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lieux communs (et autres fadaises)
25 mai 2019

ablutions

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LE JEUNE AHMED
de Luc et Jean-Pierre Dardenne

Radical.
Quel autre qualificatif siérait mieux à ce film, qui nous dresse le portrait d'un personnage (le jeune Ahmed du titre, d'ailleurs chapeau pour la typographie, justement, qui pose sur deux lignes "le jeune" (8 caractères, avec le blanc) et "Ahmed" (5 caractères seulement), obligeant du coup le prénom à s'étirer / s'agrandir pour, justement se justifier  (être à la bonne taille) par rapport à la ligne du dessus -ne me dites pas que tout ça a été fait au hasard-) , d'un personnage, donc, en train de se radicaliser, qui va faire une connerie, puis une autre...
C'est drôle que "les hasards de la programmation" aient fait diffuer ce film juste après M de Yolande Zaubermann. S'il était besoin de démontrer les méfaits (les dangers) de la religion (en général) et des textes dits "sacrés" en particulier (la Torah là-bas et le Coran ici...) en voici deux exemples parfaits.
Ahmed a changé depuis quelques temps, cornaqué par un iman, justement, radical, sous des dehors bonhommes de bon épicier arabe du coin, et l'endoctrinement semble porter ses fruits. le jeune homme s'enferme dans sa doctrine, sa prière, ses ablutions, son mépris des femmes, son obsession de la pureté (de l'impureté), du péché, du paradis, des apostats, etc.
Les frérots D. filment ce jeune Ahmed comme un Rosetton : de très près, et c'est vrai qu'il peut évoquer le personnage féminin qui jadis révéla Emilie Dequenne : il est jeune, fermé (opaque), focalisé sur une seule chose (pour Rosetta c'était trouver un job, pour Ahmed ça serait plutôt réussir ce qu'il a décidé d'accomplir, d'éliminer les apostats, pour faire plaisir à Allah) avec une impressionnante (terrifiante) obstination, qui vire à l'idée fixe, à l'obsession.
Ahmed a 13 ans, un visage d'enfant, avec ses joues de chérubin, ses cheveux frisés, ses lunettes rondes, mais c'est comme si quelqu'un d'autre vivait à l'intérieur de lui, sous cette apparence enfantine, et cette possession est insupportable (comme l'est celle de tous les "fous de dieu" - C'est lui, mais en même temps ce n'est pas lui comment un gamin de cet âge peut-il en arriver là ?-) qui le poussera au-delà de ses limites (la dernière  séquence l'est vraiment, terrifiante, par la matérialisation de cette rage qui l'habite, comme une addiction, de ce jusqu'auboutisme, de cette pulsion qui ne l'auront pas quitté de tout le film, à tel point qu'on pourrait presque se demander si les derniers mots qu'il prononce sont sincères, tellement on (ne) l'aura vu (que) mentir et tromper son monde pendant tout le film. Et c'est peut-être un peu ça le problème de ce personnage, et du film, c'est qu'en fin de compte il n'évolue pas, ne bouge pas d'un pouce, quoiqu'il puisse (faire semblant de) dire ou faire, et cette attitude est (de plus en plus) dérangeante pour le spectateur, par l'impossibilité d'empathie et d'identification qu'elle génère-).
A tel point qu'à la fin je me suis surpris -horreur- à penser "C'est bien fait pour lui". Et j'en ai presqu'eu honte.

1635371


Le journaliste de la Voix du Nord résume assez bien mon opinion : "Les Dardenne, fidèles à leur style brut, épuré, tendu, se placent avant tout à la hauteur d’un gosse immature et perdu qui devrait plutôt être travaillé par ses hormones que par ses ablutions." (via allocinoche)

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