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lieux communs (et autres fadaises)
17 mai 2019

"jacqueline a dû le pousser à bout avec ses questions de fouinasse..."

099
LES CREVETTES PAILLETÉES
de Cédric Le Gallo et Maxime Govare

Une troupe de mecs en maillot qui s'ébattent dans l'eau et palabrent dans les vestiaires, qui préparent une compétition internationale et partagent un bus pour s'y rendre, tout ça "d'après une histoire vraie"... Le Grand bain 2 ? Difficile de ne pas y penser au départ. Sauf qu'ici le réalisateur (enfin, ils sont deux) n'a pas casté une brochette d'acteurs "bankables" pour incarner ces héros de la lose glamour, mais des beaucoup moins connus. Sauf deux (en ce qui me concerne) Alban Lenoir (un petit barbu sec, plaisant, découvert dans Kaamelot puis dans Hero Corp) et Michael Abiteboul (un grand rouquin  barbu dont j'ai déjà parlé à plusieurs reprises parce que je l'aime bien bien et je le répète, , , , et encore ), et deux autres : un petit barbu rablé dont je connaissais le visage mais pas le nom (Romain Lancry) et un pas barbu du tout mais dont le visage me disait quelque chose aussi (Roland Menou), mais dont je ne sais pas où je les ai vus, bref des "deuxièmes couteaux", mais qui donnent du coup un relief plus singulier à leurs personnages et re-du coup aux possibilités d'identification (être gay c'est vous c'est moi ça pourrait être tout le monde -enfin surtout moi dans ce cas précis-) que ça implique (que ça permet).
Les crevettes pailletées, donc, c'est une équipe de water-polo dont les joueurs sont gays (l'équipe existe en vrai, un des réalisateurs d'ailleurs en fait partie, et il explique d'ailleurs dans un entretien que les maillots qu'on voit dans le film sont les vrais maillots de la vraie équipe, et qu'ils ont d'ailleurs été dessinés par un autre membre (!) de l'équipe, un qu'on peut voir en ce moment à la télévision (Zabetta accroche-toi) : Cyril, ex-Rouge, dans Koh Lanta, si si...), équipe qui va participer aux Gay Games en Croatie, coachée par un autre sportif qui ne l'a pas souhaité, mis là en punition par sa fédération (il est nageur de compet') pour avoir tenu des propos homophobes.
Le petit problème (pour moi) est que ce personnage n'est pas très attachant (ni très intéressant) par le comportement égoïstement mesquin qu'il aura pendant une grande partie du film (heureusement, vous vous en doutez bien qu'il se rachète à la fin) et ses atermoiements  successifs -et autres tergiversations.- (les faire gagner / les faire perdre / non, les faire gagner / non, les faire perdre, etc.) justifiés par le scénario. Face à lui, heureusement, la joyeuse bande de crevettes à l'humour très gay, et très vachard (celui que je préfère) et à -en dépit des préoccupations de chacun et des antagonismes- l'incontestable esprit d'équipe. De troupe. Avec cette spécificité, (dont je ne sais pas si elle m'enthousiasme ou si elle m'agace), que , à part un personnage "excessif" de trans / drag queen (à côté de laquelle Priscilla folle du désert pourrait poser sans problème) tous ces mecs sont "normaux" en apparence, et ne font pas plus "pédé" que vous et moi - re-surtout moi dans le cas présent hihihi- (et sont d'ailleurs tous interprétés par des acteurs a priori hétéro-normés). A part une grande scène de nuit excessive disco-techno-paillettes-substances illicites-danseurs bodybuildés- qui pourrait évoquer un genre de quintessence gay, tout ça est assez sage, et le film est plutôt -paradoxalement- prude (on voit pas mal de fessiers virils mais à peu près une seule zigounette, et en plus vue de loin).
Un peu le cul (hu hu) entre deux chaises : un poil trop trop hétéro pour les pédés, et un faux-cil trop pédé pour les hétéros, quoi. On n'est ni dans La cage aux folles ni dans Cruising ou Le droit du plus fort. Ni une pochade ni une attaque ni une dramatisation, non, juste un entre-deux douillet, sympathique, rassurant.
C'est, finalement, tout ce qu'on lui demande... J'avoue y avoir pris un grand plaisir, avoir souri et ri aux dialogues souvent mouillés d'aciiiiideuh (comme chantait Aznavourchounet dans le -pour moi- horripilant Comme ils disent), avoir apprécié la musique du film (excellente idée par exemple que cette reprise d'un tube que j'aime honteusement en cachette depuis longtemps -Isa elle-aussi, elle me l'a avoué- le poitrinesque Boys boys boys de Sabrina, et re-bonne idée que d'avoir pris la chanson Kid de Eddy de Pretto pour le générique final) en me faisant, en même temps, ma petite auto-analyse ("Mais, être gay, c'est quoi ? Est-ce que j'ai été vraiment gay d'abord ? Est-ce que j'ai vraiment vécu comme un gay?") sans vraiment réussir à y trouver de réponse adéquate d'ailleurs.
Les crevettes pailletées est un film gentil, mieux, un film bon, en tant que plaidoyer-doudou en faveur de la différence et contre l'homophobie (dans le sport et dans la vie en général), un récit parfois un peu trop démonstratif dont je comprend néanmoins que quelques pontes militants LGBT purs et durs aient pu se formaliser pour cause, disons, de "mollesse idéologique" ou un autre truc du même genre (hihihi). Le film se revendique -et s'assume- en tant que comédie, et il faut reconnaître que, dans ce cadre-là il est diablement efficace. Comédie, mais aussi buddy movie ou feel good movie (avec une scène finale sur le fil du rasoir, courageusement, comme la petite chèvre de Monsieur Seguin) mais qui, je le répète, aurait sans doute encore gagné en choisissant un personnage central plus "fort" (plus intéressant).
Comment dire ? En tant que spectateur lambda je suis ravi, et en tant que pédé je le suis un peu moins (c'est difficile à dire pourquoi, pourtant je ne suis ni folle tonitruante ni militant purédur, je suis juste un pédé lambda -lambda plus plus même : vieux gros et moche, et provincial- et à ce titre je ne suis pas sûr de m'y être reconnu, mais peut-être n'était-ce pas là le propos du film ?) Disons que le film est trop pas assez ceci  (ou pas assez trop cela) et

"Boys, boys, boys
I'm looking for the good time
Boys, boys, boys
I'm ready for your love..."

plongeons joyeusement, ébrouons-nous, roulons-nous des pelles, tirons au but victorieusement, baissons le maillot des adversaires en douce sous l'eau, gagnons (ou pas), faisons la teuf pour fêter ça, et ne boudons (surtout pas) pas notre plaisir! C'est vrai que les gays ont le beau rôle, et c'est tant mieux, qu'ils sont plus drôles, plus attentionnés, plus acerbes, plus compatissants, plus tolérants, plus zinzins plus plus... vive eux, vive nous, et vive moi aussi du coup... Yessss! Bon n'en jetez plus, quoi.

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Commentaires
Z
Je rattrape mon retard... merci Robertino-bello-tchi-tchi pour l'info concernant Cyril (bon, je ne me souviens plus vraiment de lui, je vais aller regarder ça de plus près !). J'ai vu le film mais je n'avais pas fait le rapprochement, heureusement que tu es là !!!
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