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lieux communs (et autres fadaises)
18 août 2019

nous nous sommes tant aimés

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NUITS MAGIQUES
de Paolo Virzi

Le plaisir de voir un film italien (et de faire d'une pierre deux coups en prospectant pour la prochaine Semaine Italienne)... Un film ritalissime qui parle de (je devrais plutôt écrire qui parle parle parle de, tellement le film se joue, rythmiquement, question dialogues, entre allegretto et prestissimo) trois personnages (une jeune fille et deux jeunes hommes), d'amour, d'amitié, de cinéma, d'argent, et même de football (un running gag qui m'a bien fait rire), dans une comédie en plus (pas toujours extrêmement fine mais ça fait partie du plaisir, Les Nouveaux Monstres, pa exemple, en leur temps, n'étaient pas non plus  des parangons de subtilité si je me souviens bien) qui, pendant plus de deux heures, va nous trimbaler sans ménagement (ça tiendrait plutôt de l'ouragan) dans les coulisses du cinéma italien, du cinéma italien dit "de l'âge d'or", sur les basques de trois jeunes apprentis-scénaristes (qui viennent de gagner les trois premiers prix d'un concours de scénarii) et donc, poussinets frais éclos dans la basse-cour de l'industrie cinématographique, tout pleins d'illusions et d'énergie, mignons à croquer, et qui font leurs "premières armes" dans ce qui ressemble bien à un panier de vieux crabes, un marigot saumâtre où crapotent de vieux crocodiles qui font claper leurs vieilles machoires devant ces jeunes proies alléchantes. Rien de nouveau sous le soleil de Cinecitta, qui dit cinéma dit sexe et fric (et magouilles). Nous en aurons donc pour nos sous.
Le film est bâti comme un long flash-back (un producteur véreux a été retrouvé mort dans sa voiture dans le Tibre, avec une photo dans sa poche, sur laquelle figurent nos trois jouvenceaux, qui vont donc  raconter leur histoire à un commissaire). Les trois sont très différents : il y a le "bon élève" sage et sérieux avec ses petites lunettes, et le chien fou, qui parle cru et semble toujours avoir les doigts dans la prise, tandis qu'entre les deux la demoiselle semble être un concentré d'inhibitions et de mal-être qu'elle combat à grands coups d'éléments psychotropes divers.
J'ai beaucoup aimé ça, même si j'avais souvent conscience de ne pas être en possession de tous les éléments et toutes les références cinéphiliques requises (le réalisateur, qui se rappelle visiblement de son propre passé de jeune scénariste, mélange le vrai et le faux, donne de vrais noms, en invente d'autres, qui en suggèrent éventuellement d'autres encore et ce jeu de cherchez le vrai trouvez le faux est plutôt plaisant...)
Le film n'est pas daté précisément (le seul élément chronologique sûr étant le tournage de La voce della luna, de Federico Fellini - soit, merci allocinoche, 1990-, mais quel idiot je fais (pardonnez-moi), avec une autre datation, bien plus probante pour les footeux : la demi-finale de coupe du monde Argentine-Italie, 1990, wikipédioche merci!) mais Paolo Virzi confère à son récit une patine, une coloration "nostalgique" dans le traitement de l'image, avec un recours fréquent à de belles ambiances sépia nocturnes.
Cinéma, ambitions, illusions (désillusions aussi, bien sûr), millions de lires, vaffanculo,  c'est incontestable, on est en terrain connu, en pleine Italie certes mais surtout Italia cinematografica, où Virzi nous fait galoper aux basques de son trio jules et jimesque italiano  (un toscan, un sicilien et une romaine) sans jamais nous laisser le temps de reprendre notre souffle ou presque (on pourrait de temps en temps être proche de l'asphyxie...) mais on peut se dire que ce sont les sourires qui en tiendraient lieu.
Contrairement à ce qu'on aurait pu croire au tout début, il ne s'agit pas d'un polar (on s'en fiche un peu de savoir qui a fait le coup), il serait plutôt question d'une chronique affectueuse (et peut-être nostalgique de la part du réalisateur) mais particulièrement épicée. Savoureuse. Comment dire ? On a le conscience que le film n'est pas parfait (il est bordélique ça c'est sûr) mais, en même du temps du plaisir (coupable ?) qu'on y prend.
Ajoutez, pour faire bonne mesure,  une musique qui évoque celle d'un Nicola Piovani de la grande époque (mais qui est l'oeuvre du réalisateur), une Ornella Mutti que je n'ai reconnue qu'au générique de fin (les actrices aussi vieillissent...), et deux plans, me semble-t-il, du Voleur de Bicyclette, et la felicità est complète...

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