l'ami allemand
Je l'ai appris en direct, à la fin du journal de 13h, et j'ai eu les lames aux yeux.
Bruno Ganz est mort, à 78 ans.
Bruno Ganz, c'est d'abord, pour beaucoup, l'ange des Ailes du désir (Wim Wenders, 1987), celui qui devient humain par amour pour une belle trapéziste, mais pour moi, c'était d'abord, et pour toujours, Jonathan Zimmermann, l'encadreur de L'ami américain (Wim Wenders, 1977) d'après le roman de Patricia Highsmith.
J'avais tellement aimé ce film, et je l'y avais tellement aimé que j'ai continué d'aller le voir au cinéma ("le" pour Bruno Ganz bien sûr). Les années 80 lui furent fastes. Il était Bruno, le mari, dans La femme gauchère (Peter Handke,1978) , Rémy dans La provinciale (Claude Goretta, 1981), Georg dans Le faussaire (Volker Schlöndorff,1981), Paul dans Dans la ville blanche (Alain Tanner, 1982), Faber dans La main dans l'ombre (Rudolf Thome, 1983, un film rare pour lequel j'avais spécialement pris le train, car je ne pouvais le voir qu'à Paris, un genre de polar avec aussi (souvenirs un peu flous) Dominique Laffin et Laurie Anderson!), puis Alexandre dans L'éternité et un jour (Theo Angelopoulos, 1993), là quelques années de creux pour le cinéma, et on le retrouve en Fernando dans le joli Pain, tulipes et comédie (Silvio Soldini, 2000), puis encore quelques blancs et je l'ai retrouvé dans les années 2010, d'abord en parrain mafieux albanais (improbable mais vrai!) dans le délirant Refroidis (Hans Peter Molland, 2014), que j'adore, puis en grand-père dans Amnesia (Barbet Schroeder,2015) , jusqu'au Verge/Virgile du très récent (et malaisant) The house that Jack built (Lars Von trier, 2018).
Quarante ans et quelques de cinéma, donc, et un sacré parcours cinématographique...
Bruno Ganz c'était, aussi, et surtout, une voix, une voix magnifique qui me file des frissons chaque fois que je l'entends...
"Als das Kind Kind war,
wußte es nicht, daß es Kind war,
alles war ihm beseelt,
und alle Seelen waren eins."
(Les Ailes du désir)