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lieux communs (et autres fadaises)
2 février 2019

late bloomer

019
LA MULE
de Clint Eastwood

Du grand art.
Il aura quand même fallu aller jusqu'à Besac car le bôô cinéma ne le programme hélas qu'en VF, pffff...). j'avais fait un peu l'impasse sur les derniers films du Monsieur (Le 15h17 pour Paris, Sully, American Sniper, que je reniflais comme lourd(aud)ement patriotiques) mais je gardais de bons souvenirs de Jersey Boys, Au-delà, et, surtout, Gran Torino (2008, quand même!), suffisamment pour céder à l'unanimité des critiques (ce que je ne fais pourtant généralement pas) et y aller. Clataclop, juste après Continuer, c'était rigolo de filer la métaphore équine...
Pas de cheval ici, mais  un vieux pick-up hors-d'âge, à l'image de son conducteur, Earl (Clintounet, bien sûr), un horticulteur que le hors-d'âge ne semble pas avoir spécialement bonifié puisque, avec presque quatre-ving-dix ans au compteur, il continue de faire le désespoir de ses proches (proches étant pris ici au féminin puiqu'il s'agit de sa femme, de sa fille -jouée d'ailleurs par la propre fifille de Clint- et même de sa petite fille -non, elle, elle continue de le défendre et de le soutenir, mais juste jusqu'à un certain point...) Earl, au début du film, s'occupe de ce qu'il préfère : ses lys (il est horticulteur), et le film, ironiquement, se terminera sur le même personnage cultivant d'autres lys... Il est horticulteur mais il est sans le sou (internet l'a, dit-il, ruiné), et les hasards de la vie (et ceux du scénario, mais c'est tiré d'une histoire vraie nous assure-t-on) le fait entrer en contact avec des chicanos jeunes tatoués et violents (les petites mains hargneuses d'un gros bonnet de la drogue -délicieusement incarné par Andy Garcia- où chacun est près à marcher sur la tête du voisin pour s'élever un peu dans cette structure pyramidale dite "du cartel") qui le chargent d'un premier convoyage.
Et voilà Earl qui fait la mule. Il conduit prudemment, n'a jamais eu de pv, mais fait les choses à sa façon, comme il l'entend, en tête de mule qu'il est, justement. Au point de provoquer, au fil des trajets (qui sont numérotés), l'ire croissante de certains membres du cartel, en même temps que la complicité souriante d'autres (qui l'appellent par des petits noms gentils, viejito, abuelito).
Clint filme Clint dans un rôle qui lui va comme un gant (il pourrait être le frérot "comme deux gouttes d'eau" du vieux con réac mysogine et misanthrope de Gran Torino, avec dix ans de plus, et comme les choses ne s'arrangent pas en vieillissant vous imaginez...) et compose un personnage touchant, avec une bonne dose d'humour et d'auto-dérision qui le rendent curieusement (furieusement) sympathique.
Il y a Earl et sa famille, il y a Earl et sa nouvelle famille (les tatoués avec des gros flingues) et il y a Earl et le flic des Stups qui le pourchasse, avec qui va se mettre en place une touchante relation quasi filiale).
Et Eastwood, le réalisateur, arrive à combiner tout ça (la famille, la vieillesse, la came, la violence, les p'tites pépées, même) et dose son cocktail avec un doigté et une précision incroyables (l'humour l'action le suspense la tendresse l'émotion) lors de bifucation de scénarios qu'on n'aurait pas forcément vues venir. Entre tord-boyaux et liqueur de dame, délicieusement.
Oui, du grand art.

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