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lieux communs (et autres fadaises)
14 août 2019

3/4 de whisky et 1/4 de porto

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GÉNÉALOGIES D'UN CRIME
de Raul Ruiz

J'avais un ticket ciné à utiliser jusqu'au 12, et au Victor Hugo j'avais le choix entre Mizoguchi et Ruiz (l'été, c'est rétrospectives) et donc ce fut ce film de 1997 (Lion d'Argent à Berlin). Il me semble l'avoir vu à l'époque et d'y avoir (déjà!) copieusement dormi... mais là, je n'en étais plus aussi sûr. Comme de bien entendu (les séances de 13h30 sont, à cet égard, mortelles) je n'ai pas été long à somnoler (digestivement) (heureusement Dominique m'a, d'un coup léger sur mon coude, ramené à la réalité). Le film vaut, déjà, par son casting : Catherine Deneuve trône en tête de casting, avec un double rôle, suivie par Michel Piccoli, Melvil Poupaud, Andrzej Sewerin, Monique Mélinand, mais aussi -bonheur!- Bernadette Lafont, sans oublier -surprise- Patrick Modiano (si si!) et -attendrissement- un tout jeune Mathieu Amalric... Tout ce joli monde a vingt ans de moins, et ça c'est très plaisant à voir, cette jouvence  (nous aussi, ai-je pensé alors, on avait ving ans de moins...).
L'histoire est très ruizienne : mettant d'abord en scène Solange, une avocate (Catherine Deneuve, blonde) répondant aux questions d'un homme (dans un dispositif qui évoque celui de Une belle fille comme moi, où  Bernadette Lafont raconte son histoire à André Dussolier en un gigantesque flash-back), qui décide de défendre un jeune homme (Melvil Poupaud) accusé d'avoir assassiné Jeanne, une femme dont elle va lire -et vivre- l'histoire, film dans le film (Catherine Deneuve, rouquine en foulard vert, craquante). Ça a l'air assez simple comme ça mais pas vraiment (on est chez Ruiz, tout de même, aidé par Pascal Bonitzer -qui joue aussi un petit rôle- au scénario).
Et les choses vont se compliquer lorsque va entrer en jeu un genre de société secrète (très rivettienne), et l'histoire devient à double voire triple fond, mêlant les différents niveaux de narration, on ne sait plus trop où on en est, d'autant que Ruiz semble s'amuser comme un petit fou en filmant (flous de mise au point par ci, filmage d'un scène en huis-clos en se baladant derrière chacun des éléments et accessoires du décor comme si s'y dissimulait un indice caché, par là, où encore plan fixe sur un personnage assis qui devient un travelling tournant, le réalisateur expérimente et manipule, et, bon, on perd encore plus pied (surtout quand on a dormi au début) à moins qu'on soit juste en train de perdre patience devant un récit abscons et tarabiscoté.
Mais le plaisir est tel de voir jouer ces actrices/teurs qu'on se laisse aller avec eux, de l'autre côté des miroirs sans tain. Deneuve et Lafont, magnifiques, recomposent leur duo de Zig Zig (Laszlo Szabo, 1974), et c'est un grand bonheur, Piccoli est égal à lui-même : superbe, et rien que ça produit des étincelles(cinéphiliques).
Une autre curiosité du film (pour les historiens) : il est "en francs", puisqu'il y sera beaucoup question d'argent, et les personnages, d'ailleurs, y font régulièrement allusion plusieurs fois dans leurs dialogues, en énonçant des prix de produits plus ou moins fantaisistes ("Quatre-vingt-trois francs pour deux cafés ?" s'étonne ainsi  Solange/Jeanne Deneuve à une terrasse, devant un garçon de café goguenard, qui cite Mallarmé).
Un voyage dans le temps recommandé aux cinéphiles nostalgiques (ce qui est sans doute un pléonasme).

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