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lieux communs (et autres fadaises)
26 juin 2019

may b

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MAGUY MARIN  L'URGENCE D'AGIR
de David Mambouch

C'est vrai que j'ai été gâté, pour cette programmation spéciale "Fête de la Musique" avec deux films qui me tenaient spécialement à coeur : celui-ci, sur Maguy Marin, réalisé par son fils, et celui sur Rodolphe Burger, Good, réalisé par Patrick Mario Bernard, et je m'étais donc composé un programme de rêve : Maguy M. à 18h10 et Rodolphe B. à 20h30. Du bonheur et du re-bonheur...
Commençons donc par Maguy. On y découvre, quasi chronologiquement, la série des chorégraphies qu'on lui doit, depuis ses débuts chez Béjart, et la façon progressive dont elle s'est approprié la danse, "sa" danse, en tant qu'expression, revendication,  protestation,  révolte. Des "entrechats" (j'utilise à dessein le cliché) considérés comme un acte politique. Le film mêle des extraits de pièces, de répétitions, entrecoupés de prises de paroles, de Maguy Marin elle-même, mais aussi de beaucoup de gens qui l'ont cotoyée, qui ont fait (et qui font toujours, c'est affaire de fidélité) partie de la Compagnie Maguy Marin.
David Mambouch évoque l'histoire de sa mère (et de la mère de sa mère) et la sienne propre aussi, dans une touchante affaire familiale. Comme un corps dont l'épine dorsale (et en même temps le coeur battant) serait May B, la "pièce fondatrice". Une pièce créée (dixit wikipedioche) en 1981, une pièce pour dix personnages, inspirée par les textes de Samuel Beckett (Fin de partie, notamment, nous explique Maguy, qui nous raconte sa rencontre avec Samuel), une pièce forte, huée à sa sortie, mais qui a acquis au fil des ans une aura de pièce maîtresse, via des re-créations (neuf si je me souviens bien) au fil des ans, comme on remonterait au front, on repartirait à l'attaque. May B que j'ai découvert , justement lors d'une de ses recréations sur la scène du théâtre à Vesoul (pas la dernière celle de 2015, la précédente, celle de ?)
Parmi le nombre imposant de créations de Maguy Marin et de sa compagnie, je n'ai pu en voir que quelques-unes : Cortex, à Vesoul (1992), Waterzoï, à Belfort, (1993) puis, beaucoup plus tard Points de fuite à Montbéliard (je ne suis plus sûr ni de la date ni du lieu ni du titre, juste qu'il y avait beaucoup d'agitation dans la salle pour cause de djeunz laissés livrés à eux-mêmes par un encadrement professoral défaillant), puis Salves, à Besançon (2014), et, in fine, Ligne de crête, ici, l'ultime jusqu'auboutisme, il y a quelques mois. C'est fort peu, mais ce fut à chaque fois un choc et un grand bonheur de spectateur.
On connaissait Maguy Marin en tant que danseuse et chorégraphe, on la découvre en tant que mère et même en tant que fille (sa maman a eu cent ans), et on est heureux de retrouver la militante, qui a su garder au fil de sa carrière (et de ses créations) la même intransigeance, le même goût de la révolte, de l'inconfortable, du non-consensuel.
Et la boucle est joliment bouclée lorsqu'on apprend, vers la fin, qu'elle a demandé à son fils de danser sur la dernière version de May B (et c'est très touchant la façon dont lui, en voix off nous en parle).
Et j'avais oublié combien ils sont magnifiques, ces dix interprètes de May B (une bonne partie du film leur est consacrée), sous les oripeaux et sous la glaise, et le film nous donne la chance de les voir de plus près, de tout près, presque à les toucher...
Un très beau moment d'émotion plastique, chorégraphique, cinématographique...

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