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lieux communs (et autres fadaises)
18 décembre 2019

carwash

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BRAQUER POITIERS
de Claude Schmidt

Hé bé... (je n'en suis pas encore tout à fait revenu). Je pensais pour cette année cinématographique du moins, avoir atteint les confins du c'est bien mais c'est spécial avec le (très touchant) Bel Eté, de Pierre Creton, mais j'avoue que, là, on est encore plus loin... Si (Normandie oblige) Le Bel été pouvait être qualifié d'à l'ouest, on est ici, cette fois, à l'ouest de l'ouest (même si, géographiquement, stricto sensu, ça n'est pas vrai...). On serait même à l'extrême bord du cinéma : un pas de plus et on tombe dans le vide. "Ailleurs".
On est donc à Poitiers, en compagnie de deux hurluberlus belges, chargés par un mec en costard (Marc Barbé, toujours aussi idoinement inquiétant), de récupérer l'argent d'un propriétaire de carwash(es), il y en a plusieurs), en le séquestrant chez lui "à l'amiable" dans sa belle propriété (le monsieur en question s'appelle Wilfrid, et c'est un gentleman, poète, jardinier, châtelain... et très seul.)
Nos deux pieds nickelés tatoués et amateurs de bière font donc la connaissance de leur hôte raffiné, et ce sont deux univers qui se frottent (qui s'entrechoquent, qui se télescopent)... D'autant plus que les deux belges font rapidement rappliquer deux copines "cagoles" décidées à les aider à prendre les choses en main un peu plus sérieusement (en ce qui concerne le comptage de l'argent, notamment, et de la notion de "séquestration", aussi...). Les choses s'organisent, et évoluent encore avec l'arrivée de deux jeunots, revendeurs de shit, engagés par les deux belges à une fête locale pour surveiller Wilfrid, afin qu'ils puissent, eux, prendre du bon temps avec leurs copines...
Ceci est un canevas. Et c'est visiblement ce dont disposaient les acteurs pour donner vie à leurs personnages, dans ce qu'on devine être des improvisations devant ladite caméra posée, en plan fixe. Des fois ça fonctionne, et d'autre y a pas forcément grand-chose à dire. Il nait pourtant à la vision de ce film lo-fi, de cette narration bancale, une sensation étrange, l'émanation d'un charme qu'on peut qualifier de "rugueux" (et c'est rien de le dire).
Wilfrid s'épanche, il parle beaucoup, se dévoile, agace les uns, arguigne les autres, et finalement c'est un peu comme si c'était lui qui séquestrait, à sa façon, tout ce beau petit monde. En en faisant son auditoire captif. (Et, pour la petite histoire, dans la vraie vie, c'est Wilfrid qui a sollicité le réalisateur, mis à disposition sa demeure et sa propriété, et co-financé le film, et la réalité n'aurait donc pas grand chose à envier à la fiction...)
Braquer Poitiers est à l'origine un moyen-métrage de 58 minutes, auquel le réalisateur, (pour lui donner une durée "viable" en exploitation) a adjoint un genre de coda, (toujours à l'initiative  de Wilfrid), un petit film nommé Wilfrid. Où le Wilfrid de Braquer Poitiers invite les protagonistes du premier film chez lui, pour une grosse teuf à l'occasion de l'inauguration d'un four à pain  (pour une soirée dont il serait un peu le maître de cérémonie) . Reviennent donc les acteurs qui ont interprété les personnages, qui interviennent donc en tant que personnages. et ça fait un drôle d'effet...
C'est... émouvant (tristounet) et on se dit que, même si les films n'ont a priori rien en commun, c'est, finalement, un film qui parle très bien de la solitude, aussi fort que pouvait le faire Seules les bêtes. Mais pas du tout avec les mêmes moyens (ni les mêmes outils). Ni, évidemment, les mêmes intentions.
J'en suis resté pourtantn allezs savoir pourquoi, un peu sur mon quant-à-moi.
Un film qui m'a intrigué, titillé, mais qui ne m'a pas fasciné, voilà.

