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lieux communs (et autres fadaises)
20 janvier 2019

boulevard 2.0

006
DOUBLES VIES
d'Olivier Assayas.

Assayas, Binoche, Macaigne, voilà le joli petit tiercé qui m'avait donné envie d'aller au bôô cinéma et ce dès la première séance du film (oui oui on l'avait en sortie nationale!) et c'est donc là que j'ai retrouvé Emma . Doubles vies, dit le titre, mais double film finalement aussi.
Je l'ai déjà dit et je le répète (et je ne me lasserai pas de le répéter), j'adore Vincent Macaigne, surtout quand, comme ici, il a sa bonne grosse barbe, et même quand, comme ici il macaignise : hirsute, plaintif, zyeux de chien battu, mauvaise foi, hésitations, pleurnicheries presque, attendrissant comme un aimal de compagnie qui voudrait sans cesse être rassuré sur les sentiments que vous lui portez : ce mec-là est grandiose, point.
Et il a en face de lui une Binoche dans ses meilleurs jours, comme je l'aime : simplement juste (justement simple). A la question que je me posais, suite à ses précédents films ("Est-ce que qu'elle couche ?") il a été répondu  oui. Oui, après Xavier Beauvois, Robert Pattinson, Masatochi Nagase, pour n'évoquer que ces films les plus récents (c'est vrai qu'en ce moment on assiste à un genre de festival Juliette) on la voit effectivement ici au lit avec tiens je ne vous dirai pas qui, vous verrez bien vous même, je ne vais pas spoiler, mais bon, oui, elle couche (mais c'est ici très pudique, Assayas quand même).
Binoche, Macaigne, et en face, Guillaume Canet (que j'aime poliment, et qui ici ne démérite pas) et Nora Hamzawi, que je ne connaissais pas et que j'ai trouvée excellente. Les voilà formés en deux couples, avec pour pimenter ce quadrille et le transformer en jeu des quatre coins, la jeune Christa Théret, découverte il n'y a pas si longtemps en soeurette de Félid Moati dans le délicieux Gaspard va au mariage d'Anthony Cordier.
Macaigne est écrivain, sa femme Nora est attachée parlementaire, Canet est éditeur et sa femme, Binoche, est actrice dans une série policière à succés ("Collusion"), comme on le voit on n'est ni dans le RSA ni vraiment non plus les fins de mois qui déchantent. Passons. bons jobs, beux apparts, ces gens-là se réunissent lors de soirées chez les uns ou les autres qu'on croirait scénarisées par Valérie Lermercier (la Renardière et ses "grandes salades"), où le comble du raffinement est de manger avec l'assiette posée sur ses genoux mais surtout, surtout, de parler, de discourir plutôt, d'une  intolérable façon. Comme si un robinet de lieux communs (et autres fadaises) avait été ouvert : enfilades de poncifs sur les sujets les plus divers, (qu'Emma, dans sa grande bonté, supposait avoir été écrits comme ça exprès pour montrer à quel point ces gens-là (et leurs conversations) sont ridicules, parce que le film est une comédie, alors que moi je craignais que non, justement.
Le film, donc, glose. Dès qu'ils se réunissent, piapiapia,  ils jactent comme wikipédioche, ou comme dans "le livre numérique pour les nuls", ou comme dans "la politique pour les nuls", ou comme dans une notice de vulgarisation, et c'est très très agaçant. Limite insupportable.
Ca c'est dans le premier film (les affres d'un écrivain d'auto-fictions à qui son éditeur refuse de publier son dernier manuscrit, tandis que les temps changent, et que la liseuse a insidieusement remplacé les bons vieux livres en papier avec les pages qui tournent). On s'y morfond un peu, avec son assiette sur les genoux, quand soudain commence le second. La deuxième couche, le double-fond : A trompe B avec C, B ttrompe C avec D, et D avec E (et on soupçonne rapidement que E ne devrait pas tarder à faire la même chose avec... avec qui d'ailleurs ? on ne sait plus très bien mais là, dans ces histoires de cul de coucheries et de cocufiages divers il advient, ô bonheur, que les gens parlent simplement, normalement, habituellement, comme dans un film normal où un homme normal couche avec une femme normale. Ou le contraire. En trompant son mari ou sa femme normale. Et ces scènes sont justes. Et elles fonctionnent. Jusqu'à ce que, à nouveau, le robinet à platitudes et autres généralités se déverse à nouveau.
Oui, voilà un film double, tout aussi exaspérant qu'attachant, jusqu'à ce que, finalement, ce soit l'attachant qui finisse par l'emporter. Grâce aux acteurs-trices, surtout, sans doute. Autant Assayas est pénible (et lourdaud) dans le didactique et le magistral, autant il excelle dans l'humain et l'affectif.
Paradoxalement me restera donc de ce film un sentiment général plutôt positif (grâce à mon tiercé de tête initial -Macaigne/Binoche/Assayas- auquel je rajoute l'outsider Nora Hamzawi, qui restera pour moi la vraie révélation du film).

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