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lieux communs (et autres fadaises)
30 avril 2019

le pouvoir protège le pouvoir

088
EL REINO
de Rodrigo Sorogoyen

Lundi de Pâques, j'ai pris le bus pour aller voir ce nouveau film du réalisateur qui nous avait donné le couillu -et malaisant- Que Dios nos perdone, en 20107, avec déjà, en vedette le même Antonio de La Torre (qu'on vient de voir récemment - Semaine latino 8- en prisonnier futur président de la république dans l'impressionnant Compañeros), film, donc, vivement conseillé par Dominique, et dont je n'étais pas sûr qu'il passerait encore la semaine suivante......
L'acteur incarne, cette fois Manuel López-Vidal,  un homme politique espagnol qui va se retrouver pile-poil dans l'épicentre d'un tsunami politico-financier-médiatique impliquant les membres du parti dont il fait partie (hihi) mais la quasi-intégralité de la classe politique espagnole... Un film sur les nantis en costume trois pièces, qui mangent des choses chères dans des restaurants chers, roulent en grosses bagnoles et mettent de côté le plus de fric possible au fil de magouilles quotidiennes, habituelles, rituelles, petites ou beaucoup plus grosses... Au début du film c'est un autre qui est collimateur, mais au fil des dénonciations, révélations, et trahisons diverses et successives (la théorie des dominos) Manuel López-Vidal semblerait devenir le bouc émissaire idéal, et, donc, l'homme à abattre (au sens figuré pour les tribunaux juges et média divers, au sens propre pour les méchants très méchants qui préféreraient effacer toutes les traces de leurs malversations).
J'ai beaucoup aimé le film, je dirais même que je l'ai aimé de plus en plus, cinématographiquement, de par sa construction. Construction oui, il m'a fait penser à ces jeux où il s'git d'empiler des choses, chacun son tour, jusqu'à ce qu'un morceau ultime fasse s'écrouler tout l'édifice (et perdre le joueur qui l'a posé)... Pendant un long moment on est dans le stable, on regarder s'agiter frénétiquement (et se tirer dans les pattes tout en faisant mine de se donner des grandes claques dans le dos) tous ces margoulins (et margoulines), puis l'empilement des pièces commence à devenir un peu anxiogène (pour le spectateur) et chaque nouvelle scène (ou pièce empilée) commence à faire vaciller l'ensemble du récit, qui devient du coup de plus en plus passionnant. La dernière demi-heure est à couper le souffle.
D'abord la scène sur le balcon, puis celle dans la maison d'un de ses "amis", (occupée par sa fille en train d'organiser une teuf en cachette de son père, maison où il doit récupérer des documents, malgré l'hostilité croissante des participants à ladite teuf), puis une scène (pour moi) anthologique, hitchcockienne "a minima", celle de la station-service la nuit (peut-être ma préférée du film), suivie d'une autre scène avec des voitures la nuit (qui, je ne sais pas trop pourquoi, m'a évoqué Fargo), et, hop on pose enfin l'ultime pièce, la scène du débat télévisé... Tombera, tombera pas ? Le réalisateur, joueur, nous laissera là en suspens (...) sans pitié, mais on ne peut qu'applaudir à l'intelligence de la progression dramatique du récit.
Et Viva España!

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