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lieux communs (et autres fadaises)
13 décembre 2019

comment on a fait pour en arriver là?

204
TERMINAL SUD
de Rabah Ameur Zaïmèche

Aaaaah... (soupir de satisfaction) revoilà enfin un nouveau film de RAZ. On a programmé tous ses films, depuis Wesh Wesh qu'est-ce qui se passe ? (2001) et Rabah Ameur Zaimèche est non seulement un réalisateur dont j'aime tous les films (6 en 18 ans), mais aussi un homme que je respecte profondément. Respect, oui c'est le mot qui m'est venu. Respect par rapport à l'oeuvre, et aussi (surtout) respect par rapport à l'homme.
J'aime énormément son cinéma, parce que, à chaque fois, il réussit à me surprendre, à m'étonner, à me faire vibrer, et tout ça avec ce qu'on pourrait qualifier de "peu". RAZ fait des films "économes", avec peu de moyens (il le revendique), mais ce cinéma-là est, du coup, pour son auteur, (cliché) aussi celui de la liberté. Un cinéma que d'aucuns qualifieront de "radical" (et j'ai toujours été séduit par les partis-pris forts de mise en scène de RAZ, qui génèrent un univers cinématographique aussi terriblement simple que violemment poétique -et je lui suis redevable à chaque fois d'émotions fortes d'ordre esthétique, relatives, notamment, au montage, et à la durée des plans, déstabilisant le spectateur "moyen", en déséquilibrant les valeurs (comme si parfois il amputait la durée (tranchant dans le "muscle" du plan),  et d'autres la jusqu'au-boutisait -j'adore ces plans qui durent jusqu'à l'épuisement).
Il est ici question d'un médecin (Ramzy Bedia, vraiment très bien, sobre, simple, juste) qui fait son travail de médecin, dans une ville jamais nommé, dans un pays qui ne sera jamais nommée, à une époque qui ne sera non plus jamais nommée (ah fait le lecteur, un peu perplexe), un pays qui vit semble-t-il sous une dictature, dans un climat de violence omniprésente, et d'omniprésence militaire (ou assimilé, comme dit un témoin "n'importe qui peut mettre un treillis..."), attentats, check-points, fouilles à corps, arrestations, exécutions, rafles, tout y est, tout peut arriver n'importe quand n'import où, entretenant chez le spectateur une tension et une inquiétude croissantes.
On est toujours sur le qui-vive (alors que sur l'écran, les personnages seraient plutôt toujours sur le qui-meurt).
Un film pour lequel le réalisateur (qui, pour une fois, ne joue pas dedans -j'aimais pourtant beaucoup l'homme au bob orange-) est resté fidèle à son éthique, et auquel il a apporté la même tendresse et la même intensité qu'à chacun de ces films précédents (je suis très sensible au regard -cinématographique- de RAZ, à sa façon de raconter les choses, de rester près des personnages -des scènes que j'ai adorées -celles dite "des éboueurs" qui n'en finit plus de ne plus finir, celle après l'enterrement, avec ce moment incroyable où le personnage se met à chanter a capella Les pêcheurs de perles de Bizet ("Je crois entendre encore...." j'ai eu les larmes aux yeux direct) celle, cruciale, et presqu'insupportable, du tête-à-tête entre le médecin et le militaire...-, mais c'est l'ensemble de la "pâte" narrative du film qui m'enthousiasme...
Terminal Sud est plus qu'une histoire individuelle, c'est un constat, aussi lucide que pessimiste, sur l'état du monde, de la sempiternelle et désolante (et obstinée) connerie des hommes. L'approche de Rabah Ameur Zaïmèche a encore gagné en gravité, mais il faut bien, encore et encore, enfoncer le clou. Cette violence, de plus en plus omniprésente, qui contamine tous les rapports humains (il y a une scène de torture traitée heureusement hors-champ, qui m'a soudain évoqué le très beau Libera me d'Alain Cavalier, dans ce rapport oblique qu'il avait eu aussi, à l'époque, avec la représentation de la violence..)

5051454

Commentaires
C
Non non, c'est son frère!
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H
mais si il joue dans le film<br /> <br /> c'est lui le chauffeur de bus
Répondre
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