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lieux communs (et autres fadaises)
18 septembre 2019

en cure à cabourg

144
THALASSO
de Guillaume Nicloux

les rillettes ça se mange avec un dentier
Sacré Guillaume Nicloux. Ah ah ah (genre de rire édenté nicotiné houellebecquien). J'ai longtemps suivi sa carrière de loin en loin (Le poulpe, 1998, Cette Femme-là 2003, Holiday 2010), allant en voir certains et n'allant pas en voir pas mal d'autres... Et voilà que ces derniers temps  je m'intéresse à lui de beaucoup plus près, suivant avec assiduité, le temps de trois films consécutifs, sa trajectoire... singulière (il n'est jamais tout à fait là où on l'attendait) : Valley of love, Les Confins du Monde, et ce Thalasso ci (je n'avais pas en son temps vu L'enlèvement de Michel Houellebecq -l'écrivain ne m'intéresse pas et le personnage public m'agace- et, rétrospectivement je l'ai -un peu- regretté à présent). Houellebecq est de retour dans cette cure-là (de même que Depardieu, présent dans les  films pré-cités).

dieu peut ce qu'il veut
Parlons franc : je ne brûlais pas d'envie d'aller voir ce film-là, j'avais juste une place à 4,90€ dans une main et l'envie de savoir si la passe de trois allait se concrétiser dans l'autre. Et... bingo! Pourtant ça n'était pas joué d'avance : le début (Mimi fait une cure, mais fait bien son Mimi aussi...) distille un certain ennui poli (et on se demande comment le film va pouvoir tenir les quatre-vingt-treize minutes annoncées -et on envisage même de pouvoir bientôt quitter la salle si ça ne continue que comme ça.- Et on se dit qu'en plus on va puer la clope...)

Vous êtes la honte de la France
Puis petit Mimi rencontre Gros Gégé (c'est bien là-dessus que la com' sur le film se construit), on bifurque sur un peu autre chose d'un peu plus drôle (les nourritures terrestres et les spirituelles) et il faut admettre qu'on est déjà un peu plus titillé / hameçonné, et voilà que fait irruption (on est un spectateur malin, on a deviné) un des bras-cassés qui avaient kidnappé Houellebecq, dans le film précédent (celui que je n'ai pas vu il y a cinq ans), ajoutant un ténu brin d'intrigue, auquel, intrigué, on s'accroche (pourquoi Ginette a-t-elle annoncé à Dédé qu'elle le quittait?), puis voilà que débarque carrément toute l'équipe des fameux kidnappeurs, improbabilisant encore un peu plus le récit, (tout ça pendant que tout le personnel s'agite pour savoir si c'est vraiment Sylvester Stallone qu'on a vu tout nu sur la plage de Cabourg), et qu'on a plus du tout envie de quitter son siège, jusqu'à l'arrivée du train en gare de la Ciotat  jour J annoncé depuis le début du film par les intertitres (on a commencé à J-4) et ses élucubrations barrées (bon ils n'ont pas sucé que de la glace, il n'y a qu'à voir ce qui reste sur la table basse), tout le monde serré dans une petite chambre, jusqu'à un étonnant final métaphysico-grand n'importe quoi (lui-même démenti par une fin après la fin au début du générique (et comme on est dans le bôô cinéma, les lumières de la salle se sont -évidemment- déjà rallumées et c'est crispant ) où on se surprend pourtant à jubiler.

"La référance à la vérité est plus importente que la vérité elle-même"
Le ton, les personnages, les situations, les dialogues, feraient pencher mon coeur de cinéphile du côté du Blier de Buffet froid. ce qui est plutôt bon signe. "Bancal, épicurien, clivant, espiègle, virtuose, jouissif, absurde, misanthrope" voilà un petit florilège des épithètes glanés ça et là au fil des critiques. Et auxquels j'adhère (tiens, il manque nihiliste). Et, pour rester dans le ton, la scène que je garderai sans doute du film, paradoxalement, ne concerne ni Depardieu ni Houellebecq. C'est celle où deux mastards, allongés côte à côte en slip noir sur leur lit double immaculé (ils n'ont pas réussi à obtenir de chambre avec deux lits séparés) dissertent sur le sens de cette phrase que l'un d'eux (l'impressionnant Luc Schwartz) a trouvée, dissimulée dans une douille, et qui figure en titre de ce paragraphe (orthographe respectée). Un genre de message de Ginette à l'attention (l'intention ?) de Dédé ? Conjectures. (Conjonctures ?, on s'y perd.)

Tous des Sussex!
Oui, improbable (-issime) mais... séduisant à sa façon (comme le sont à leur façon les corps hors-normes des deux protagonistes principaux). Fascinant serait plus juste. (Je pourrais même pousser le curseur jusqu'à enthousiasmant). Un film qui fera, oui, glousser certains. Et caqueter pas mal d'autres. (Je me revendique de la race des glousseurs).

3539819

Si vous avez l'occasion, allez voir la bande-annonce du film, je la trouve irrésistible!!

Pas de machine à gifles, mais sortons cette fois la machine à caresser la joue, et pour les Cahiaîs tiens, qui résument plutôt bien la chose : "(...) la rencontre entre Houellebecq et Depardieu tient lieu de numéro d’anarchie et de trivialité souvent jubilatoire, entre survivalisme éthylique et délicieuses envolées mystiques."
Tiens, et une fois n'est pas coutume,  décernons la même récompense pour Téléramuche : "Thalasso est un film de zombies. Mais Guillaume Nicloux en fait aussi une fascinante expérience de détox existentielle."

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