les critiques que) c'est un biopic (mais on peut très bien et tout à fait -la preuve!- le voir sans savoir que tout ça c'est vrai, d'ailleurs, à intervalles réguliers apparaît un jeune homme qui porte un panneau "mais ceci n'a jamais existé"), biopic  qui raconte l'histoire de Mike  Naumenko (leader du groupe Zoopark) et celle de Victor Tsoi (leader du groupe Kino) avec, entre les deux, Natasha Naumenko, épouse de Mike mais pas non plus insensible au charme de Victor (et réciproquement). Et, pour la petite histoire, j'apprend que celui qui joue le rôle de Mike est Roma Zver, un vrai musicien de rock de là-bas, qui rejoue avec son group Zveri la plupart des compositions de Mike.
Une histoire pleine de musique (et d'amour aussi). Celle que joue Mike sur scène, lui est déjà un peu "officialisé" comme rock-star russki, et celle que Victor compose et joue aussi, et à qui Mike va mettre le pied à l'étrier... La musique aussi qui vient de l'ouest, de l'ennemi capitaliste, qui s'échange et se collectionne sous le manteau -du rock à la new-wave- (Bowie, Talking Heads, Velvet Underground, Blondie, T-Rex, Iggy Pop) à laquelle de multiples hommages sont rendus tout au long du film (dont une série de covers, clips où l'image est surlignée, redessinée, électrifiée, bidouillée, lors de réinterprétations collectives et joyeusement bordéliques, -où justement apparait à chaque fois le petit bonhomme qui précise "mais tout ça n'a jamais existé"- qui m'ont fait à chaque fois venir les larmes aux yeux tellement c'est bien : Psycho Killer des Talking Heads, Passenger d'Iggy Pop, Just a perfect day de Lou Reed).
J'ai hélas un peu piquouillé du nez au début (j'ai notamment raté le début d'une joyeuse scène de plage où tous finissent la zigounette à l'air) mais je me rattraperai en janvier (le film fait partie de la sélection du Festival Téléramuche 2019) pour ne pas en perdre une miette...Le réalisateur a tenu à garder jusqu'au bout son ton insouciant et mentionne, comme ça, juste en passant, les dates de naissance et de mort des deux rockstars (Victor est mort à 28 ans dans un accident de voiture et Mike à 36  "dans des circonstances restées troubles" (dixit allocinoche), mort qu'on peut supposer provoquée par ses excès de  bibine).
Un film plein de jeunes gens, d'années 80, de musique, d'énergie, de vent de liberté (un certain esprit punk, qu'on n'aurait pas forcément soupçonné / cru possible au pays de Kalinka et de Poutinovich...), des jeunes qui se battent contre les vieux machins et tous les carcans les verrous et les interdictions par eux (les vieux) mis en place,  avec ce goût adolescent (et post-) de la contestation et celui de braver les interdits, et surtout l'envie de foutre en bas le vieux monde, bref une belle tranche de plaisir cinématographique (le noir et blanc, tout seul, déjà, a priori ça a de la gueule, mais alors le noir et blanc retravaillé, (parfois gribouillé à même la pellicule, parfois avec juste un peu de couleur) c'est encore plus bandant!)
Le réalisateur est actuellement assigné à résidence et n'a pas pu venir à Cannes monter les marches pour présenter son film, il est soupçonné officiellement de fraude fiscale (et officieusement d'homosexualité disent les médias, même si ça n'apparaît pas vraiment dans son film).
Si vous ne pouvez pas le voir dans l'immédiat, rongez votre frein jusqu'au Festival Téléramuche (16 janvier je crois)...

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12 décembre 2018

calendrier d'avent 2018-12

12 décembre

11 décembre 2018

oeil de crocodile

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HIGH LIFE
de Claire Denis

Celui-là j'étais plutôt curieux de le voir (un peu en souci aussi), surtout après le jugement doublement  négatif -et lapidaire-  ("parfaitement ridicule") que j'en avais eu (de la part de Dominique et Jean-Luc), et qui me laissait craindre le même décalage que celui apparu entre les critiques (dithyrambiques) et le ressenti des spectateurs, à propos de son avant-dernier film,  Un beau soleil intérieur, qui m'avait laissé... perplexe (et insatisfait). on allait voir ce qu'on allait voir.
On annonçait Pattinson, on annonçait Binoche, on annonçait science-fiction, on annonçait  trip galactique, eh bien tout y fut. (La S-F, j'ai un faible.) Un huis-clos trouble (troublé et troublant) dans un vaisseau spatial & spécial (dont les passagers et l'ambiance générale  évoquent ceux de Alien 3) lancé dans un voyage sans retour. (Oui, sans retour).

