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lieux communs (et autres fadaises)
5 septembre 2019

segpa

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LA VIE SCOLAIRE
de Grand Corps Malade et Mehdi Idir

Deuxième film du tandem après le très réussi -et autobiographique- Patients (2017). le premier racontait l'hôpital, et celui-ci l'école. Une année scolaire entière, et le début d'une autre. (le hasard a fait que je l'ai vu pile le jour de la rentrée hihi). Dans un collège du 93 réputé "sensible", sur les pas d'une toute nouvelle CPE. Le film a deux affiches, comme il a deux façons d'escalader la montagne : la face des adultes, et celle des ados, qu'il traite quasiment à égalité, et c'est très bien. La ZEP (ou REP ou je ne sais encore quel nouveau sigle) j'ai un peu connu ça de l'intérieur, dans une autre vie (déjà évoquée) bien que je n'ai connu les bambins en question qu'au rez-de-chaussée de leur vie scolaire...
Le film est positif, les profs professent, les ados adotent, et les conseillers conseillent. Chacun à sa place, gentiment, j'allais dire, humainement serait plus juste. Les deux co-réalisateurs se sont rappelés de leur propre passé d'élèves dissipés (inadaptés) au sein d'un système scolaire toujours en train de se raccrocher aux branches (la dichotomie douloureuse entre l'éducation nationale telle qu'elle est pensée et réglée "d'en haut" par des gens qui n'ont la plupart du temps aucune idée de ce qu'est un "vrai" enfant ou un élève "réel" d'une part, et celle qui est vécue "sur le terrain" dans la vraie vie, par des vrais gens, avec les mains dans le cambouis et, souvent, les yeux pour pleurer, toute la misère du monde, comme dit Bourdieu, on la voit passer là...)
Le film est présenté comme une comédie, mais on n'est pas dans la pantalonnade ou le rire gras (la gaudriole) , plutôt dans un film doux, à hauteur d'homme (de femme), la chronique, (banlieusarde et scolaire) avec certes son quota de ce qui pourrait apparaître comme des clichés folklos sur la vie en banlieue (les capuches, les casques audio, la tchatche, la came, la parade virile, la testostérone, le sens de la répartie, l'insolence) mais qui n'est juste que le lot quotidien -et réaliste- de ceux qui vivent ça au quotidien, des deux côtés des grilles de l'établissement (enseignants/enseignés, fifty/fifty).
Le film est agréable, plus inégal, (moins étonnant) que ne l'était Patients, mais y brillent régulièrement des scènes magnifiques (et vraiment cinématographiques), j'adore celle du parallèle entre la soirée des adultes et celle des ados, ou celle de la "création" en salle de musique, ou encore celle du conseil de discipline -même si plus "traditionnelle" par sa forme-, qui viennent épicer le flot (le flow ?) du récit (parfois) un peu plan-plan mais toujours juste qui suit les deux trajectoires de Samia (la super CPE au coeur gros comme ça) et Yanis (l'élève rebelle  révolté au coeur gros comme ça aussi). Les deux côtés de la médaille (pour l'un comme pour l'autre).
Ca fait du bien qu'un film à propos d'éducation, nationale ou pas, se teinte, comme ça d'espoir, sans tomber dans le gnangnantisme racoleur et fédérateur. La vie (scolaire) comme elle va. Des fois des hauts des fois des bas. Oui, l'espoir, mine de rien.
Et le générique de fin est -vraiment- un bijou, qui justifie à lui seul de voir le film (si si), par son dispositif assumé d'humanité et d'égalité (et donc de fraternité). Et son très beau -et touchant-  single "Je viens de là".

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