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17 décembre 2019

calendrier d'avent 2019.17

17 décembre

17 décembre 2019

zorro et amandine

205
SEULES LES BÊTES
de Dominik Moll

D'après le roman de Colin Niel (que Catherine et Dominique connaissaient et avaient lu, l'une s'en rappelant et l'autre pas). Un film que je suis allé voir d'abord pour sa distribution (Denis Ménochet, Damien Bonnard, Laure Calamy, Valeria Bruni-Tedeschi, Bastien Bouillon) et son réalisateur (j'ai découvert Dominik Moll il y a très longtemps, avec le -pour moi- mythique (parce que'invisible) Intimité (1993!) , et son affiche avec une casserole de lait sur le feu).
Je ne savais absolument rien du film, sauf, à travers une interview du réal lue en diagonale, le fait que l'action se partageait entre Abidjan et le Causse (Méjean ?), et que le film était construit en plusieurs parties donnant chacune la "parole" à un personnage, et traitée donc, selon sa vision subjective (ce qui, finalement était quand même plutôt pas mal d'informations).
On commence, effectivement, avec un jeune homme en mob qui porte une chèvre sur son dos, en Afrique. Qu'on ne reverra pas avant un long moment (comme si le réalisateur, exprès, faisait en sorte qu'on l'oublie). Chacune des cinq parties du film porte un prénom, et ce sera en effet à chaque fois le personnage central du chapitre en question, suivant une construction aussi complexe que bluffante. Si les parties 1 et 2 se complètent très bien (la même histoire vue de deux points de vue), il n'en va pas de même pour la 3 (avant) et la 4 (ailleurs) et le spectateur qui n'a pas lu le bouquin (moi) ou qui ne s'en souvient pas (D) se demande bien comment les histoires vont bien pouvoir finir par se "raponcer" (comme on dit par ici...) Et non seulement ça raponce (et tout s'explique) mais on a, en plus, une, puis deux assez belles surprises dans la coda (que je n'avais pas vraiment vues venir).
C'est un polar, il y a un cadavre, il y a un assassin, mais c'est aussi beaucoup plus que ça. D'abord par la façon dont le réalisateur traite le sujet, et nous délivre certaines informations parcellaires (que les personnages (et, donc, les spectateurs) interprètent (à tort) et par la façon dont le hasard -et c'est dit dans le film- est plus grand que les hommes.
Et aussi, surtout, parce qu'il s'agit d'un film d'amour. D'un film sur l'amour. Des différentes manières d'aimer. Et, bien sûr, des différentes façons aussi d'être seul, et de gérer ladite solitude, car chacun(e), dans le film, est seul(e), à sa façon. Et on ne peut que féliciter chacun(e) des acteurs pour l'intensité avec laquelle ils ont incarné leur personnage.
Impressionnant.

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et j'aime bien la façon dont l'affiche nous entraîne -à tort- sur les pistes de Fargo...

 

16 décembre 2019

calendrier d'avent 2019.16

16 décembre

16 décembre 2019

micro188

*
(aujourd'hui)

j'habite ici
(désormais)
et les séjours d'avant n'ont
plus d'importance

*
"Il y a trois versions pour chaque histoire : la mienne, la vôtre et la vérité. Et personne ne ment."
(Robert Evans)

*
"Les week-ends sont
made in China : ils ne durent pas longtemps."
(from  dont-give-a-fuck-club)

*
Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume
(pangramme)

*
bail en cours
(contrepèterie)

*
(concision)
"avant le mariage, c'est simple : soit tu encules, soit tu te fais enculer"
(Toutes les vies de Gojin)

*
les gens de mauvaise humeur me laissent désemparés
(puis me mettent de mauvaise humeur)

*
"pas besoin d'avoir des ailes
quand on a des couilles"
(un autocollant sur une voiture)

*
(euphémisme)
"nos faltan unas cositas..."
(une dame cubaine, à Philou)

*
(sous-texte gay)
"je suis ferme, mais pas fermé"
(le premier ministre)

*
(évidence)
ça ne sert à rien de s'auto-apitoyer
(au contraire)

*

15 décembre 2019

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15 décembre

14 décembre 2019

calendrier d'avent 2019.14

14 décembre

13 décembre 2019

calendrier d'avent 2019.13

13 décembre

13 décembre 2019

comment on a fait pour en arriver là?