Claire Denis, pour moi, c'est une (très) longue histoire, je la suis depuis son premier long-métrage, Chocolat (1988), (mais, en fait, depuis encore bien plus longtemps,  (merci allocinoche!) depuis son tout premier film en fait, où elle était créditée au générique en tant que 2ème assistante-réalisatrice,  Sweet movie, -qui m'est cher parce qu'il s'agit d'un de mes premiers émois érotiques au cinéma- en 1974!). J'ai vu plus d'une dizaine de ses films, certains que j'ai vraiment beaucoup aimés (35 rhums, Vendredi soir, White material, Beau travail) d'autres moins (Nénette et Boni, J'ai pas sommeil) voire pas  du tout (Trouble everyday m'avait filé la gerbe, et Les salauds aussi, même si pour des raisons différentes, et  ce dernier m'avait d'ailleurs carrément mis en colère à cause d'une scène finale injustifiable).

Eh bien celui-ci, de Claire Denis, n'en déplaise à Dominique et Jean-Luc, fait partie de ceux que j'ai plutôt beaucoup aimés. Je dirais même qu'il contient plutôt moins de poil à gratter cinématographique que ce que j'aurais pu craindre.
Car le cinéma de Claire Denis, c'est souvent, pour moi, une affaire d'inconfort. Oui, un truc qui gratte qui dérange démange. Souvent dans les personnages, ce qu'ils sont et la façon dont la réalisatrice les montre (on pourrait avoir le sentiment qu'elle ne les aime pas toujours.) Ici, au commencement, tout doux, un homme et un bébé, dont on apprendra bientôt qu'ils sont père et fille, puis, encore un peu plus tard, comment la conception de la fillette a eu lieu, et encore plus tard, ce qui va leur arriver... Le papa c'est Robert Pattinson, très bien (comme toujours ou presque) dans un rôle très "rentré". Pendant un assez long moment on le suivra, au présent, dans ses réparations, son jardin, devant ses écrans de contrôle, avant que son histoire ne se reconstruise progressivement, sous formes de flashes puis de flash-backs... Et c'est vrai que les relations plus ou moins troubles entre les papas et leurs filles reviennent régulièrement dans les films de Claire Denis, et que celui-ci précisément n'évitera pas de nous poser la question...

Apparaît bientôt la scientifique de l'expédition, sous les traits d'une Juliette Binoche à très longs cheveux noirs et à desseins plutôt troubles (principalement à base d'échantillons de sperme). De toute manière, de tout temps, dans les vaisseaux intergalactiques des films de S-F, s'il y a un pourri de service dans l'équipage, c'est forcément le scientifique de l'équipe (cf Alien, ou, bien plus tôt, le précurseur, HAL, le superordinateur de 2001). Alors on sait en gros à quoi s'en tenir. Juliette bidouille avec le sperme des gars (et les oeufs des filles) et elle ne dépare pas dans la galerie, elle y va même franco, de bon coeur, et si je trouve  qu'une ou deux de ses scènes sont un peu too much, c'est vrai qu'elle n'hésite pas à payer de sa personne.

Les autres personnages sont hélas un peu sacrifiés, certains juste réduits vraiment à des esquisses, et c'est là que pour moi le film pèche. On aimerait qu'eux aussi aient des souvenirs (comme ceux, très tarkovskiens tendance Stalker est pourvu le personnage de Pattinson). par exemple j'étais très content de voir réapparaître Lars Eidinger (après l'avoir croisé en metteur en scène branchouille dans le très aimé Sils Maria)  mais le pauvre il ne fait ici que passer, et c'est bien dommage je trouve.

Le film est assez claustro, cet espace clos et confiné est opressant, mais finalement moins que l'utilisation qui est faite de l'extérieur (l'espace noir et infini, qui me ramène invariablement à mes angoisses d'enfant face au Capitaine Haddock dérivant dans l'espace, justement , sur le point de disparaître à jamais, dans On a marché sur la lune)  qui n'est jamais rassurante (bien au contraire) et se réfère toujours à la perte ou à la disparition..

