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lieux communs (et autres fadaises)
17 novembre 2019

tête de pigeon

175
HÉRÉDITÉ
d'Aris Aster

Pas vu au cinéma mais à la maison. Ca faisait quelques temps déjà que je l'avais récupéré (même si en VF) et que les diverses critiques (spécialisées, le film est classé en épouvante/horreur par allocinoche) enthousiastes m'avaient donné envie d'y jeter un oeil  (mais comme j'avais peur d'avoir peur, il fallait attendre le moment propice, et là, justement, ça pouvait le faire et donc je me suis lancé).
D'abord, savoir reconnaître quand on se plante : je trouvais que Jessica Chastain était vraiment une actrice intense et surprenante, et comment donc avait-elle fait pour se faire cette tête et qu'on ne la reconnaisse pas ? Normal, ai-je appris en lisant le générique de fin, puisque ça n'était pas elle, mais Toni Collette, une autre actrice  que j'aime bien (Muriel, Little Miss Sunshine, The Hours).
La bande-annonce fait comprendre que le film va faire flipper sa race, et, de ce côté-là il tient plutôt bien ses promesses. Ca commence par un enterrement, celui de la grand-mère, dont on apprend assez rapidement que c'était une drôle de bonne femme (mais vous vous doutez bien qu'on n'a pas fini d'en entendre parler, de la mère-grand..., et que la chevillette va être bientôt être tirée...), puis on va s'intéresser au reste de la famille : la maman (Toni Collette), qu'on pressent un peu tourmentée (et la suite nous prouvera qu'on avait raison), qui construit des maquettes un poil anxiogènes où elle reconstitue des scènes de vie (la sienne) avec des décors et des personnages miniatures, le papa (Gabriel Byrne) qui lui porte sur le front l'étiquette "normal", la jeune soeur Charlie (dont on sait tout de suite qu'elle est bizarre et même plus) et le frère aîné, Peter, aussi joli grand brun (ténébreux), que grand amateur de beuh...
Le film démarre doucement, tranquillement, prend son temps, pose le cadre, y installe les personnages, à la façon de Rosemary's baby, dont le réalisateur évoque l'influence (et ne fait pas que l'évoquer, d'ailleurs...) et est même suffisamment malin (le réalisateur) pour construire une intrigue pleine de zigzags et de demi-tours au frein à main, réussissant d'une scène à l'autre à nous déstabiliser, en utilisant fort intelligemment son décor de maison de poupées, et la musique qui va avec (très très bien, la musique), pour mettre en place un genre d'exercice de style sur la frousse au cinéma, avec montée progressive (par paliers) de l'angoisse (on passe de l'étrangeté à l'inquiétante étrangeté, puis à la très inquiétante étrangeté, puis à la terrifiante etc.) qui culmine, pour moi, dans une scène (flippante sa race comme l'avait promis la bande-annonce) où le fils se réveille en sursaut dans une maison où personne ne répond à ses appels... et avance tout seul dans un couloir de plus en plus sombre (avec, là encore un clin d'oeil manifeste, et pour moi flipantissime, au Rosemary's baby déjà cité).
Le réalisateur est un doué, un roublard, un malin, n'abusant ni des images-choc ni des jump-scares (le bouh fais moi peur! des films d'horreur pour ados, destiné à vous faire sursauter un grand coup sur votre siège - ça je déteste- hélas désormais si tristement banalisés, industralisés...) Même s'il est (souvent) question de têtes coupées (et donc, fatalement, de corps sans têtes), de sorciers, de démons, de conjuration, Aris Aster  utilise pour nous faire flanquer la trouille des choses aussi simples et prosaïques qu'un carnet de dessins ou un claquement de langue (si si! ça c'est vraiment une très bonne idée). Et, bien sûr, les maquettes de Maman... D'expérimentations occultes en livres de sorcellerie avec des passages soulignés au crayon de papier (clic clic Rosemary's baby, hein), de pendentif ésotérique en album-photo révélateur, de cauchemar en cauchemar dans le cauchemar (ça aussi j'aime bien) le film gravit la même pente escarpée que, tiens, Une nuit sur le Mont Chauve, pour culminer dans une scène finale de folie furieuse - la folie, c'est dans la tête que ça bat...- (que j'ai trouvée d'abord un peu too much, puis, finalement, parfaitement réussie et justifiée -et là je claque de la langue à votre égard, en vous regardant dans les yeux, prosternez-vous à mes pieds ô vous misérables lecteurs...-) Efficace donc (j'ai rallumé la lumière dans la pièce à côté, et je suis allé vérifier que la porte d'entrée était bien fermée à clé, avant, justement, cette fameuse scène finale) Il faudra que je voie le Midsommar suivant du même réalisateur...

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noir c'est noir, hein ?

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