204
TERMINAL SUD
de Rabah Ameur Zaïmèche

Aaaaah... (soupir de satisfaction) revoilà enfin un nouveau film de RAZ. On a programmé tous ses films, depuis Wesh Wesh qu'est-ce qui se passe ? (2001) et Rabah Ameur Zaimèche est non seulement un réalisateur dont j'aime tous les films (6 en 18 ans), mais aussi un homme que je respecte profondément. Respect, oui c'est le mot qui m'est venu. Respect par rapport à l'oeuvre, et aussi (surtout) respect par rapport à l'homme.
J'aime énormément son cinéma, parce que, à chaque fois, il réussit à me surprendre, à m'étonner, à me faire vibrer, et tout ça avec ce qu'on pourrait qualifier de "peu". RAZ fait des films "économes", avec peu de moyens (il le revendique), mais ce cinéma-là est, du coup, pour son auteur, (cliché) aussi celui de la liberté. Un cinéma que d'aucuns qualifieront de "radical" (et j'ai toujours été séduit par les partis-pris forts de mise en scène de RAZ, qui génèrent un univers cinématographique aussi terriblement simple que violemment poétique -et je lui suis redevable à chaque fois d'émotions fortes d'ordre esthétique, relatives, notamment, au montage, et à la durée des plans, déstabilisant le spectateur "moyen", en déséquilibrant les valeurs (comme si parfois il amputait la durée (tranchant dans le "muscle" du plan),  et d'autres la jusqu'au-boutisait -j'adore ces plans qui durent jusqu'à l'épuisement).
Il est ici question d'un médecin (Ramzy Bedia, vraiment très bien, sobre, simple, juste) qui fait son travail de médecin, dans une ville jamais nommé, dans un pays qui ne sera jamais nommée, à une époque qui ne sera non plus jamais nommée (ah fait le lecteur, un peu perplexe), un pays qui vit semble-t-il sous une dictature, dans un climat de violence omniprésente, et d'omniprésence militaire (ou assimilé, comme dit un témoin "n'importe qui peut mettre un treillis..."), attentats, check-points, fouilles à corps, arrestations, exécutions, rafles, tout y est, tout peut arriver n'importe quand n'import où, entretenant chez le spectateur une tension et une inquiétude croissantes.
On est toujours sur le qui-vive (alors que sur l'écran, les personnages seraient plutôt toujours sur le qui-meurt).
Un film pour lequel le réalisateur (qui, pour une fois, ne joue pas dedans -j'aimais pourtant beaucoup l'homme au bob orange-) est resté fidèle à son éthique, et auquel il a apporté la même tendresse et la même intensité qu'à chacun de ces films précédents (je suis très sensible au regard -cinématographique- de RAZ, à sa façon de raconter les choses, de rester près des personnages -des scènes que j'ai adorées -celles dite "des éboueurs" qui n'en finit plus de ne plus finir, celle après l'enterrement, avec ce moment incroyable où le personnage se met à chanter a capella Les pêcheurs de perles de Bizet ("Je crois entendre encore...." j'ai eu les larmes aux yeux direct) celle, cruciale, et presqu'insupportable, du tête-à-tête entre le médecin et le militaire...-, mais c'est l'ensemble de la "pâte" narrative du film qui m'enthousiasme...
Terminal Sud est plus qu'une histoire individuelle, c'est un constat, aussi lucide que pessimiste, sur l'état du monde, de la sempiternelle et désolante (et obstinée) connerie des hommes. L'approche de Rabah Ameur Zaïmèche a encore gagné en gravité, mais il faut bien, encore et encore, enfoncer le clou. Cette violence, de plus en plus omniprésente, qui contamine tous les rapports humains (il y a une scène de torture traitée heureusement hors-champ, qui m'a soudain évoqué le très beau Libera me d'Alain Cavalier, dans ce rapport oblique qu'il avait eu aussi, à l'époque, avec la représentation de la violence..)

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13 décembre 2019

mère des arts

203
SÉRÉNADE A TROIS
de Ernst Lubitsch

Les hasards de la programmation ont fait que ce film était programmé à 16h, j'avais donc juste le temps de m'y rendre, juste après la séance de LE BEL ÉTÉ... Ce qu'on pourrait appeler un chaud-et-froid cinématographique, tant le contraste entre les deux films était saisissant...
Je ne l'avais pas revu depuis extrêmement logntemps (sans doute une quarantaine d'années! C'est ma copine Freddy qui m'y avait emmené, alors que j'étais venu la voir à Paris, et je me souvenais juste que j'avais adoré ça, mais sans me souvenir de grand-chose de plus...) et j'avais très envie de. J'avais même noté l'horaire de la séance sur mon agenda, et, donc, j'étais dans mes petits souliers de cinéphile impatient...
En plus on a eu droit à la présentation d'un film par un sympathique monsieur, dont j'ai eu peur qu'il n'en raconte trop (et tout par le menu) mais qui intelligemment a su s'arrêter à temps et fort à propos. Du film je ne me souvenais que de la scène du début, qui se passe dans un compartiment de chemin de fer (français!) et constitue la "mise en route" du trio magnifique du film. Une demoiselle (Miriam Hopkins) et deux messieurs (Gray Cooper et Frederic March). Un trio au début qui se finira en ménage à trois (à prononcer avec l'accent américain et un air gourmand -et entendu-). Un auetrur de pièces de théâtre (qui ne se jouent pas) et un peintre (auteur de tableaux qui ne se vendent pas) sont co-locataires d'un galetas, dans un Paris d'opérette. La demoiselle est dessinatrice publicitaire, pleine de pétulance, d'énergie, et d'effronterie, suffisamment culottée pour prendre en main le sort de ses camarades et les sortir de la mouise chacun à son tour. Gilda aime Georges et Tom, d'abord alternativement, puis tous les deux ensemble (ils se sont rencontrés dans un train, et c'est en voiture qu'ils repartiront tous les trois vers un avenir amoureusement radieux...
Le film est on ne peut plus lubitschien (champagne!), d'autant plus qu'il a été réalisé, et a pu sortir, juste avant la mise en place du trè puritain (et faux-cul) code Hays, qui allait museler pendant des lustres la soi-disant "immoralité" des films, et règlementer (régimenter) ce qu'on pouvait montrer et ce qu'on ne pouvait pas. le ton est donc libre, et Lubitsch se permet tout ou presque, notamment dans les dialogues et les situations.
J'y ai pris extrêmement de plaisir -et retrouvé du coup provisoirement un peu de ma jeunesse enfuie...-

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Une excellente -et copieuse- critique du film, avec plein de photos, est disponible ici.

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