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Bref j'ai plutôt beaucoup aimé cette incursion de Claire Denis du coté de la SF, non seulement pour ce qu'elle y raconte (et qui est tout de même assez joyeusement désespéré) mais aussi pour toutes les réminiscences qu'elle a provoquées : Alien, 2001 odyssée de l'espace, Silent Running, Sunshine, et même Ikarie XB-1,un très vieux film de science-fiction tchécoslovaque (1963) en noir et blanc, vu justement à la télévision quand j'étais enfant, bref toutes ces histoires d'espace (qui, comme les histoires d'amour, finissent mal en général) qui m'ont fait rêver et enchanté... (je réalise que j'adore vraiment ça, les films de vaisseaux spatiaux...)

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ho chi minh

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LES CONFINS DU MONDE
de Guillaume Nicloux

Voilà un exemple de film que j'aime beaucoup et ce pour beaucoup de raisons, certaines intrinsèquement cinématographiques (ah le plaisir d'aligner deux mots de plus de quinze lettres) et d'autres qui le sont moins (ahum), voire pas du tout du tout (ahum ahum)...

Ce qui relève de la première catégorie, d'abord, parlons donc cinéma : le réalisateur, d'abord. Guillaume Nicloux, réalisateur de plusieurs films de styles très différents que j'ai beaucoup aimés (Le poulpe, Cette femme-là, Holyday, Valley of Love) marqués chacun du même sens de l'expérimentation,  et d'autres que je n'ai pas vus.
Les acteurs, ensuite : un Gaspard Ulliel impressionnant, certes, mais, juste à côté, un Guillaume Gouix qui ne l'est pas moins -et dont le personnage me touche davantage (et là l'argument n'est pas strictement cinématographique)-. Et il ne faudrait pas oublier Gérard Depardieu, en quelques scènes ça et là. Gros Gégé, Il est imposant comme un abribus, mais toujours avec une finesse de jeu aussi fascinante. Tout en retenue, à combustion interne, simplement monumental.
Le genre, aussi, tiens. Le genre de film, je veux dire : a priori film de bidasses, de guerre (j'ai pensé au Cogitore de Ni le ciel ni la terre), de jungle aussi, où à la violence des propos et des images répond la même force (violence) du montage, qui tchac thac comme à la machette  n'hésite pas à trancher de temps en temps des scènes en leur plein milieu. Et progresser à grandes enjambées filimiques. Le récit crapahute.
Le film est une représentation de la guerre (une guerre précise, nommée, située, Indochine, 1945, wikipedioche m'apprend que c'est le tout début du conflit) en même temps réaliste et pourtant stylisée, (on pourrait dire que c'est la guerre de Guillaume Nicloux, comme c'est la guerre de Robert Tassen), où les soldats évoluent dans une verdure luxuriante (bruissante et hostile), oppressante, où l'ennemi est invisible, off, hors-champ, et se manifeste surtout par le bruit des armes et les cadavres qu'il laisse derrière lui.
(Ca tombe bien puisque le personnage joué par Ulliel est à la recherche d'un ennemi justement fantomatique et insaisissable, Vo Bin,  lieutenant d'Ho Chi Minh, et qu'il poursuivra ce fantôme quasiment abstrait pendant tout le film, pour "venger la mort de son frère"...).
La guerre, l'ennemi, les soldats, mais, Indochine oblige, un certain exotisme (dépaysement) aussi, avec, d'abord, les combattants du Viet-Minh, puis  le personnage, de plus en plus important, de Maï, une prostituée du cru, (une jeune et jolie indochinoise dont Robert Tassen tombe amoureux), et , enfin, l'apparition, dans le dernier tiers du film, de l'opium (je n'ai pas pu m'empêcher de penser au Lotus bleu de Tintin), par lequel le récit (à l'image de ses personnages) est alors comme contaminé, et va se transformer insidieusement en rêverie embrumée.
La forme du film est absolument magnifique, insérant entre de longs plans-séquences immobiles ou presque (celui du début qu'on retrouve aussi à la toute fin, et cet autre, le presque dernier,  qui dure au-delà de l'exténuation de la durée réglementaire, lorsque le spectateur en vient à se questionner, à s'observer en train d'observer)  une succession de plans plus brefs, enchaînés avec un sens du rythme parfois presque asphyxiant (j'ai adoré le travail sur le montage du film et déjà évoqué plus haut cette façon surprenante de trancher parfois les scènes en plein coeur). Comme progressant à marche forcée.

