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lieux communs (et autres fadaises)
23 mars 2019

serendipities

064
MA VIE AVEC JOHN F. DONOVAN
de Xavier Dolan

What a surprise! Vu cet aprem' dernière séance en VO (ma résolution anti-PDC* aura tenu un jour, quand même!) Je savais que les critiques étaient moy-moy', que Pépin faisait un peu la tête tandis que Jean-Luc sautait en l'air d'admiration... Dans quel camp donc allais-je me ranger ?
Je précise que je ne suis pas trop Dolan. Je ne fais pas a priori partie du club des aficionados du jeune homme. Il a commencé à m'agacer dès son premier film, J'ai tué ma mère (2009, le bougre avait 20 ans!) et ça ne s'est pas toujours forcément arrangé ensuite , des hauts et des bas plutôt dirons-nous : si Laurence anyways ne m'a pas convaincu, si Mommy m'a exaspéré, je dois reconnaître que je fus beaucoup plus sensible aux Amours imaginaires (que m'avait recommandé Loulou) -pour son maniérisme-, à Tom à la ferme -pour son hitchcokisme-, ou encore (et surtout) Juste la fin du monde -pour son lagarcisme-...
Bref j'éprouve pour Xavier Nolan des sentiments... mêlés. C'est peut-être la problématique de la mère toxique (qui semble lui tenir, depuis le début, tellement à coeur) qui me fait le tenir un peu à distance.
Et des mères, à nouveau, il y en a (excusez du peu, les superbes Susan Sarandon et Natalie Portman, et on peut supposer que Jessica Chastain, dont Nolan a fini par supprimer le personnage et toutes les scènes où elle apparaissait -le film aurait alors duré plus de quatre heures aurait-il déclaré), des mères toxiques de fils uniques.
D'autant plus que le jeune cinéaste (il n'a que 30 ans) a complexifié son récit en le situant à deux époques : celle du jeune John F Donovan (sa maman est Susan) et celle du encore plus jeune Rupert (sa maman est Natalie), qui sont devenus amis épistolaires et se sont écrits pendant des années, sans jamais se rencontrer, ca le plus âgé des deux est mort avant que la chose ne puisse se faire. Un adulte qui "devient l'ami" d'un enfant... rien de malsain ni de graveleux là-dedans, même si le sujet peut paraître sensible (voire incompréhensible à certains). Cette situation "originale" est (inutilement ?) complexifiée par un montage alambiqué : elle est racontée via une interview de Rupert, devenu adulte et lui aussi acteur, par une journaliste (avec qui au départ le courant ne passe pas très bien) et donc le film ne cesse d'opérer par sauts temporels,flashes-back (et flashes-back de flashes-back) qui nécessitent pour le spectateur d'être très attentif pour ne pas perdre le fil.
J'ai beaucoup aimé le démarrage du film (j'étais ravi de cette façon qu'a Dolan d'oser filmer flou -j'adore le flou, je l'ai déjà dit et redit-), la mise en place est efficace, bouillonnante (je continue de me demander quelle place y aurait eu Jessica Chastain** : peut-être sera-t-elle réintégrée dans le director's cut ?), même si ensuite l'intérêt baisse un tantinet lorsque -décidément il ne peut pas s'en empêcher, c'est plus fort que lui- Dolan se met à nous refaire Mommy en version américaine (anglaise, plutôt). C'est vrai que depuis le début du film je jubilais (j'adore être surpris en bien par un film dont je n'attendais pas forcément grand-chose...) et je jubilais encore plus de me sentir jubiler (je jubilais au carré, en quelque sorte).
Non seulement j'aime la façon dont il filme, mais je suis encore plus sensible (et ça c'est vrai pour tous ses films) à l'intelligence et à la force de ses choix musicaux pour la bande-son... Ce gars-là est très doué pour trouver pile-poil la bonne musique a bon moment (Bittersweet symphony pour la fin, ça ne pouvait pas tomber mieux, du grand art!).
Peut-être que, si j'ai aimé autant, c'est parce que Xavier Dolan a -un peu- "dé-dolanisé" sa façon de filmer, et, en s'américanisant s'est un (curieusement) dépersonnalisé (aseptisé ?) mais bon, en tant que gay & midinet, je ne pouvais pas rester insensible à ce film-là...

0373251

* Printemps Du Cinéma
** j'ai lu -je ne sais plus où qu'elle devait jouer une directrice de tabloïd persécutant l'acteur et décider à flinguer sa carrière... une méchante, quoi

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