Il y a la guerre, il y a l'exotisme, il y a la folie, mais (ça y est ahum on y vient) il y a aussi (et surtout) ahum ahum les hommes.

(Et c'est là que je rentrerais peut-être dans des considérations -des justifications- a priori beaucoup moins cinématographiques (mais quoique, puisque relevant tout de même de l'esthétique). J'ai déjà parlé il y a peu de temps de mon goût pour les camaraderies viriles à l'écran et les films dits "de chambrée", ( dans un post sur Les croix de bois, de Raymond Bernard, où j'évoquais Stalag 17 de Billy Wilder) où il est question non seulement des corps (et de leur figuration) mais de l'attraction, de la fascination, des interactions (des ambiguïtés) qu'ils suscitent, et Les confins du monde irradie, pour moi, dans cette catégorie (jouant l'érotisation soldatesque comme avait pu le faire en son temps le Beau travail de Claire Denis, mais plus prosaïquement, plus terre-à-terrement. Plus simplement).
Corps de soldats (et donc corps d'hommes) (re)présentés frontalement (avec aussi peu d'attention pour la "sensiblité" supposée des spectateurs/trices que dans la figuration des atrocités commises sur d'autres corps -le plus souvent par l'ennemi-, présentées tout aussi frontalement). Déjà, a priori, des soldats entre eux, c'est pour moi un contin(g)ent d'imagerie érotique, et là je dois dire que Guillaume Nicloux m'a gâté : hommes au repos, hommes en manoeuvres, hommes au bordel, et même -ououououh là je hurle à la lune- hommes à la douche, je mentirais en disant que tout ça ne m'a pas fait très plaisir et m'a rendu du coup extrêmement attentif (d'ailleurs, tiens, je n'ai pas fermé l'oeil une seconde c'est dire...)
Car (ahum ahum) il y a le corps, ok, mais en son centre (pourrait-on dire) il y a la bite. Ce fameux machin dont ils sont si fiers, dont ils parlent aussi souvent, qui les préoccupe tant (on tournera autour pendant tout le film). On en parle beaucoup, on en verra même quelquefois (une très jolie scène de toilette à plusieurs et à QV, et une autre en gros plan aussi, mais moins appétissante pour cause d'attaque de sangsue), bref, comme un vrai petit manuel "de la quéquette chez les soldats, des différentes façons d'en parler et de l'utiliser", comme une thématique  souterraine innervant le film. (certains critiques se piquant de psychanalyse ont même résumé ça en disant que tout tournait aurour d'une angoisse de castration, mouais...).

Mais ces représentations viriles ne sont que les à-côtés, (plaisants, mais à-côtés et rien d'autre, aurait pu écrire Lagarce) de cette "Guerre d'un seul homme" (dommage que le titre soit déjà pris, et ce par un extraordinaire film d'archives d'Edgardo Cozarinski qui me fit d'ailleurs énormément pleurer à Entrevues il y a quelques années), de ce Robert Tassen et de son obsession (de sa folie). De cet homme qui s'enfonce -se perd- dans les  méandres de ses propres ténèbres intérieures en même temps que celles de la jungle. Et, comme dans le précédent Valley of Love (déjà le tandem Nicloux/ Gros Gégé, qui m'avait énormément touché), il est aussi question de peine, et de deuil, et de la façon de le faire (le deuil).
Et le personnage de Saintonge (joué par Depardieu) vient encore ajouter à la part de mystère (de mysticisme) qui nimbe le récit.
Un film réellement impressionnant (je n'ai pas vu Apocalypse now, désolé, et donc je ne peux rien comparer, comme l'ont fait la grande majorité des critiques, en pâmoison ou pas).
Et dire aussi que la musique (et l'utilisation qui en est faite) augmente encore le plaisir qu'on prend au film (comme ç'avait déjà été le cas pour Valley of Love)...

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